Pacifier l’espace public ! Pour cette ambition, Macky Sall ne semble reculer devant rien. Hier, la Commission des lois de l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant amnistie des faits, susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non. La plénière est convoquée ce mercredi pour le vote.

Si cette loi d’amnistie est présentée officiellement comme une nécessité pour la cohésion sociale, elle n’en demeure pas moins un moyen de réhabiliter officieusement Ousmane Sonko. Qui a été arrêté pour appel à l’insurrection et actions subversives, entres autres chefs d’accusation.  En Commission des lois, l’attitude des députés «Patriotes» interroge à plus d’un titre. En effet, sur 23 députés, seuls 5 étaient présents hier. Bien que la présence des 19 non membres de la Commission des lois n’était pas obligatoire, cette absence s’est fait remarquer, car n’étant pas dans les habitudes des lieutenants de Sonko, surtout celle de Guy Marius Sagna.

Vote de la loi d’amnistie : MACKY SEUL CONTRE TOUS

Le plus cocasse, c’est que les 4 députés «Patriotes», membres de la Commission des lois, se sont abstenus de voter, là ou leurs collègues de Taxawu Senegaal, du Pur et un député du Pds se sont opposés à l’adoption de ce projet de loi. Ainsi, pourquoi Birame Soulèye Diop, Ismaïla Diallo, Rokhy Ndiaye et Ayib Daffé se sont abstenus, alors que Sonko a toujours crié haut et fort (avant son arrestation) qu’il ne sera jamais d’accord pour une loi d’amnistie ? Qu’est-ce qui a changé entretemps ?  En attendant d’avoir des réponses, cette posture des parlementaires «Patriotes» est d’autant plus incompréhensible que l’adoption de cette loi va plus profiter à leur formation politique. En effet, Bassirou Diomaye Faye, poursuivi pour les mêmes chefs d’accusation que Sonko, va recouvrer la liberté si l’amnistie est effective. En plus, la dissolution du parti Pastef ne sera qu’un souvenir. S’abstenir de voter une telle loi crédite la thèse du dialogue entre Ousmane Sonko et Macky Sall.

Khalifa Sall : «Il ne faut jamais avoir raison très tôt»
Cette duplicité dont font montre les «Patriotes» va être appréciée à Taxawu Senegaal.  En effet, lorsque Khalifa Ababacar Sall avait assumé sa position d’aller au dialogue en affirmant que «c’est par la politique qu’on m’a écarté, c’est par la politique que je vais être réhabilité. Peu importe, une amnistie ou la modification du Code électoral, l’essentiel est d’être candidat». Au même moment, Sonko était le premier à tirer sur le leader de Taxawu Senegaal. Il a même parlé de «Judas qui deale sur le dos du Peuple en acceptant de dialoguer».

Taxawu et Pur appellent à voter contre

Les deux locomotives de Yewwi askan wi ont scellé leur divorce. Après l’annonce de la vague de libérations, Khalifa Sall est revenu à la charge. «Qu’on ne nous prenne pas pour des enfants. Qu’on nous dise la cause de ces libérations. Dans ce pays, il ne faut jamais avoir raison très tôt», avait-il déclaré, pour évoquer les concertations entre Ousmane Sonko et Macky Sall.
Par Malick GAYE  – mgaye@lequotidien.sn