Son nom revient de manière récurrente sur la liste des grands prix littéraires de cette rentrée. «La plus secrète mémoire des hommes», dernier roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, est unanimement salué par la critique.

Par Mame Woury THIOUBOU – S’il y a un écrivain qui attire tous les regards de cette rentrée, c’est bien le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Avec La plus secrète mémoire des hommes, le nom du jeune écrivain apparaît sur quasiment toutes les listes de grands prix. Goncourt, Femina, Médicis, Wepler, l’œuvre fait beaucoup parler. Et ces derniers jours ont vu se succéder les nominations à ces prestigieux prix littéraires. Déjà, l’ouvrage a remporté le prix Transfuge du meilleur roman de langue française. Mais comme l’écrit le Professeur Felwine Sarr sur sa page Facebook, «quelle que soit l’issue de l’aventure des prix, c’est déjà une très belle inscription dans le paysage littéraire». En effet, les critiques parues sur l’ouvrage dans la presse française sont dithyrambiques. «François de Sales est le patron officiel des écrivains. Mais des auteurs comme Mohamed Mbougar Sarr tirent plutôt leur art de Dédale, l’inventeur du labyrinthe. A l’instar du minotaure qu’il y enferma, le lecteur s’engouffre dans les méandres de cette quête initiatique», écrit Télérama à propos de l’écrivain sénégalais. L’Express lui emboîte le pas et souligne que «ce roman est un grand livre, un joyau de savoir-faire qui vous enchante, vous transporte et vous poursuit». Le même média indique que La plus secrète mémoire des hommes «est dédié à l’écrivain malien Yambo Ouologuem. Ce dernier fit sensation en 1968 en ayant été le premier romancier africain à recevoir le prix Renaudot pour Le devoir de violence (Seuil), mais il connut l’opprobre quatre ans plus tard, après de graves accusations de plagiat».

«Un joyau de savoir-faire»
La trame du roman est aussi déroulée par la librairie des 4 Vents qui commercialise le livre. «Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le Labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de Rimbaud nègre, depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T. C. Elimane, où il affronte les grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France, en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ? Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…» Le décor est posé et les fruits tiennent visiblement la promesse des fleurs puisque les critiques sont unanimes. «La plus secrète mémoire des hommes relève de l’enquête, passionnant et déroutant cheminement à travers une mosaïque de témoignages, de récits et d’écrits, mais aussi du roman initiatique», écrit Libé. Face à la pluie de compliments reçus, Mohamed Mbougar Sarr a réagi sur les réseaux sociaux. «Ce qui rend vraiment heureux, ce qui touche le plus, au-delà de ses propres joies et inquiétudes, prétentions et doutes, espoirs et pessimismes, c’est de voir tant de gens, chacun à sa façon, se réjouir sincèrement pour vous, vous encourager, vous porter, vous saluer, espérer pour vous plus fortement que vous ne le pourriez jamais, prier pour vous, être là, être fiers et protecteurs et reconnaissants, alors que c’est nous qui leur devrions une infinie gratitude. Au-delà de l’aventure de ce livre, dont nul ne connaît le destin, c’est surtout cela qui m’a beaucoup ému, désarmé, presque empêché de répondre aux différentes marques de bienveillance reçues ici ces derniers jours. Personne n’est préparé à ça, mais ça vaut toutes les sélections de prix.»
Mohamed Mbougar Sarr avait déjà été lauréat du prix Ahmadou Kourouma au Salon du livre de Genève et du Grand prix du Roman métis (Editions Présence africaine, 2015) pour son premier roman Terre ceinte.
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