Lutte contre les agressions sexuelles et féminicides : Le Collectif des féministes dénonce la culture du viol au Sénégal

Par Justin GOMIS
– Au lendemain de l’affaire Souleymane Seck, placé sous mandat de dépôt pour viol présumé, le Collectif des féministes du Sénégal a organisé un sit-in samedi à la Place de la Nation, à Dakar, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Tous âges confondus, elles brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Stop au viol», «Stop au harcèlement des femmes», «Les violeurs, ce sont les vrais terroristes», «Brisons le silence pour les femmes», «Stop à l’impunité». «Nous sommes réunies aujourd’hui en tant que collectif regroupant des féministes sénégalaises pour lever nos voix contre les violences faites aux femmes et aux filles, mais plus particulièrement pour témoigner toute notre indignation face aux nombreux cas de viol et de féminicide auxquels nous assistons depuis des années», déclare la porte-parole du collectif, Aïssatou Sène, qui dénonce «les violences faites aux femmes sous ses différentes formes» et tire la sonnette d’alarme sur «la situation alarmante des femmes victimes de viol ou de harcèlement». Cette marche vise à maintenir la pression sur l’Etat. «Nous portons ces revendications aujourd’hui sous le slogan #JusticePourToutesLesLouise tout en tenant à rappeler que le cas de Louise est un parmi des milliers», rappelle Mme Sène. «Chaque jour, des actes de violences sexuelles et de féminicide sont commis sur des femmes et des filles et relayés par la presse ou enregistrés dans les structures d’accueil dédiées ou passés sous silence. L’Etat est appelé à mettre en place des structures de prise en charge des victimes de violences sexuelles et de féminicide dans les 45 départements du Sénégal afin de mieux collecter des données sur les profils des victimes et de proposer des services adaptés. Le viol et le féminicide sont une réalité au Sénégal. Le nombre de victimes ne cesse de croître et l’absence de mesures d’accompagnement telles que la prise en charge des victimes dans des centres spécialisés demeure préoccupante», enchaîne Aïssatou Sène. Elle condamne une forme de banalisation des agressions contre les femmes. «Les Louise sont partout : dans les maisons, les bureaux, les écoles, les marchés, la rue. Il est temps que cela cesse. Le vote de la loi sur la criminalisation du viol en décembre 2019 n’y change rien, enchaîne-t-elle. Elle doit donc être appliquée dans toute sa rigueur, car toutes les Louise ont soif de justice. Ce sit-in entre dans le cadre d’un vaste programme de sensibilisation et de plaidoyer sur les violences sexuelles et les féminicides que le collectif a engagé depuis quelques mois pour amplifier ses actions. Toutes les victimes de violences sexuelles et de féminicide sont d’égale dignité. Nous les soutenons toutes, sans distinction de rang social. Notre position est toujours restée constante en tant que féministes et militantes», assure Aïssatou Sène, consternée par autant d’agressions contre les femmes.
justin@lequotidien.sn