La première année de gouvernance du duo Diomaye-Sonko est très loin d’emporter l’adhésion de la Ligue démocratique (Ld). Ce parti d’opposition et ancien allié de l’Apr passe au crible le bilan de la première année du parti Pastef au pouvoir. Un diagnostic qui s’articule autour de constats amers et de fermes condamnations.Par Dieynaba KANE –

 Un an après l’arrivée du parti Pastef au pouvoir, la Ld a dressé un tableau sombre de la gouvernance des autorités. Dans une déclaration, la Ld constate que «douze mois plus tard, l’illusion s’est cruellement dissipée. Ce qui devait être un souffle nouveau s’est mué en brume de reniements». D’après les membres de ce parti, «les principes ont été galvaudés, les institutions fragilisées, les libertés méthodiquement étouffées». Poursuivant leurs propos, ils dénoncent : «Ce qui se déroule sous nos yeux n’est pas une consolidation de la démocratie sénégalaise, mais une déconstruction en règle des fondements de notre République.» Critiquant la gestion du pays dans plusieurs domaines, la Ld fait savoir que la «diplomatie est en berne». «Le Sénégal, jadis respecté sur la scène internationale pour sa voix pondérée et son rôle de médiateur dans les crises sous-régionales, se retrouve aujourd’hui isolé, inaudible et affaibli. Notre pays dont la diplomatie fut longtemps l’un des piliers du rayonnement républicain, traverse une zone d’ombre préoccupante», fustigent les auteurs du document. Et de dénoncer encore : «Cette perte de stature s’aggrave avec des nominations dictées par des logiques clientélistes, au détriment de l’exigence de compétence et d’expérience. Les prises de parole désordonnées et les positions mal calibrées fragilisent davantage la voix du Sénégal sur la scène internationale, ternissant une tradition diplomatique construite sur la rigueur, la mesure et la crédibilité.»

Sur la question de la Justice, la Ld note qu’elle est «sous tutelle». Selon les membres de ce parti, «le régime s’est illustré par une volonté manifeste de soumettre la Justice aux injonctions politiques et d’instrumentaliser les institutions judiciaires à des fins partisanes». Ils en veulent pour preuve «les appels des plus hautes autorités à exercer une pression populaire sur les magistrats, les ingérences publiques dans des procédures en cours, les arrestations arbitraires de responsables politiques, chroniqueurs et acteurs de la Société civile, ainsi que les affectations punitives de magistrats dans des localités reculées, dignes d’une vengeance déguisée». Pour eux, ces faits «illustrent une dérive autoritaire insupportable et une atteinte flagrante à l’indépendance de la Justice». Les auteurs de cette déclaration trouvent aussi «troublant», «le silence assourdissant de certains intellectuels et acteurs politiques, naguère chantres de la liberté et de l’Etat de Droit». Aujourd’hui, critiquent-ils, «ils demeurent étrangement muets, ligotés par leur proximité nouvelle avec le pouvoir». La Ld déplore également la «vague de licenciements en si peu de temps». «Plus de 30 000 travailleurs ont été plongés dans le chômage, souvent dans des conditions opaques et injustifiées. Ces licenciements, fréquemment ciblés, touchent principalement ceux soupçonnés d’affiliation politique à l’ancien régime. Ce climat de purge idéologique au sein de l’Admi­nistration publique et des structures parapubliques installe une culture de la peur et du clientélisme incompatible avec les principes républicains», fustige ce parti de Gauche.

Face à cette situation, les membres dudit parti «en appellent à un sursaut républicain, à la vigilance citoyenne et à la mobilisation résolue de toutes les Forces vives de la Nation». «Il y va de la sauvegarde de nos acquis démocratiques, du respect de l’Etat de Droit et de l’avenir même de notre République. La Ld exhorte également l’opinion nationale à prendre ses responsabilités face à cette situation grave, en refusant l’indifférence et en s’engageant activement pour la défense de la démocratie et des libertés fondamentales», ont-ils indiqué.
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