Avec le 5ème congrès de la Société sénégalaise de cancérologie (Sosecan) et la Société sénégalaise de radiothérapie et physique médicale (Sorp), qui s’est ouvert hier, les experts auront la possibilité de partager leur expertise dans tous les domaines. Par exemple, la prise en charge des femmes en état de grossesse ne l’est que lorsqu’on détecte le cancer chez elles. «Chez les femmes qui ont le cancer et qui sont en état de grossesse, on ne soigne pas ce que l’on dit une maladie, on soigne une personne. Ça dépend de la localisation. Mais si c’est le cancer du sein, la radiothérapie a sa place parce que nous avons les moyens, chez cette femme qui a une grossesse et veut lutter, de pouvoir protéger le fœtus et délivrer la dose exacte dans le sein ou dans un autre organe assez loin sans compromettre la vie du petit. C’est possible, nous avons la technologie pour le faire actuellement au Séné­gal», assure Mamadou Mous­tapha Dieng, oncologue, radiothérapeute et cancérologue. En termes d’acquis, le Sénégal peut capitaliser sur beaucoup d’avancées. Il ajoute : «Nous sommes le premier pays à disposer de cette technologie, nous sommes le premier pays à disposer de cet enseignement de la radiothérapie pour traiter le cancer. Et donc il était question de faire le point sur notre technique, sur notre art et de partager ça. Pour cela, nous nous sommes associés à la société de cancérologie pour que conjointement on puisse apporter un pas dans la lutte contre le cancer en général.»

Avec ce congrès, ce sera le moment de discuter des urgences de l’heure. «Nous avons donné la parole aux associations, à des jeunes médecins, aux techniciens qui soignent le cancer et à tous les corps de métiers qui s’activent autour du cancer en général pour une mise au point, dessiner les innovations, pour tout ce qui a de nouveau dans la lutte contre le cancer en vue d’optimiser et d’améliorer nos conditions de prise en charge des patients», note Mamadou Moustapha Dieng.

A l’issue de ce congrès, l’objectif est d’améliorer les soins qui sont prodigués aux malades, la connaissance de la maladie par les populations, le poids des institutions à Dakar et dans les régions. «En 2017, on n’avait aucune structure capable de prendre en charge correctement le cancer au Sénégal. Actuellement nous sommes à cinq structures fonctionnelles. Et nous pensons que ce nous avons réalisé en six ans, si nous continuons dans la même dynamique, en 2030, nous pourrons atteindre nos objectifs qui ont été dessinés en 2017, à savoir avoir assez de structures, de ressources humaines et avoir une politique claire, expliquer aux patients, expliquer aux médias, expliquer à la population sur la meilleure façon de soigner les cancers au Sénégal.»

Pour le professeur Amadou Dieng, enseignant à l’université de Cheikh Anta Diop, chef de Service cancérologie de l’hôpital Dalaal Jamm, «c’est un congrès qui va réfléchir sur les innovations en termes de traitement, mais également de prévention». Comment ? «Le cancer pose un problème de santé publique, un véritable fléau, et actuellement c’est la première cause de mortalité dans le monde. Dans nos pays, il faut qu’on essaie de rendre le traitement accessible, que ce soit la chimiothérapie, la radiothérapie mais également les traitements chirurgicaux», mentionne-t-il. Il enchaîne : «Il faut louer ici ces efforts de l’Etat qui a rendu la chimiothérapie gratuite. Une bonne partie de la chimiothérapie est accessible. Maintenant il y a des efforts à faire au niveau de la prévention. C’est surtout la prévention, il faut qu’on insiste, qu’on ait un plan de lutte contre le cancer.» Lequel va permettre, en plus de la prévention, de dépister les cancers. «Parce que dans nos pays où les ressources sont limitées, il est plus important de mettre le focus, l’accent sur la prévention du cancer. Parce qu’on sait que le traitement de ces cancers pose un véritable problème financier. Ce qui est attendu, c’est d’abord le point de la stratégie, c’est de pouvoir mettre le focus surtout sur les stratégies de prévention. Nous allons beaucoup insister sur la prévention des cancers, mais également nous allons insister sur les traitements, comment faire pour optimiser les traitements, pour sécuriser les traitements. C’est cette réflexion-là que nous allons verser au niveau des décideurs pour améliorer la prise en charge.»

Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn