Il a quitté le terrain du football pour le terrain politique. Ousseynou Kassé ne se voit pas en ancien arbitre international. «Quand on est arbitre, on le reste à vie», précise-t-il. Responsable de l’Apr, membre fondateur de la Convergence des cadres républicains, il promet un carton plein pour Macky Sall dès le premier tour, sort un carton rouge contre Idrissa Seck et tout autre candidat. Le directeur de l’Autorité nationale de biosécurité évoque aussi le parrainage, la bonne gouvernance, Benno bokk yaakaar… Coup d’envoi.

Khalifa Sall est condamné à 5 ans de prison. Qu’est-ce que vous pensez de ce verdict et du déroulement de ce procès ?
En bon citoyen, on n’a pas le droit de commenter une décision de justice. Je ne veux pas déroger à cette règle. Ce qu’il faut juste dire, c’est que nous devons faire confiance à notre justice.

Et même quand on accuse le pouvoir de vouloir éliminer Khalifa Sall de la course à la Présidentielle ?
Je ne pense pas que ce soit le cas. Souvent, quand on est en mauvaise posture, on jette l’anathème sur le pouvoir. Dans son cas, il y avait un dossier en instruction et la justice a donné son verdict.

N’y a-t-il pas de risques de sanctions contre Macky Sall ?
Une élection présidentielle, c’est la rencontre entre un homme politique et son Peuple. Le bilan du Président Macky Sall est assez reluisant. Et, par conséquent, il peut facilement passer dès le premier tour. Nous autres qui sommes avec lui, devons cependant soigner notre image. Nous l’avons tous constaté, le chef de l’Etat est un homme très correct, très discipliné, très gentil. Et nous devons avoir le même comportement vis-à-vis des populations. Donc, il n’y a pas de crainte là-dessus.

Certains alliés de l’Apr sont en train de râler. Je prends l’exemple de Bathily qui a récemment fait une sortie fracassante sur le procès Khalifa Sall ?
Ce sont des positions personnelles, mais au niveau de son parti, ce n’est pas le même discours. Bathily était candidat à la présidence de l’Union africaine. Et à ce titre, il a été soutenu par le président de la République et lui-même a reconnu qu’on lui a donné tout ce qui était nécessaire pour que le Sénégal puisse rayonner sur le plan diplomatique.

Il n’a pas été reconnaissant selon vous ?
Non, je ne parlerais pas de reconnaissance. Ce que je peux dire, c’est qu’il avait remercié le président de la République. Cepen­dant, il a donné son opinion et il faut que les gens l’acceptent. Le plus important, c’est que son parti est dans une autre dynamique. Benno bokk yaakaar est encore là et demeure la coalition au pouvoir qui a battu le record de longévité, malgré certains pronostics qui la voyaient éphémère.

Il y en a quand même qui l’ont quitté, comme Idrissa Seck…
Mais c’est comme un train, à certaines gares, il y a des gens qui descendent et d’autres qui montent. Quand Idrissa Seck a quitté la coalition, d’autres sont arrivés. Le Président a même parfois oublié son parti. Au début, les militants n’avaient pas compris, mais maintenant, même dans le discours, ils parlent plus de Benno bokk yaakaar que du parti.
Parlant de Idrissa Seck, il se positionne comme un potentiel adversaire de Macky Sall.

Est-ce que vous n’êtes pas en train de le ressusciter avec l’absence de Karim Wade et de Khalifa Sall ?
Nous sommes dans un pays démocratique qui n’a rien à envier aux grandes démocraties. Idrissa Seck est un homme politique. Si on veut faire une analyse, il faut s’appuyer sur les élections auxquelles il a participé. De 2007 à maintenant, ses résultats vont decrescendo, y compris dans son fief.

Il a commencé des tournées pour ne pas se focaliser sur Thiès
Le Président Macky Sall avait fait le tour du pays, dans les zones les plus reculées. On ne peut pas véritablement préparer des élections avec des tournées à moins de six mois du scrutin. Nous sommes en train de travailler autour de l’image de notre candidat qui est un produit vendable. Il a suffisamment montré aux Sénégalais ce dont il est capable à travers ses réalisations. N’oublions pas que tout au début, certains disaient en filigrane que ce que Wade a fait, Macky Sall ne pourra pas y mettre de la peinture. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire en termes de réalisations sur le plan social et dans tous les secteurs.

Le projet d’instauration du système de parrainage politique agite aujourd’hui le landerneau politique et l’opposition parle même de 23 juin bis. Qu’en pensez-vous ?
Le 23 juin était l’affaire des Sénégalais dans leur majorité qui s’étaient levés comme un seul homme pour aller dire non à une forfaiture. Ce n’était pas des partis politiques seulement. Je ne pense pas que cette opposition puisse faire la même chose. On ne peut pas revivre la situation des dernières élections législatives avec les 47 listes. Il y a deux filtres possibles : le relèvement de la caution et le parrainage. Et ce sont des questions qui ont été discutées dans les concertations sur le processus électoral.

