Que dire ? Au plus haut sommet de l’Etat, la décision du juge du Tribunal d’instance de Ziguinchor d’annuler la radiation de Sonko des listes électorales est une véritable surprise. L’Etat a décidé d’intenter «un pourvoi en cassation immédiatement pour casser cette forfaiture». Selon l’un d’eux, il s’est précipité à rendre la décision : «Le juge aurait dû surseoir à statuer en attendant l’examen par le Premier président de la Cour d’appel de Ziguinchor des mérites de la requête, car il n’y a aucune urgence et c’est une garantie de neutralité du juge.» «En revanche, le refus obstiné de ce dernier de prendre même possession de la demande renseigne à suffisance sur sa partialité. Cela est d’autant plus évident que même avec la coupure d’électricité, il n’a pas voulu suspendre l’audience, préférant utiliser la torche de son téléphone portable pour continuer», regrette-t-on. Pour l’Etat, «plus surprenant est qu’au regard du volume des moyens développés par les avocats, l’orthodoxie voudrait qu’il mette en délibéré pour se donner le temps d’examiner les moyens en toute sérénité et rendre une décision ; ce qu’il n’a pas fait, s’obstinant au contraire de rendre une décision qui manifestement est la réponse à une commande politique». D’après un interlocuteur étatique, «le juge a délibérément violé l’obligation d’impartialité et de neutralité inhérente à son office». Le plus surprenant, ajoute-t-il, «est qu’il a été saisi par requête et qu’il devait statuer par une simple ordonnance à pieds de requête, mais en l’espèce, il a rendu un jugement. Tout cela est inadmissible dans un Etat de Droit».
Il faut rappeler que l’agent judicaire de l’Etat avait récusé le président du Tribunal d’instance de Ziguinchor, Sabassy Faye, qui a présidé l’audience. Il avait soutenu que le frère du magistrat est un haut responsable du parti dissous Pastef. Il s’agit de El Hadji Sakiou Faye, qui est adjoint au maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko.