L’annonce de sa démission de la Plateforme Avenir senegaal bi nu bëgg avait suscité la curiosité. Me Mame Adama Guèye l’explique par des «divergences persistantes» entre lui et ses camarades et qui précèdent les Législatives. Selon lui, sans les nommer, l’organisation «s’écartait de ses principes fondamentaux». L’avocat estime, par ailleurs, que dans l’affaire Khalifa Sall, que la justice est instrumentalisée à des fins politiques, comme elle l’a été par les régimes précédents.

On ne vous a pas entendu pendant les Législatives, qu’est-ce qui expliquait ce silence ?
C’est un choix délibéré. Parce que les conditions dans lesquelles la plateforme à laquelle j’appartenais a décidé de participer aux Législatives ne me convenaient pas. Et c’est ce qui expli­que aussi qu’après les Légis­latives, j’ai décidé de démissionner. C’était la suite logique de cette attitude de démarquage par rapport à tout le processus électoral.

Est-ce à dire que quelque chose vous gênait dans cette démarche de la plateforme ?
Oui, on a eu des divergences persistantes sur les questions organisationnelles antérieurement aux élections législatives. Donc, les élections législatives ont été un révélateur supplémentaire.

Et quelles sont ces «divergences persistantes», com­me vous le dites ?
Je n’ai pas l’habitude de mettre sur la place publique des débats internes, par respect pour le passé et pour le fait que nous avons quand même partagé une vision. Donc, ce n’est pas parce qu’on se sépare dans le cadre de l’activité politique qu’il faut aller dans des approches conflictuelles. Nous avons engagé une aventure ensemble sur la base d’une vision que nous avons partagée. A un moment, les divergences sont arrivées à un point où j’ai estimé que je devais prendre mes responsabilités et mettre fin à l’aventure. Je l’ai fait dans le plus grand respect et nous restons bons amis et il ne peut y avoir d’animosité.

Ce sont des questions de fond ou c’est la forme de la participation ?
Ce sont des questions organisationnelles essentielles, des ap­proches organisationnelles, stratégiques, sur lesquelles il y a eu des divergences de fond. Et moi, par cohérence avec ce que je crois, j’ai estimé qu’il était préférable que j’arrête l’aventure.
Est-ce que c’est dans le choix des personnes par exemple ?
Mais non, je ne m’attarde pas sur des détails. Ce sont des questions de principe. Franchement, cela n’a rien à voir avec des questions de personne.

Est-ce que c’est lié à la participation aux Législatives ?
Ah oui, bien sûr ! Parce que, comme je l’ai dit, les divergences précédaient les Législatives. Je répète que c’est lié à une question d’approche.

Quelle était vous, votre approche ?
Moi, j’ai toujours préconisé de rester en cohérence par rapport aux principes fondamentaux qui ont été à la base de la mise en place de la plateforme. Et, à mon avis, à un moment donné, j’ai trouvé que l’organisation s’en écartait de manière persistante.

C’est une question de ligne politique ?
Pas de ligne politique, mais de cohérence par rapport à un certain nombre de principes. C’est mon point de vue. Je quitte l’organisation dans le respect. Et puis voilà.

Cela a été quand même une surprise de ne pas vous voir sur la liste de Assemblée bunu begg ?
Je respecte le point de vue des observateurs sur la question. Le plus important, ce n’est pas mon positionnement personnel, mais la cohérence par rapport à des principes fondamentaux auxquels je tiens absolument et qui ont été à la base de mon engagement depuis toujours.

Cela a été discuté au niveau de la plateforme ?
Ah oui, bien sûr ! J’ai fait comprendre à mes amis les raisons de cette divergence. Nous en avons discuté et je leur ai fait savoir que les divergences sont arrivées à un point où j’avais perdu la foi dans l’engagement qui m’avait amené dans la plateforme. Je n’étais plus motivé. Et moi, dans la vie, quand je m’engage, je m’engage à fond.

Pourquoi vous n’avez pas démissionné en ce moment-là ?
Par respect, je pense qu’il ne faut pas chercher à faire les choses de façon spectaculaire. Je ne voulais rien faire qui pouvait laisser penser que j’étais animé par l’intention de saboter l’engagement de la plateforme. On peut ne pas être d’accord mais ce n’est pas une raison suffisante, à un moment crucial de l’engagement de la plateforme dans un processus électoral, de faire des déclarations ou d’avoir des attitudes qui pourraient impacter sa participation aux élections. Donc, j’ai pris totalement du recul pour ne pas gêner en aucune manière l’engagement de la plateforme.

La plateforme devait-elle participer aux Législatives ?
Je pense que c’était une bonne décision. Maintenant, je n’étais pas d’accord avec les conditions dans lesquelles cet engagement s’est fait.

