Un plaisantin que j’ai du reste toujours trouvé un brin excité pour exercer des responsabilités publiques, se retrouve en détention pour des propos sur des mines imaginaires de diamant. Curieuse manie désormais que celle des hommes politiques qui, au lieu de labourer le terrain, d’aller à la rencontre de nos concitoyens et de produire des idées, enfourchent le cheval du déballage surtout que souvent le propos mensonger est enrobé dans une langue vulgaire. La presse encourage cette propension à salir d’honnêtes citoyens, à inventer des scandales d’Etat là où il n’en est rien. Les titres de ces journalistes en manque de talent, de vocabulaire et d’imagination sont grossiers. Désormais la phrase : «Les graves révélations» d’untel est devenue culte pour ces délinquants de la grammaire, de l’orthographe, de l’éthique et de la déontologie.
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Un homme politique ne peut avoir comme horizon indépassable la posture de lanceur d’alerte qui, à partir de vidéos, colporte mensonges, calomnies et diffamations. Triste sort que celui d’un pays où la relève politicienne rivalise d’ardeur dans la délation, le bavardage vain et la production sans gêne de ragots. L’espace politique est sérieux, il est regrettable que certains de ses acteurs considèrent qu’ils sont au cirque Pinder.
L’opinion une semaine durant, a été placée sous le diktat de la presse au sujet des mines imaginaires de diamant qui n’existent que dans le cerveau fécond d’un amuseur public.
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Au même moment, des mines qui, elles, existent, provoquaient la tragédie au sein de nos Armées. Le 14 décembre, un véhicule d’une unité de soldats du bataillon des parachutistes a sauté sur une mine antichar dans le nord Bignona, provoquant quatre morts et des blessés. Les condoléances ont fusé au sein de la classe politique et dans certains milieux sociaux. Nos concitoyens pour l’essentiel ont réagi comme souvent, avec une forme de désintérêt regrettable et incompréhensible pour des patriotes tombés sur le champ d’honneur. J’ai toujours trouvé cette attitude distante vis-à-vis des soldats tombés au front, curieuse voire injuste et symptomatique de l’état général du pays, qui appelle le relèvement de la conscience civique chez nos concitoyens. Dans certains pays, les morts au sein des troupes sont célébrés et des honneurs nationaux leur sont rendus. Nos soldats servent la Nation au péril de leur vie dans des conditions difficiles. Avec l’instituteur, le soldat est au cœur du projet républicain car chez les deux la lutte est quotidienne pour garantir la pérennité de la Nation face aux différents dangers physiques et symboliques qui menacent notre pays.
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Depuis quarante ans, le Mfdc a pris les armes pour amputer la partie sud de notre pays. Le mouvement a commis des crimes et pratique différents trafics pour maintenir une rente. Abdou Ndukur Kacc Ndao, anthropologue dont les travaux sur la Casamance font autorité, a commenté l’accident provoqué par une mine antichar qui a tué nos Jambaars. Selon lui, des factions du mouvement irrédentiste affaibli, pour maintenir l’économie criminelle de chanvre, de bois et de charbon de bois, afin de «vivre et se procurer des armes», a décidé de miner les routes autour des champs de chanvre. Je rappelle pour ceux et celles qui en doutent ou qui ont peur de mettre le curseur de la vérité, que les membres du Mfdc de 2023 sont seulement intéressés à protéger leurs champs de chanvre.
Ces morts de soldats sont un drame humain pour les familles, les compagnons d’armes et pour tout le pays qui voit ses fils parmi les plus valeureux, ceux qui symbolisent l’intransigeance à défendre la République qui devrait tous nous animer, disparaître dans des conditions aussi tragiques. Le Mfdc est une organisation criminelle et mafieuse, qui a provoqué des morts et des blessés. L’organisation a aussi été à l’origine du retard économique de cette belle région.
La Casamance est une région dont le développement du potentiel économique et touristique a été longtemps freiné par les velléités fractionnistes. Il faut reconnaître tout de même que les gouvernements successifs depuis quarante ans n’ont jamais transigé avec l’intégrité territoriale. Cette constance en dépit des alternances politiques, est à saluer. On ne peut imaginer le destin de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda que dans la Nation sénégalaise. Tous les républicains, les vrais patriotes sénégalais font bloc autour de l’intégrité territoriale qui, malgré nos diverses oppositions de méthodes, ne souffre d’aucune ambiguïté.
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Les différents régimes successifs partagent la même volonté de ramener définitivement la paix dans la partie sud du pays. Les résultats sont positifs malgré les anicroches ponctuelles entre l’Armée et les bandes armées qui se réclament du Mfdc.
Les différents accords de paix signés entre l’Etat et le Mfdc ont été suivis d’actes concrets. Le changement de la situation géopolitique de la région a aussi permis à notre pays d’avancer dans le sens d’une résolution définitive de ce conflit devenu anachronique.
Beaucoup d’anciens maquisards ont quitté le maquis pour rejoindre la vie civile, notamment grâce aux différents accords de paix. Et les investissements publics ont été mobilisés pour promouvoir l’économie de la région et y renforcer la cohésion sociale. La normalisation de nos relations avec la Gambie et la Guinée Bissau, anciennes bases de repli du Mfdc, a permis d’enlever une épine du pied du Sénégal qui, fort de cette nouvelle configuration, maîtrise davantage la situation sur la partie sud de son territoire.
Par Hamidou ANNE – hamidou.anne@lequotidien.sn