Lutte contre le terrorisme, gouvernance mondiale, cessation des hostilités en Ukraine… : Macky Sall assène ses vérités aux Nations unies

Le président de l’Ua a appelé le Conseil de sécurité à s’engager davantage dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. Macky Sall, qui a fait ce plaidoyer à l’ouverture de l’Assemblée générale de l’Onu hier, a aussi appelé à la cessation des hostilités en Ukraine.Par Dieynaba KANE
– A l’ouverture hier de la 77ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’Onu, Macky Sall a porté la voix de l’Afrique en sa qualité de président de l’Union africaine. Et les enjeux sont multiples : lutte contre le terrorisme, la place de l’Afrique dans les instances internationales, l’exploitation des ressources disponibles en Afrique, entre autres, ont été au cœur du discours du Président Sall. Concernant le «terrorisme qui gagne du terrain sur le continent», le chef de l’Etat fait remarquer que ce «n’est pas qu’une affaire africaine». Relevant que «c’est une menace globale qui relève de la responsabilité première du Conseil, garant du mécanisme de sécurité collective, en vertu de la Charte de l’Organisation», il a lancé cet appel : «Nous invitons le Conseil à mieux s’engager avec nous dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, avec des mandats plus adaptés et des moyens plus conséquents.» Se prononçant sur la guerre en Ukraine avec des conséquences sur le continent, le président de l’Ua a plaidé la désescalade et la cessation «des hostilités en Ukraine, pour une solution négociée, afin d’éviter le risque catastrophique d’un conflit potentiellement mondial». Et Macky Sall de poursuivre son plaidoyer : «Je suis venu dire que l’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire ; qu’elle ne veut pas être le foyer d’une nouvelle guerre froide, mais plutôt un pôle de stabilité et d’opportunités ouvert à tous ses partenaires, sur une base mutuellement bénéfique.»
Dans la même veine, il soutient que, sans ignorer «l’Afrique des problèmes, qu’il faut pacifier et stabiliser», le continent a des solutions «avec ses 30 millions de km2, ses ressources humaines, plus de 60% des terres arables du monde, ses richesses minières, forestières, hydriques et énergétiques».
«Nous avons l’Afrique des solutions»
Et d’ajouter : «Oui, nous avons l’Afrique des solutions, avec des gouvernements à la tâche, une jeunesse vibrante et créative qui innove, entreprend et réussit, des millions d’hommes et de femmes qui travaillent dur pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles, qui investissent, créent de la richesse et génèrent des emplois.» Selon lui, c’est cette Afrique qui «souhaite engager, avec tous ses partenaires, des rapports réinventés, qui transcendent le préjugé selon lequel qui n’est pas avec moi, est contre moi».
Dans ce sens, le chef de l’Etat veut nouer «un multilatéralisme ouvert et respectueux de nos différences». Parce que, rappelle-t-il, «le système des Nations unies, né des cendres de la guerre, ne peut emporter l’adhésion de tous que sur la base d’idéaux partagés, et non de valeurs locales érigées en normes universelles». A la tribune des Nations unies, Macky Sall a aussi demandé à «vaincre les réticences et déconstruire les narratifs qui persistent à confiner l’Afrique à la marge des cercles décisionnels». Pour lui, «il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de sécurité telle que reflétée dans le Consensus d’Ezulwini».
Dans le même esprit, il a rappelé la «demande d’octroi d’un siège à l’Union africaine au sein du G20, pour que l’Afrique puisse, enfin, se faire représenter là où se prennent les décisions qui engagent un milliard quatre cents millions d’Africains».
La question de l’énergie et des ressources a été aussi soulevée par le président de l’Ua. Ainsi, d’après Macky Sall, «il est légitime, juste et équitable que l’Afrique, continent le moins pollueur, et le plus en retard sur le processus d’industrialisation, exploite ses ressources disponibles pour disposer d’une énergie de base, améliorer la compétitivité de son économie et réaliser l’accès universel à l’électricité». M. Sall a également fait savoir «qu’à ce jour, plus de 600 millions d’Africains vivent encore sans électricité». En outre, il a appelé à travailler «à la réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars par an, en appui aux efforts d’adaptation des pays en développement, et au financement du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, sous l’égide de la Bad et du Centre mondial pour l’adaptation». A ce propos, M. Sall a tenu à préciser : «Au demeurant, nous considérons le financement de l’adaptation non comme de l’aide, mais comme une contribution des pays industrialisés à un partenariat mondial solidaire, en contrepartie des efforts que fournissent les pays en développement pour éviter les schémas pollueurs qui ont plongé la planète dans l’état d’urgence climatique actuel.»
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