La condamnation de Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr, a plongé le pays dans la violence. Dans une déclaration, le président du parti Rewmi s’est adressé au chef de l’Etat, à Ousmane Sonko et aux jeunes pour que l’ordre soit restauré.Par Dieynaba KANE –

Face à la violence qui secoue le pays depuis la condamnation de Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme dans l’affaire Sweet Beauté jeudi par la Chambre criminelle, Idrissa Seck a lancé un appel au calme et à la paix. Dans un document, il dit : «Aujourd’hui, nous avons une urgence : restaurer l’ordre et prêter à la Justice la puissance publique nécessaire à son exercice plein et entier, sans menaces ni pressions d’aucune sorte.» Le président du parti Rewmi demande «d’apporter tout notre soutien à nos vaillantes Forces de défense et de sécurité, en charge de rétablir l’ordre et la sérénité dans nos rues, sans brutalité». Exercice que M. Seck juge «très difficile face au consortium de menaces à affronter».
Analysant la situation, l’ancien président du Cese fait savoir que «l’affaire Ousmane Sonko n’est que le prétexte, pour beaucoup d’autres ac­teurs, d’attaquer notre pays». Et d’énumérer : «Les bandits qui profitent du chaos apparent pour piller. Les djihadistes qui guettent la moindre occasion pour faire avancer leurs cellules dormantes. Les séparatistes violents, de plus en plus à l’étroit face aux avancées significatives de la paix dans notre région sud avec des dépôts d’armes rassurants. Des puissances étrangères dont le Sénégal est perçu comme une plateforme devant servir leurs intérêts géostratégiques. Les intérêts économiques et financiers aux aguets pour s’accaparer nos ressources pétrolières, gazières et minières.» Attirant ainsi l’attention sur cette «urgence law and order» (loi et ordre), Idrissa Seck soutient que c’est celle-ci «qui doit retenir l’entièreté de l’attention du président de la République dont la mission première est, avec le soutien de Dieu et de tous les patriotes républicains, de protéger le Sénégal, sa Répu­blique, sa Constitution et ses lois, ses institutions, ses citoyens et leurs biens». Dans sa missive, l’ancien Premier ministre sous le régime du Président Wade s’est adressé à Ousmane Sonko. A ce dernier, il lui donne ce conseil : «A mon jeune frère et/ou neveu Ousmane, ne vous laissez surtout pas enivrer par la vague de soutien de tous ces acteurs précités, qui se servent de votre leadership pour faire avancer leur propre agenda. Rappelez-vous nos échanges du 27 mars : ne pas confondre le temps judiciaire et le temps politique. Le pouvoir politique ne peut ni ne doit influencer le cours de la Justice.»

«Le chef de l’Etat
a le pouvoir, après
le temps judiciaire, d’atténuer voire abroger ce que
la Justice aura
décidé…»
Dans son document, Idrissa Seck a aussi proposé des pistes de solutions pour sortir de cette crise. «En revanche, le chef de l’Etat, avec le soutien de sa majorité parlementaire, a le pouvoir, après le temps judiciaire, d’atténuer voire abroger ce que la Justice aura décidé. C’est la fonction dévolue à la grâce présidentielle et au mécanisme de l’amnistie qui permet un nouveau départ», a-t-il dit.
Aux jeunes, le leader politique dit comprendre leur «colère et impatience de voir se matérialiser, ici et maintenant, les nobles idéaux qui habitent» leurs cœurs : «Plus de justice sociale, plus d’emplois et de revenus, plus d’alimentation, d’éducation et de santé, plus de gestion sobre et vertueuse, plus de Patrie et moins de partis.» Mais, lance-t-il : «Retenez ceci : votre Sénégal est le fruit des efforts des générations passées, qui ont fait ce qu’elles ont pu pour vous offrir une Nation plurielle mais indivisible, respectée dans le monde, pacifique et stable. A charge pour vous de le détruire ou, comme je vous y invite, de l’embellir, l’améliorer, le construire et de le faire davantage progresser.» Dans la même veine, Idrissa Seck prêche pour que «dans le respect de nos plurielles différences, nous demeurions ce Peuple sans coutures» dont parlait Léopold Sédar Senghor. «Uni, debout et fier d’être ce que nous sommes, et que le monde entier nous reconnaît : une exception», a-t-il conclu.
dkane@lequotidien.sn