A travers la proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie, le parti au pouvoir, Pastef, veut soustraire ses membres dont la responsabilité est engagée dans les tensions politiques de 2021 et 2023, du champ de la Justice et incriminer les Forces de défense et de sécurité. Telle est la conviction de l’Apr, contenue dans une déclaration rendue publique hier.

 

Par Dieynaba KANE – L’Alliance pour la République (Apr) a sa petite idée sur la volonté des autorités d’instituer une loi interprétative de la loi d’amnistie de 2024. Pour l’Apr, «le régime actuel instrumentalise la question de l’amnistie pour masquer son incompétence et son incurie». Analysant la position de la majorité à l’Assemblée de vouloir introduire une loi interprétative pour la loi d’amnistie, l’Alliance pour la République exige d’elle, «si elle en a le courage, d’abroger totalement la loi d’amnistie afin que ses responsables, le Premier ministre en tête, puissent répondre de leurs actes insurrectionnels devant les cours et tribunaux».

Grève annoncée des travailleurs de l’aéronautique : GROSSES TURBULENCES DANS LE CIEL

Selon l’Apr, le président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement, qui «ont promis l’abrogation pure et simple de la loi d’amnistie en cas de majorité parlementaire (…) qui n’ont tenu aucune promesse et qui sont dans le reniement permanent, reviennent sur leur engagement pris devant le Peuple sénégalais d’abroger la loi d’amnistie». Et les partisans de l’ancien Président Macky Sall d’expliquer : «En lieu et place de l’abrogation, les députés de Pastef sortent de leur chapeau une proposition de loi interprétative aux relents anticonstitutionnels et dont les motivations sont au nombre de deux : soustraire du champ de la Justice les responsables et militants de leur camp, auteurs de faits graves de violence entre 2021 et 2023, et incriminer les Forces de défense et de sécurité (Fds) qui avaient fait face au projet d’insurrection de Pastef.» Les membres de ce parti, qui accusent Pastef de «cynisme et de duplicité», relèvent que si «cette loi scélérate est votée et promulguée, les policiers, gendarmes et militaires, qui honorent depuis 1960 leur serment de défendre la Patrie républicaine, feront l’objet de poursuites et de condamnations de la part d’un régime dont la volonté est de se venger des Fds, qui ont empêché son projet insurrectionnel».

Partant de ce fait, l’Apr, s’adressant à la population, l’appelle «à se constituer en bouclier autour des Fds, qui constituent le socle de la République et sur lesquelles Pastef, fidèle à son Adn de parti populiste, souhaite jeter le discrédit».
Et les auteurs du communiqué d’avertir : «Au cas où cette proposition scélérate, inopportune et dangereuse est votée par cette majorité mécanique aux ordres, l’Apr se réservera le droit d’user de toutes les voies légales et politiques pour empêcher cette forfaiture d’être mise en œuvre.»

Encore éconduit à l’aéroport : Mansour Faye constitue un dossier en référé

Par ailleurs, dans le document, le parti du Président Sall a exigé «la libération immédiate» de ses camarades, «les détenus politiques Farba Ngom et Lat Diop, et celle des chefs d’entreprise Samuel Sarr et Tahirou Sarr, tous pris en otage au nom d’un règlement de comptes indigne dans un Etat de Droit».