Au Mali, le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition, a décidé hier de démettre le Président de la transition malienne Bah N’Daw, et son Premier ministre Moctar Ouane. Goïta justifie sa décision par le fait que ces derniers n’aient pas gagné la confiance de partenaires sociaux et de préserver la «Charte de la transition».Par Mamadou SAKINE
– Le Président de la transition malienne Bah N’Daw, et son Premier ministre Moctar Ouane ont été mis «hors de leurs prérogatives» hier par le colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition. Il affirme que c’est pour «préserver la Charte de la transition et défendre la République». C’est à travers un communiqué lu à la télévision nationale que le leader de l’ex-Comité national pour le salut du Peuple, à l’origine du coup d’Etat du 18 août 2020, a informé l’opinion.
L’homme qui était à la tête de la junte à l’origine du coup d’Etat contre le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) accuse le gouvernement de Moctar Ouane de ne pas avoir gagné la confiance des partenaires sociaux. Donc d’être responsable de la grève illimitée actuellement en cours au Mali. L’ex-junte reproche au Premier ministre d’avoir constitué la liste de son nouveau gouvernement, «en accord avec le Président de transition», mais «sans concertation avec le vice-président». Assimi Goïta a rappelé que c’est lui, selon la Charte de la transition, qui est en charge de la défense et de la sécurité du pays, selon Rfi. Les colonels Sadio Camara et Modibo Koné, évincés la veille du gouvernement, ne sont pas cités, mais ce sont bien leurs deux portefeuilles, la Défense et la Sécurité, qui sont évoqués, ajoute la même source. Ainsi pour certains observateurs, il s’agit d’un «coup d’Etat».
Dans le communiqué, le vice-président de la transition invite les Maliens «à vaquer librement à leurs occupations» tout en leur rassurant «que le processus de transition suit son cours normal», avec des élections prévues l’année prochaine. Le médiateur de la Cedeao pour le Mali, le Nigérian Goodluck Jonathan, est attendu à Bamako.
Arrêtés, Bah N’Daw et Moctar Ouane ont été conduits ce lundi 24 mai 2021 au camp de Kati, près de Bamako, par des militaires proches du Comité national pour le salut du Peuple.
Lundi soir, le Comité local de suivi de la transition, qui rassemble la Cedeao, l’Union africaine, la Minusma, mais aussi la France, l’Union européenne ou les Etats-Unis, s’est réuni en urgence à Bamako. Dans un communiqué, il menace que «les éléments militaires qui détiennent (les autorités retenues à Kati) seront tenus personnellement responsables de leur sécurité. La communauté internationale rejette par avance tout acte imposé par la contrainte, y compris des démissions forcées».
L’Ua et la Cedeao ont condamné «un acte d’une gravité extrême». Les deux organisations appellent tout de même à «privilégier l’esprit de dialogue pour régler les malentendus autour de la mise en place du gouvernement».
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