Alors que la mission de la Cedeao était à Banjul pour jouer sa dernière carte diplomatique, l’Union africaine informait qu’elle ne reconnaîtrait plus Jammeh au-delà du 19 janvier comme le Président de la Gambie. Le Nigéria, qui dirige la médiation ouest africaine, a déjà mobilisé 800 hommes pour une éventuelle intervention militaire qui se précise chaque jour.

DIPLOMATIE – Crise politique en Gambie : L’Ua compte les jours de Jammeh

yaya-jammeh69Le monde lui laisse le temps d’expédier les affaires courantes jusqu’au 19 janvier prochain. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ne reconnaîtrait plus Yahya Jammeh comme président de la Gambie à partir de cette date. Alors qu’il manœuvre pour se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de la transition en s’accrochant à la décision de la Cour suprême de ne statuer sur son recours qu’en mai. Pari perdu ! Dans sa déclaration, cette instance continentale insiste sur le «caractère inviolable des résultats de la Présidentielle du 1er décembre en Gambie» et sur «la politique de tolérance zéro en ce qui concerne les coups d’État et les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique». La mise en garde du dictateur gambien est sans équivoques dans la mesure où elle porte sur «la responsabilité grave qui serait sienne, dans le cas où son action conduirait à une crise avec pour conséquences, un désordre politique et un désastre sur le plan humanitaire et des droits de l’Homme, y compris la perte de vies humaines innocentes et la destruction de biens». L’Ua lui demande de «s’abstenir de toute entreprise de nature à compromettre le processus devant conduire à la prestation de serment du président élu, le 19 janvier».
En revanche, ce n’est pas encore la désescalade. Cette sortie de l’Ua coïncide avec le jour où la Cedeao menait sa mission diplomatique de dernière chance à Banjul. L’équipe de chefs d’Etat conduite par le Président Buhari est rentrée les mains vides. Elle est pourtant arrivée dans la capitale gambienne avec une proposition d’asile à lui faite au Nigéria pour  désamorcer la bombe. Rien n’y fait pour convaincre un homme qui veut parachever son règne dans le sang. Le compte à rebours est donc lancé au grand dam de la Cedeao qui se résigne à sortir les gros moyens pour le déloger.
Aujourd’hui, le Nigeria, pièce maîtresse des forces de l’E­comog, a mis en alerte ses militaires pour aller à l’assaut de «Big man». Selon le  site nigérian, premiumtimesng.com, Abu­­ja a mobilisé un bataillon de 800 hommes basés à Okitipupa dans l’Etat de Ondo ainsi que des chars et d’autres équipements militaires nécessaires à cette opération. Disposant d’une expérience au Liberia et en Sierra-Léone, les soldats nigérians sont rompus à ce type d’intervention, même si Jammeh, qui se prépare à cette éventualité depuis sa volte-face, s’est renforcé en recrutant les anciens mercenaires  libériens et sierra-léonais pour augmenter ses hommes.  C’est juste une illusion de défense pour un autocrate au crépuscule de sa vie.
Il règne déjà une ambiance de guerre en Gambie. Selon le Hcr, plusieurs milliers de personnes, principalement des enfants, ont quitté le pays et traversé le Sénégal au cours des 10 derniers jours pour échapper à la tension croissante émanant des résultats de l’élection présidentielle du mois dernier. L’instance onusienne estime que certaines, qui ont choisi de rester en Gambie, ont commencé à envoyer leurs enfants au Sénégal comme mesure de précaution face à l’impasse politique, craignant de potentiels troubles. Images de chaos !
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