Moustapha Niasse va rempiler à la tête de l’Assemblée nationale. C’est l’assurance du conseiller politique du président de la République Luc Sarr. Ce responsable de l’Apr affirme que le leader de l’Afp est le «candidat» de Macky Sall. Le président du conseil d’orientation de l’Agence des aéroports du Sénégal rappelle que sur le plan de la «légitimité», Abdoulaye Diouf Sarr est mieux placé que Amadou Ba pour diriger la liste de Benno bokk yaakaar à Dakar. Il évoque d’autres sujets comme l’opposition, l’échec du Pr Abdoulaye Bathily à la Commission de l’Ua et le cas Khalifa Sall.

Selon vous, qu’est-ce qui explique l’échec du Pr Abdoulaye Bathily à la présidence de la Commission de l’Union africaine ?
D’abord cette candidature, au plan interne, n’a pas été bien gérée par la classe politique. Ceux qui crient aujourd’hui seraient bien inspirés de nous dire ce qu’ils ont fait pour la réussite de cette candidature. Certains étaient prompts, à juste titre, pour des raisons politiques à ruer sur les brancards lorsque le président de la République se rendait à l’étranger. Des convois ont été mobilisés pour aller contrer sur le terrain, en Europe, Macky Sall. Cela aurait dû être fait pour soutenir la candidature du Pr Bathily. L’opposition a commis la bourde d’avoir fait de cette question un «débat de Macky Sall» en lieu et place d’un «débat national». Le deuxième élément, c’est la réalité politico-diplomatique au Sénégal. J’ai la certitude que les gens oublient un peu trop. Il y a moins d’un mois, nous avons réussi à installer à la présidence du Parlement de la Cedeao notre compatriote Moustapha Cissé Lô. Il y a eu certainement dans cette candidature du Pr Bathily ce réflexe de ne pas tout donner, ce réflexe de leadership qu’on ne souhaiterait pas voir assumer le Sénégal au niveau de la sous-région. C’est absolument certain que cela peut effleurer les intérêts de certains chefs d’Etat. Qui sont ces chefs d’Etat ? Je ne saurais le dire. Mais il est clair que les percées diplomatiques réelles du Prési­dent Macky Sall, qui participe au Conseil d’administration du Fmi, font des jaloux. Le Président a porté ce combat de la question palestinienne contre Israël, mobilise ses pairs sur la sécurité et des questions qui interpellent la géopolitique mondiale, le Sénégal siège au Conseil de sécurité de l’Onu sous Macky Sall. Ce dernier a présidé la délégation pour la sortie de crise au Burkina Faso. De ce point de vue, je pense que le leadership diplomatique du Sénégal provoque une certaine jalousie de la part de certains Etats africains.
Malgré ces succès de la diplomatie sénégalaise, il n’en demeure pas moins que ce cas précis semble être un échec…
Si sur 10 questions il y a 9 qui sont bonnes, on ne peut pas parler d’échec de la diplomatie sénégalaise. De façon globale, l’analyse pose problème. On ne peut pas résumer notre diplomatie à cette question du Pr Bathily. Ce n’est pas juste. Cependant, nous n’avons pas atteint notre objectif de placer cet homme de qualité à la tête de la Commission de l’Ua. C’est un échec.
L’opposition parle d’«é­chec personnel» du Prési­dent Macky Sall…
A travers cette déclaration, l’opposition avoue que cette candidature du Pr Bathily n’intéressait que le Président Macky Sall. Donc, ils ont aidé Macky Sall dans cet échec dès lors qu’ils n’ont pas soutenu le Pr Bathily. Nous n’avons pas une opposition mature, capable de dépasser les clivages politiques pour des questions d’intérêt national. C’est dommage !
Les Législatives sont fixées au 30 juillet 2017, mais l’opposition parle de «décision unilatérale» du chef de l’Etat. Qu’en dites-vous ?
Dans ce débat, j’interpelle la presse d’aider à éclairer l’opinion parce que c’est à n’y rien comprendre. La date du 2 juillet avait été initialement retenue. Quel­ques jours après, une frange de cette opposition a dit que c’est une hérésie que de vouloir organiser cette élection en période de ramadan. On disait qu’organiser cette élection à cette date, c’est ne pas respecter les croyants et les musulmans de manière générale. C’est excessif comme argument. C’est clairement un dérapage. Ce n’est pas le pouvoir qui avait tenu un tel discours. La presse peut en témoigner. On nous a même accusés d’être contre l’islam. Ils sont même allés s’en ouvrir aux guides religieux. Alors, nous avons tenu compte de cette proposition de cette partie de l’opposition et du ramadan. Le 30 juillet constitue un report de quelques jours et pas d’un mois. Ça ne mérite pas ces querelles. Je pense que nous avons une opposition qui ne veut pas aller aux élections.
Donc, vous n’êtes pas convaincu par l’argument de la coïncidence de la nouvelle date avec l’hivernage ?
Et le 2 juillet, ça ne coïncide-t-il pas avec l’hivernage ? Dans certaines régions du Sénégal, l’hivernage commence au mois de mai ou juin. Je pense que c’est une argutie politicienne que de se réfugier derrière l’hivernage pour rejeter cette date du 30 juillet 2017.
Pourquoi le président de la République, avant de signer ce décret, n’a pas convié la classe politique à la concertation ?
