Les Ong internationales et autres groupements de femmes ne peuvent pas compter sur le soutien du Khalife général des Tidianes, dans leur quête pour la légalisation de l’avortement médicalisé au Sénégal. Serigne Babacar Sy Mansour a officialisé son opposition à cette loi, «qui scandalise l’opinion». C’était à l’occasion de la cérémonie officielle du Mawlid, ce lundi, tenue dans la sobriété dans la Maison des hôtes de Tivaouane.Ndèye Fatou NIANG (Envoyée spéciale) – 

C’est un débat qui fait rage depuis quelques mois. Les Ong internationales et d’autres groupements de femmes ne peuvent pas compter sur le soutien du khalife général des Tidianes, dans leur volonté de légaliser l’avortement médicalisé. Serigne Babacar Sy Man­sour a clairement affiché son désaccord par rapport à cette éventuelle loi par le fait qu’il «ne cautionne nullement cette forme de pratique». Il soutient : «aujourd’hui on nous parle de la légalisation de l’avortement médicalisé. Cela devrait passer par l’Assemblée nationale à travers un projet de loi. Mais ma position reste toujours la même sur la question de la légalisation de l’avortement médicalisé. Chacun est responsable de ses actes. Devant Dieu, le fidèle rendra compte de ses actes et de tout ce qui s’est produit en sa présence», assume le Khalife général des Tidianes, devant le ministre de l’Inté­rieur, Antoine Felix Diome, lors de la cérémonie officielle de la célébration dans la sobriété pour la deuxième année consécutive, à Tivaouane, du Mawlid marquant la naissance du Prophète (Psl). Outre cette question, le khalife a invité les acteurs politiques à la tenue d’un scrutin apaisé et civilisé. «Je suis inquiet du fait que dans ce pays, tout le monde veut diriger, être à la tête, devenir maire, chef, leader», regrette le khalife de Ti­vaouane. «Ce qui n’est pas possible, insiste-t-il. Le pouvoir reste le domaine exclusif de Dieu, qui le confie à qui Il veut et l’ôte quand Il veut.» D’où la nécessité, pense-t-il, pour les uns et les autres de «pacifier le champ politique» en perspective des Locales de 2022. Au-delà, Serigne Mbaye Sy Man­sour a déploré la «crise notée dans le système éducatif». Et de relever : «Le niveau scientifique, culturel et académique est très bas et dégradé. L’édu­ca­tion en général souffre. La formation dans les écoles, les instituts et les établissements d’enseignement et de formation n’en parlons pas. Et ceci du fait d’un système éducatif corrompu dans toutes les étapes de ses programmes.» Le guide religieux s’offusque : «Aucun pays qui néglige ses enfants ne sera jamais développé.» Il demande au gouvernement de mettre en place «un système éducatif clair qui ne se contente pas uniquement de l’instruction des enfants mais doit aussi veiller à leur éducation et orientation selon nos croyances et traditions». Serigne Babacar Sy Mansour enchaîne : «Il est de la responsabilité toujours du gouvernement de mener une politique qui assure la sérénité, la sécurité et la stabilité tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays.» Entre autres maux dont souffre le Sénégal, l’autorité religieuse de Tivaouane a déploré «les nombreux et douloureux maux dont souffre le monde rural», certains «supplices qui ne cessent de gangrener la société, la déperdition des valeurs, la recrudescence des meurtres, du vol, de l’usurpation ou de la consommation illégale de l’argent d’autrui, le phénomène de l’émigration clandestine…». Serigne Babacar Sy Mansour a surtout regretté que le Sénégal «a beaucoup reculé en matière d’éthique» et pendant ce temps, «les ennemis de l’islam ont eu conscience de l’importance de nos nobles caractères et ont ainsi œuvré pour leur destruction, usant de toutes leurs forces intellectuelles, matérielles et stratégiques avec la bénédiction de satan». Tout cela, dit-il, est pour «affaiblir leurs forces fondées sur l’éthique islamique et porter atteinte à l’union des musulmans. Ils savent que les nobles caractères de l’islam constituent les fondements de la force des musulmans. Aussi leur ont-elles déclaré la guerre avec une armée dont les soldats sont la corruption et la discorde». Ainsi et d’appeler les uns les autres «de s’aimer davantage, et d’unir leurs cœurs», afin de suivre «le modèle prophétique».
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