Un Comité de veille et de contrôle citoyen (Cvcc) a été mis en place hier, à Darou Khoudoss, par le Forum civil, en partenariat avec l’Ong Enda diapol. L’objectif est de mettre en place un dispositif communautaire chargé d’assurer le contrôle au niveau de la collectivité locale pour une application effective des instruments juridiques liés aux industries extractives.

La commune de Darou Khou­doss, département de Tivaouane, vient de mettre en place un Comité de veille et de contrôle citoyen (Cvcc) pour une application effective des instruments juridiques pertinents liés aux industries extractives. Il s’agit, en effet, de la convention d’exploitation, du consentement libre et préalable, des fonds de péréquation, de réhabilitation des sites miniers, d’appui au développement local… A l’initiative du Forum civil, en partenariat avec l’Ong Enda diapol, le projet intitulé «Baromètre de l’engagement citoyen et de la redevabilité locale» (Bec-rl), financé par Oxfam, est, selon Alioune Babou, coordonnateur du Forum civil/section Thiès, mis sur pied pour mesurer l’action des élus locaux et des organisations de la société civile par rapport aux industries extractives. «Le projet favorise une appropriation communautaire de l’information pertinente liée aux industries extractives et un engagement accru des jeunes et des femmes, élus locaux et membres des organisations dans les processus de gouvernance communautaire.» Il ajoute que «le Cvcc, comme son nom l’indique, contrôle toutes les démarches allant dans le sens de faire en sorte que les populations puissent bénéficier des retombées des industries extractives, mais aussi contrôler l’argent qui sera généré par ces industries vers les collectivités locales». Pour cela, «le comité se compose de trois enquêteurs qui seront chargés d’interroger les élus et les organisations pour voir quelles sont les actions qui sont menées au quotidien, liées à l’exploitation minière au niveau local. Ensuite, ils feront un rapport sur les préoccupations des communautés qui sera partagé d’abord au niveau local et ensuite national, parce que ce projet est déroulé dans trois autres régions, à savoir Saint-Louis, Kédougou et Matam. Enfin des axes d’intervention seront dégagés pour atteindre ses objectifs».
La pertinence d’une telle ap­proche repose, selon M. Babou, sur le constat que «les élus locaux et les organisations n’ont pas un cadre qui leur permet de pouvoir mettre en synergie leurs efforts pour pouvoir pousser les industries extractives à respecter leurs droits. Donc, ce projet a pour objectif de les aider à mieux s’organiser dans le cadre d’un comité pour pouvoir fédérer leurs forces, afin que tous leurs droits soient respectés». Il renseigne que «malgré les efforts de transparence et une batterie de mesures prises par l’Etat pour améliorer la gestion des ressources minérales, ces localités riches de par leurs ressources naturelles, notamment celles tirées de leur sous-sol, bénéficient très peu des retombées positives des opérations minières, tout en subissant les externalités négatives liées à l’activité».
Le président de la Commission environnement de la commune de Darou Khoudoss, Arona Thioune, a salué l’initiative du Forum civil et de ses partenaires, car «d’habitude, on était formé et dispersé dans la collectivité locale. Aujourd’hui, nous serons encadrés et suivis après une formation». Et pour l’élu, «ce comité permettra à la collectivité locale de recueillir les avis de la population, via les enquêtes qui seront faites». Selon lui, ce projet est «extrêmement bénéfique pour la collectivité». Toutefois, «nous n’avons encore rien reçu des fonds destinés aux collectivités locales, mais nous espérons recevoir quelque chose sous peu». Pour sa part, le président du réseau national des Person­nes affectées par les opéra­tions minières (Papom), Demba Fall Diouf, indique que ce comité de veille, «non seulement va s’enquérir de la situation de la gouvernance minière, mais aussi de la gouvernance locale pour que cette dernière se fasse dans la transparence et la redevabilité».
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