Vous avez raison de poser cette question en ces termes. Mais parfois l’Etat doit avoir le sens des responsabilités. Nous ne sommes pas dans une phase de partage du pouvoir. Il y a un chef d’Etat et d’un gouvernement dont la légitimité est incontestable parce que validée par des élections libres, démocratiques et transparentes. Nous ne pouvons pas, sur toutes les questions, nous concerter surtout que, pour quelques jours, je ne vois pas qu’une question posée par une partie de cette opposition puisse mettre toute la République en branle. Ça n’a pas de sens. Il faut accepter parfois que l’Etat fasse prévaloir sa dimension d’Etat respectable. Un Etat qui se respecte et qui se fait respecter, c’est un Etat qui prend des décisions.
Avec cette date contestée du 30 juillet, ne va-t-on finalement pas vers un nouveau report des Législatives ?
Absolument pas ! Le 30 juillet 2017, les élections législatives se tiendront.
Des responsables de l’Apr réclament le perchoir pour la prochaine Législature. Faites-vous partie de cette mouvance ?
Ce n’est pas notre axe. Nous avons une ligne politique très claire. Le président de la République est fondamentalement et absolument attaché au Benno. La deuxième chose est que l’Apr n’ira jamais aux élections sans ses alliés. Troisiè­mement, nous avons besoin de toutes les composantes de ce Benno et nous ferons tout ce qui est possible pour que les équilibres identifiés autour du président de la République puissent être respectés et préservés. Jusqu’à preuve du contraire et qu’il y ait une chose qui pourrait bouleverser cet équilibre, je dis haut et fort que Moustapha Niasse demeure aujourd’hui plus que jamais le candidat du président de la République. Il est le président de l’Assemblée nationale. Poser cette question, c’est malsain, c’est un acte de nature à diviser le Benno. On prête des intentions à certains responsables. Je les connais.
On parle de l’ancien Premier ministre Aminata Touré…
On ne l’a jamais entendue dire qu’elle veut ce poste.
L’hebdomadaire Nouvel Horizon a parlé de Niasse pour conduire la liste nationale avec Aminata Touré comme directrice de campagne. Est-ce un schéma qui vous agrée ?
D’abord, je ne suis pas au courant de cela. Mais si c’est vrai que notre camarade Aminata Touré aurait accepté que Niasse soit tête de liste, c’est bien. Donc, l’intention qu’on prête à Aminata Touré de diriger l’Assemblée nationale n’est pas vraie. En tout cas, cette question n’a jamais été abordée par le parti. Je suis membre du Secrétariat exécutif national, la plus haute instance du parti. Je n’ai jamais entendu parler de cette configuration. Toutefois, cela ne me dérangerait pas qu’il soit ainsi. Pour l’équilibre de la coalition et son avenir, le respect de la parole donnée, nous pensons que Niasse doit continuer à être le président de l’Assemblée nationale.
Entre Amadou Ba et Abdoulaye Diouf Sarr qui ambitionneraient  chacun de diriger la liste de Dakar, qui serait votre préférence ?
Abdoulaye Diouf Sarr et Amadou Ba sont de très grands responsables du parti sur lesquels le président de la République et l’Apr s’appuient pour gagner les Législatives et la Présidentielle de 2019. C’est le parti qui proclame son leader au niveau de Dakar. Ce n’est pas aux responsables de s’autoproclamer. Abdoulaye Diouf Sarr est légitime. Il a avec lui une double légitimité. Une légitimité historique parce qu’il était là avant la prise du pouvoir. Une légitimité politique en tant que maire. Si la légitimité doit prévaloir, Diouf Sarr doit être notre leader à Dakar. Est-ce que cela suffit pour être tête de liste ?
Est-ce que Amadou Ba présente le profil pour être tête de liste à Dakar ?
Il ne me revient pas de le dire. Il ne faut pas individualiser les questions. On oublie les alliés. Il y en a qui sont maires. Ces derniers ne vont-ils pas prétendre à diriger la liste ? Il y a les Alioune Ndoye et autres. Du point de vue de la légitimité, Diouf Sarr est le mieux placé pour nous diriger. En 2014, nous avons perdu les 19 communes de Dakar, sauf Yoff. Lors des élections du Haut conseil, Benno bokk yaakaar a perdu de justesse. Cette perte de vitesse de Taxawu Dakar de Khalifa Sall résulte en grande partie du travail de Diouf Sarr.
Cette situation au sein de l’Apr ne fera-t-elle pas l’affaire de Khalifa Sall qui a annoncé une liste en dehors de Benno bokk yaakaar ?
Le maire de Dakar a occupé cette station parce que la coalition Benno siggil Senegaal en 2009 en avait fait son candidat. Après, il s’est engagé dans une mauvaise voie, c’est-à-dire dans une posture de défiance à l’égard du régime actuel. Je l’ai entendu dire des choses graves à l’émission «Grand jury» de la Rfm. Mais l’Apr n’est mêlée ni à l’affaire du saccage de la Maison du parti socialiste ni au procès de Barthélemy Dias. Aujourd’hui, il parle de sanctions disproportionnées et soutient que c’est lui qui serait visé. Il nous dit, à travers la même émission, que depuis 2007, le parti a abandonné le centralisme démocratique. En clair, il veut dire que le Ps, de sa naissance jusqu’en 2007, n’a jamais été démocratique. Khalifa Sall a transposé ses problèmes avec une frange du Ps au niveau de la coalition. Si l’orientation du Ps ne l’agrée pas, il doit mener un combat à l’interne pour infléchir l’autre côté. Non seulement il ne le fait pas, mais il externalise cette question au niveau de Benno. S’il veut être candidat en 2019, personne ne le lui interdit. Que le Ps ait un candidat en 2019 ne nous bouleverse pas !