Maillot de l’Equipe nationale : Les performances déteignent sur la vente

L’Equipe nationale du Sénégal à la Can. Une occasion pour les amateurs de foot de montrer leur passion et patriotisme. Une opportunité aussi pour les commerçants de faire plus de recettes, en écoulant des produits aux couleurs nationales. Selon les vendeurs, l’engouement autour des maillots dépend étroitement des résultats et du jeu des Lions.Par Abdou Rahib KA –
Dans les marchés et autres lieux de commerce, la présence du vert jaune rouge rappelle que l’équipe nationale du Sénégal est toujours en course pour la Coupe d’Afrique des nations (Can), qui se tient au Cameroun. Tout en Khadim Diop, marchand ambulant, renvoie au Sénégal. Drapé des couleurs du pays, maillot de l’équipe nationale sur le dos, il propose des drapeaux, fanions et porte-clés aux couleurs du Sénégal. Les passants de l’avenue Ponty n’ont pas l’air trop intéressés. «Ça ne marche pas bien actuellement. Je pensais que c’était la campagne électorale qui avait pris le dessus sur la Can, mais les méventes se poursuivent alors que le Sénégal joue demain. C’est vraiment différent de 2019», affirme-t-il avant de se diriger vers une autre rue.
Un peu plus loin, devant le centre commercial Touba Sandaga, Aliou Diop, la barbe blanche, fait le même constat. Adossé à une voiture, le sexagénaire brandit par moment un maillot floqué « Mané » pour attirer l’attention des passants. «Les ventes sont plus timides, comparées aux premiers jours. La donne pourrait changer si l’équipe va plus loin dans la compétition. J’espère bien en tout cas», précise-t-il en réajustant le gros sachet sur son épaule.
Il évoque par ailleurs, un article qui résistait bien aux méventes avant de se faire rare. «Le maillot de 2002 marchait très bien, mais on ne le voit presque plus chez les grossistes. Ils le gardent certainement pour faire de meilleures marges», conclut-il.
Le maillot de 2002 en vedette.
Devant les étals et vitrines, ou arboré sur les réseaux sociaux, en photo de profil, un maillot blanc avec des bandes verte, jaune et rouge se distinguent nettement. Il s’agit de celui de 2002. Un clin d’œil nostalgique à la campagne de Séoul et Tokyo que Diadji Dia met bien en évidence devant sa boutique, sise à Colobane. «C’est le maillot le plus cher et le plus demandé du marché. J’ai moi-même un numéro 19 que je porte les jours de match. Pour les autres, les ventes se sont essoufflées après le premier match. Avant la Can, ce sont les appels des clients qui me réveillaient parfois. Actuellement, on n’en vend que très rarement parce que les performances des joueurs ne sont pas bonnes.» Les explications du vendeur seront interrompues par un jeune qui cherche le maillot de l’Argentine. Rares sont les boutiques qui ne proposent pas ce maillot rétro. Son regain de popularité serait cependant antérieur à la présente Can. D’après les explications de Ousmane Tine qui tient une boutique plus grande, «c’est avec l’hommage à Pape Bouba Diop que le maillot rétro a commencé à entrer sur le marché. Ce sont les tailleurs locaux qui les confectionnaient. Avec l’engouement que cela a suscité, de grands commerçants ont commencé à en importer». Médoune Diagne a vu passer beaucoup de maillots dans son atelier de flocage, surtout le fameux rétro. Sur ceux-ci, il a eu à imprimer des numéros, noms, messages et même des prières. Aujourd’hui, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur, il devise sur les résultats des élections locales avec ses amis. Les appareils sont à l’arrêt et l’encre n’a pas encore servi. C’est le stand by, comme il dit. Pour le jeune homme qui recevait plus d’une cinquantaine de clients par jour, la raison est toute simple : «Les 3 premiers matches n’ont pas rassuré les Sénégalais. Si on sort un match de qualité avec des buts contre le Cap-Vert, j’ai bon espoir que les clients reviendront.» Les performances de l’équipe nationale au Cameroun ne manqueront pas d’avoir un écho particulier pour certains commerçants de Sandaga et Colobane. Entre la fierté nationale et la raison économique, l’enjeu pour eux est forcément double.