L’Assemblée nationale vient de voter à une grande majorité la Loi rectificative des finances 2018. Avec le cachet social imprimé à cette loi, les travailleurs des Ics, membres de la coopérative d’habitat de ladite société, n’en pensent pas moins qu’ils ont été enfin entendus par le chef de l’Etat, Monsieur Macky Sall, après maintes saisines sur leur situation.
En effet, expropriés de leur terrain TF n° 1138 R sis à Kounoune de 16 ha, acheté à l’ex-Biao, devenu aujourd’hui Cbao depuis 2003, les travailleurs des Ics membres de la coopérative d’habitat attendent toujours de l’Etat d’être indemnisés. L’attente est devenue plus que douloureuse, quand ils assistent aux manquements ou à la faiblesse des services de l’Etat qui ont décidé de cette mesure, au mépris des dispositions légales qui voudraient que toute expropriation pour cause d’utilité publique soit assujettie à une indemnisation préalable. En effet, leur autorité a failli, car après avoir exproprié les travailleurs des Ics, lesdits services ont permis à d’autres Sénégalais d’occuper le terrain et d’y bâtir des immeubles, comme pour narguer ceux-là (les propriétaires légitimes du terrain) dont le légalisme, c’est-à-dire le respect des lois de la République, n’a jusqu’ici pas permis d’obtenir l’indemnisation intégrale. Avec le cachet social imprimé à cette Loi rectificative des finances 2018 qui fait la part belle aux fonctionnaires tout en omettant de parler des travailleurs du secteur, ceux des Ics, membres de la coopérative d’habitat de ladite société, pensent pouvoir se tromper sur la perception qu’ils ont du traitement discriminatoire dont ils font l’objet depuis 2003, en se voyant pour cette fois-ci, intégralement indemnisés.
Les travailleurs, membres de la coopérative d’habitat, considérant qu’ils n’ont ni la force de frappe encore moins les moyens de pression des enseignants et des agents de la santé, croient ferme qu’ils ne sont pas moins Sénégalais que ces derniers pour se voir traités au même pied. Cependant, les travailleurs des Ics, saluant le professionnalisme, la disponibilité et la courtoisie dont l’Agent judiciaire de l’Etat, a fait montre à leur égard dans la gestion de ce dossier, et ne pensant pas moins que le souci du président de la République, père de la Nation, est de traiter ses fils avec équité et diriger un pays avec zéro contestation sociale, restent sceptiques quant à la réelle volonté des autorités du ministère de l’Economie, des finances et du plan de vouloir régler leur problème. Or, le caractère hautement social de ce contentieux sous-tendu à la base par une volonté des travailleurs de se doter d’un toit, dont rêve tout employé dans sa carrière professionnelle, devrait inciter ces autorités de ce ministère, pères de famille de surcroît, à accorder une priorité à ce dossier. Qui plus est, l’Etat du Sénégal dont ce ministère est dépositaire du pouvoir de gestion et règlement des contentieux entre ce dernier et les citoyens, en vertu du caractère social qui fonde la République, sous-tendu par le respect des libertés fondamentales et des droits du citoyen comme base de la société sénégalaise, ne devrait pas avoir pour vocation de porter atteinte aux droits de ses fils, mais plutôt de les protéger.
En tous les cas, pour les travailleurs des Ics, si l’objectif de cette loi est de faire taire les revendications de certains Sénégalais qui disposeraient, plus que certains de leurs compatriotes, de moyens de pression sur l’Etat dans la perspective de l’élection présidentielle de 2018, il revient tout de même à l’Etat de comprendre que le souci légitime d’une réélection du président de la République ne se conçoit pas avec un traitement injuste, «akh», infligé à une catégorie de compatriotes, particulièrement ceux du monde du travail du secteur privé. Cela peut paraître dérisoire que de voir ces dignes pères de famille recourir à cette arme qui laisse transparaître une forme de résignation, mais qu’il faut comprendre qu’elle est bien de chez nous et vaut ce qu’elle vaut.
Des années durant, nous n’avons de cesse d’interpeller la plus haute autorité de l’Etat et les ministres qui ont en charge les finances et le budget. Attendrait-on que les rigueurs du temps et l’amertume déciment à petit feu tous les ayants droit au dédommagement, dont la procédure de paiement ne dépend pas des seules prérogatives de l’Agence judiciaire de l’Etat.
Le bureau de la coopérative d’habitat des Industries Chimiques du Sénégal