Il y en a qui ne refusent pas mais qui jugent le 1% très élevé…
Je pense que ce sont des critères qui ont été posés sur la table. Tous les partis légalement constitués ont été invités au Cadre de concertation. Et ce sont ceux-là qui ont boycotté qui viennent aujourd’hui agiter cette question. Et le président de la République, dans sa sagesse, n’a pas voulu arbitrer directement et a préféré laisser l’Assemblée trancher.
De toute façon, il ne pouvait faire autrement puisque c’est une loi constitutionnelle et électorale…
L’Assemblée est le lieu de l’expression populaire. Ils disent qu’il y a une majorité mécanique et qui va faire passer comme lettre à la poste. Mais cette majorité mécanique a été bien le résultat du choix des Sénégalais qui ont donné la majorité à Benno bokk yaakaar. Donc, il faut qu’on respecte les autres. Maintenant il faut discuter parce que le pays nous appartient à tous.

Khalifa Sall a été épinglé par un rapport, celui de l’Ige, des responsables de l’Apr aussi par l’Armp ou encore l’Ofnac. Est-ce qu’il n’y a pas deux poids, deux mesures ?
Je voudrais m’arrêter aussi à ce niveau pour faire un certain nombre de clarifications. Le rapport de l’Armp ne condamne pas ou ne demande pas à la justice de faire condamner. Ce sont surtout des recommandations pour une amélioration de la commande publi­que. Alors ce que les gens ne disent pas, ce sont les efforts globalement consentis par le gouvernement. Donc, il y a une bonification cette année par rapport à la transparence des marchés publics. Les recommandations de l’Armp ne signifient pas que les gens ont pris de l’argent.

Il y a eu des manquements qui ont été notés…
Non les manquements, c’est au niveau des procédures d’achat. Quand vous faites une commande, il peut y avoir dans les procédures des entorses ou des erreurs.
Quand les rapports de Doing business lui sont favorables, le pouvoir jubile, mais si c’est le contraire, il les conteste.
Dans un rapport, il ne peut y avoir que des points positifs. Souvent ce sont des recommandations sur les points à corriger. Encore une fois aucune œuvre humaine n’est parfaite. Donc, ces rapports nous permettent de nous ajuster pour être plus performants. Mais on ne peut pas nous reprocher, quand les autres retiennent les points faibles, que nous en soulignions les points forts.
Aujourd’hui, le slogan de votre coalition, Benno bokk yaakaar, c’est la réélection du président de la République dès le premier tour. Qu’est-ce qui peut convaincre les Sénégalais pour lui renouveler leur confiance ?
Là vous parlez de bilan. En 2012, on se rappelle que les mécaniciens, les tailleurs, les menuisiers, etc., ne parvenaient pas à travailler correctement à cause des coupures d’électricité et du rationnement qui était devenu la règle. Aujourd’hui, non seulement nous sommes sortis de cette situation, mais la Senelec produit de l’électricité à suffisance. Les prix des denrées de première nécessité ont baissé.
Disons pour certaines denrées…
Bien sûr certaines denrées et c’est le cas aussi pour le carburant. Sans compter la surproduction d’arachide. Alors qu’on s’attendait à 400 000 ou 500 000 tonnes, nous avons obtenu 1 400 000 tonnes…
Que l’on peine à vendre justement…
Ça c’est normal parce qu’on ne s’attendait pas à une telle production. Et le rôle de l’Etat, c’est justement d’accompagner les producteurs dans l’écoulement de leurs productions.
Sauf qu’on nous avait aussi promis l’autosuffisance alimentaire en riz en 2017. C’est un échec non ?
Pas du tout ! Le gouvernement a fait ce qu’il devait faire et c’est le plus important parce que nous avons relevé de façon conséquente la reproduction du riz au Sénégal. Le gouvernement a donné des machines, subventionné le carburant avec des intrants qu’il faut pour accompagner toute la filière. Alors, ce n’est pas un échec que de se fixer des objectifs et de ne pas les atteindre.
Malgré tous ses efforts, on importe encore du riz, c’est cela qui est paradoxal…
La Chine est un producteur de riz mais elle en importe tout de même. L’essentiel, c’est de voir les efforts qui ont été faits, mais aussi les points faibles afin d’y apporter les solutions permettant une autosuffisance en riz.
Vous avez été arbitre international. Que dites-vous du choix du trio sénégalais dirigé par Malang Diédhiou ?
C’est une fierté et je souhaite à mes collègues de faire une bonne Coupe du monde. Nous avons été ensemble sur la liste des arbitres internationaux. Malang, qui est le porte-drapeau du Sénégal, est un colonel de la douane et un homme très sérieux. La Coupe du monde est une grande messe et il n’est pas donné à tout le monde d’y aller. Je précise qu’il y a une sélection rigoureuse des arbitres et, sous ce rapport, si on a un trio sénégalais, Malang, El Hadj Malick Samba et Djibril Camara, nous ne pouvons que leur souhaiter une excellente participation. Djibril me disait que c’est moi-même qui l’ai inspiré dans son choix de devenir arbitre. Et je sais qu’il le mérite.
Et l’Equipe nationale ?
Je pense qu’on a des chances de faire une bonne participation. Mais j’en profite pour saluer les efforts du gouvernement dans la prise en charge de l’équipe. Il faut quand même le dire, avant 2012, on parlait de problèmes de primes et d’autres détails. Mais depuis un certain temps, on en entend plus parler.