Par Bocar SAKHO –
Ceux qui ne pensent pas comme nous sont nos ennemis. Depuis 5 ans au moins, des idées mortifères et haineuses sont inoculées à des milliers de jeunes. Elles se sont sédimentées dans le cœur de notre société, qui perd un pan important de son équilibre : l’humanisme. A cause des divergences, on a construit des murs, abattu les ponts qui nous reliaient. Des amitiés sont brisées. Dans les bureaux, les maisons, les groupes WhatsApp, la haine et l’intolérance sont assumées. Même nos mamans au marché sont divisées, comme le disait le reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly dans son titre Mon pays va mal.
La tentative d’assassinat de notre consœur, Maïmouna Ndour Faye, est l’expression aboutie d’un projet funeste contre la presse. Sur les réseaux sociaux, la fondatrice de la 7Tv est jetée dans la fosse aux dragons avec d’abominables vidéo-montages. Oui, le monstre a plusieurs visages. Mais, les journalistes sont complices de cette entreprise de démantèlement des médias. Ils ont accepté de jouer le jeu de la classification voulu par certains : il y a les vertueux et il y a les vendus. Il y a la presse couchée et la presse debout. Les journalistes patriotes et les autres. Cette vision binaire a fragilisé la corporation. Mais, certains ont pensé aux dividendes personnels que cela leur apportait. Une gloriole que la densité de leurs reportages, enquêtes et portraits ne pouvait octroyer. Elle a accouché de monstres portés au firmament juste pour leurs opinions et tweets.
Ensuite, il y a les autres couverts d’anathèmes. Pourquoi ? Ils n’ont pas la même grille de lecture et d’analyse que les nouveaux gestionnaires des «agences de notation des médias». Ils resteront toujours debout en respectant simplement les règles éthiques et déontologiques qui gouvernent leur métier. Ce n’est pas un acte courageux ou révolutionnaire, mais il montre les transformations sociales en cours dans ce pays.
Pour la presse, le moment d’introspection est toujours latent. Elle a été maintes fois secouée et brimée, mais elle n’a jamais su capitaliser les leçons. Elle s’est laissé entraîner dans des divisions éditorialistes par d’autres forces, qui ne font que profiter de ses fragilités. Elles étaient déjà économiques, il faut y rajouter cette détestation des journalistes par certains de nos concitoyens. Car la lâche agression de MNF est la dernière tentative de mettre le dernier clou sur le cercueil des médias. Peine perdue ! La vague de la haine viendra, comme sur l’océan, mourir sur le rivage de la vérité !