L’Administration fiscale semble éprouver toujours plus de difficultés à recouvrer des recettes. Après une mauvaise performance de 100 milliards l’année dernière, l’ancienne direction de Amadou Ba en est déjà à 150 milliards de recettes non recouvrées cette année. Des voix s’élèvent en interne pour accuser la gestion du directeur Cheikh Ba. Un de ses collaborateurs dément.
Au moment où le plan de riposte à l’insécurité alimentaire peine à trouver un milliard de francs, les caisses du Trésor, eux, ne parviennent plus à combler le fort déficit en recettes fiscales qui continue de se creuser.
Le Quotidien a appris auprès de l’Administration fiscale que c’est environ 150 milliards de Cfa de rentrées fiscales qui font défaut à ce jour. Cela expliquerait-il les difficultés de décaissement dont se plaignent beaucoup de fournisseurs de l’Etat ?
Il est vrai qu’au moment où le gouvernement s’est engagé tous azimuts dans une coûteuse politique de grands travaux, notamment avec la réalisation du Ter dont les délais de livraison sont très courts, le pays n’a pas les moyens de se dissiper dans des dépenses. Tout au contraire, il a même intérêt à trouver d’autres niches fiscales, faute d’élargir l’assiette fiscale. C’est ce qui a été fait avec le vote de la dernière Loi des finances rectificative qui permettrait de répartir environ 65 milliards de Cfa à d’autres besoins.
Cheikh Ba contesté
Toutefois, le déficit fiscal dont il est question ici tiendrait plus du management de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid). Il semblerait que c’est l’autorité de M. Cheikh Ba qui ne parvient plus à motiver son personnel. Et le patron aurait de grandes difficultés à se faire obéir et à faire passer ses consignes.
La situation est déjà dramatique et tout le monde dans le secteur se demande ce que fera le ministre de l’Economie, des finances et du plan Amadou Ba. Ancien de la maison, tout le monde estime qu’il n’ignore rien du problème et se demande d’ailleurs pourquoi il n’a toujours pas agi. Ce, d’autant plus que ces 150 milliards de déficit fiscal s’ajoutent à 100 millions relevés l’année dernière. L’Administration fiscale qui, pendant de nombreuses années, a été la mamelle féconde de l’économie sénégalaise donne d’inquiétants signes de tarissement. Pour le moment, la Dgid elle-même fait le mort.
Faute d’avoir pu joindre le directeur Cheikh Ba, Le Quotidien a pris langue avec l’un de ses proches collaborateurs. Déclinant toute autorité à parler publiquement de cette question, ce fonctionnaire, en bon disciple de Goebbels, a déclaré en substance : «La Dgid reste performante, même si elle n’atteint pas tous ses objectifs. Mais c’est humain aussi de n’avoir pas toujours les meilleures performances.» Et il dément que cela ait quoi que ce soit à voir avec l’autorité du directeur Cheikh Ba.