Les conséquences du coronavirus sont énormes et se font ressentir dans les prestations de services de la santé. De plus en plus, il est noté une sous-fréquentation des structures de santé avec comme conséquence la baisse du chiffre dans le programme de vaccination. Dans cet entretien, le directeur de la Prévention explique cette situation. Dr Mamadou Ndiaye appelle les parents à faire vacciner leurs enfants parce que le programme cible des maladies plus mortelles que le Covid-19.

Il a été constaté que la pandémie du coronavirus qui sévit au Sénégal a un impact sur le programme de vaccination. Quelle est la situation au niveau national ?
Le programme de vaccination avec la pandémie a subi des contrecoups à l’image des autres prestations de services. Cela nous semble être lié à la sous-fréquentation des structures de santé durant cette période.

Est-ce qu’on peut connaître les chiffres pour avoir une idée de cette baisse du nombre d’enfants vaccinés en se basant sur ceux de la même période l’année dernière ?
Par rapport à la même période l’année dernière par exemple, si on prend le vaccin hépatite B, à la naissance en 2019 on était à 77%, cette année nous sommes à 78%. Il n’y a pas de variation pour ce vaccin parce que ça n’a pas augmenté. Mais si on prend le pentavalent, nous étions à près de 111% l’année dernière, là nous tombons à 104%. Si on prend la première dose de rougeole, là où nous étions à 92%, nous avons perdu 10 points et nous sommes à 82%. Pour ce qui est de la vaccination chez les adolescentes, notamment le vaccin contre le cancer du col de l’utérus, là où nous avions 88%, nous sommes tombés à 65%. Concernant les 4 antigènes traceurs, sur les 3 nous avons perdu des points. Là où nous avons le plus perdu de points, c’est par rapport au vaccin contre le cancer du col de l’utérus qui cible les adolescentes âgées de 9 ans. L’explication c’est que les écoles sont fermées et nous avons une très bonne partie de notre cible à l’école parce qu’on profitait des écoles pour vacciner les enfants.

Vous parlez de la sous-fréquentation des structures de santé, mais il y a aussi la rumeur selon laquelle les Occidentaux profiteraient de cette situation pour tester des vaccins sur les Africains. Est-ce que ces fake news ont eu un impact sur la vaccination ?
Nous plaçons cette sous-fréquentation dans un contexte global. Si vous allez au service de maternité, vous trouverez la même chose, idem au service de chirurgie. Il y a une diminution de la fréquentation de l’ensemble des prestations de services. Vous remarquez actuellement même les femmes qui accouchent, cela pose problème dans les structures. Je veux qu’on nous classe dans ce contexte d’abord. Maintenant, nous avons un certain nombre d’éléments qui ont contribué à cette baisse. Un il y a la restriction des moyens de transport. Une personne qui prenait le bus pour aller se faire vacciner ne se déplace plus. Il y a aussi que les populations ont peur des structures de santé parce que se disant que les malades du coronavirus fréquentent ces structures. Il y a des restrictions pour les regroupements, parce que qui dit faire la vaccination dit amener beaucoup de personnes autour d’un point donné. On est obligé de limiter les personnes qui viennent. Si on décide de prendre par 20 ou 15 personnes, cela peut décourager les gens. Il y a également tous les acteurs communautaires qui appuyaient la sensibilisation pour la vaccination qui sont actuellement au service du Covid-19. S’agissant de la rumeur contre la vaccination, on ne sait pas comment les populations l’ont ressentie. Peut-être que certaines y ont cru moins que d’autres parce que si tout le monde y avait cru, c’est sûr on n’aurait pas des baisses de 10 points. Il faut donc prendre en compte dans ce contexte les rumeurs, les déplacements et la crainte.

Au niveau du ministère de la Santé, quelles sont les mesures prises pour éviter cette baisse dans le programme de vaccination ?
Les mesures qui sont prises, c’est de continuer de faire la sensibilisation. L’ensemble des structures de santé essayent d’élaborer un plan qui permet de s’inscrire dans ce contexte et de faire une communication axée sur le contexte. On dit que le Covid-19 est là et on ne sait pas quand est-ce qu’il va partir et qu’il y a des maladies plus meurtrières ciblées par la vaccination. Ce sont les messages que les agents de santé doivent véhiculer avec les acteurs communautaires. Il s’agit de continuer la sensibilisation et de faire des plans d’actions. Il faut se déplacer auprès des communautés puisque actuellement elles ne sont pas mobiles. Il faut voir si on peut déplacer certaines prestations de services dans les quartiers ou dans les villages. On va favoriser les activités mobiles. Ce sont les instructions qui ont été données aux prestataires de services. Donc, il faut continuer la sensibilisation, rappeler aux parents le message selon lequel les services de vaccination continuent et qu’ils doivent amener leurs enfants.