Quelles sont ces conditions ?
Non, encore une fois, je ne veux pas aller dans des détails. Je préfère regarder devant et non dans le rétroviseur. On a cru ensemble à une vision sur la base d’une démarche innovante. Je me suis engagé avec beaucoup d’enthousiasme. Malgré ma démission de l’organisation, je me félicite d’avoir eu l’opportunité de vivre cette expérience. Mais je préfère garder ça, gardé de bonnes relations avec mes amis.

Vous avez pris deux mois pour annoncer votre démission, qu’est-ce qui explique cela ?
En réalité, c’est pour des raisons personnelles. Effective­ment, j’ai démissionné le 27 septembre. Entre temps, il y a eu des choses qui se sont passées comme le décès du Khalife général des Tidianes. Et j’avais compris aussi que si j’annonce une information, la presse voudrait savoir pourquoi ? Et je n’étais pas disponible en ce moment-là pour me prêter à cet exercice normal. Voilà les raisons qui ont fait que j’ai attendu d’être disponible pour rendre publique ma démission.

Que pensez-vous de la participation de Assemblée bi nu bëgg aux Législatives ?
Ecoutez, puisque j’ai décidé librement de ne pas m’impliquer dans sa participation aux élections, je préfère ne pas porter de jugement. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Par conséquent, ce ne serait pas juste et raisonnable de me livrer à une analyse de la participation de la coalition.

L’objectif était quand même d’avoir deux députés, il n’y en a pas eu. Est-ce qu’aujourd’hui, de façon générale, c’est la Société civile qui ne marche pas ?
J’avoue que j’étais choqué par la délectation d’une certaine presse qui se défoulait sur la participation de certaines organisations, de certains candidats comme s’ils étaient contents de constater qu’ils avaient échoué. Ce n’est pas bien. On ne peut pas taper sur les indépendants ou de nouveaux acteurs qui arrivent parce qu’ils ont échoué. Il faut quand même être sérieux ! Qui peut contester que quelqu’un comme Abdoul Mbaye a le profil pour être député ?
C’est au niveau des électeurs que ça pose problème ?
Ça, c’est autre chose. Les électeurs peuvent ne pas vouloir voter. Mais ce que je ne trouve pas acceptable, c’est qu’une certaine presse se délecte de cet échec. Au contraire, il faut encourager les mutations politiques. Tout le monde constate les manquements, l’incapacité de notre classe politique traditionnelle à faire progresser ce pays. Il y a beaucoup de déterminants dans une élection. Peut-être que c’est parce qu’un candidat n’a pas bien préparé l’élection, qu’il n’avait pas assez de ressources, que les conditions catastrophiques d’organisation des élections n’ont pas favorisé l’implication des électeurs. Il faut le dire, rien n’a été fait pour encourager la participation de la majorité des électeurs. Au contraire, le pouvoir en place a tout fait pour que ceux qu’il pensait lui être favorables soient inscrits, pour les mobiliser et les faire voter. Il a tout fait, en revanche, pour décourager une grande majorité des Sénégalais à aller voter. Donc, ce sont tous ces faisceaux d’éléments qu’il faut analyser et non se focaliser sur le fait que, encore une fois, les indépendants ou les nouveaux acteurs se sont cassé la figure. On tire des conclusions hâtives du genre les citoyens ne leur font pas confiance. Mais non, il faut faire des analyses sérieuses, plus profondes. Et vous le savez très bien, les abstentionnistes votent rarement pour le pouvoir en place.

Malgré tout, il y a eu quand même plus de 53% qui ont voté… ?
Mais il ne faut pas qu’on se suffise de cela. Combien de Sénégalais ont voulu voter alors qu’ils n’ont pas eu leur carte ? C’est fondamental ! Ils ont montré leur volonté de voter contre la démocratie qui doit être mise en avant, qui doit être dénoncée. Pas l’échec de certaines personnes. Je pense qu’il faut avoir une lecture holistique, une lecture large des choses. Et c’est cela le rôle des observateurs de la vie publique.

Vous avez été candidat de la Société civile à une Présidentielle. Aujourd’hui quelle lecture globale faites-vous de la participation justement de cette Société civile ? Qu’est-ce qui pose problème ?
Ce n’est pas la Société civile, ce sont des acteurs indépendants. Il faut toujours faire cette nuance. C’est très important. Moi, si je fais une analyse, je ne me suis pas présenté (en 2007) dans les meilleures conditions possibles. Et je le reconnais. Il y a eu beaucoup de manquements. Je me suis présenté très tard. Je ne remplissais pas toutes les conditions. C’était difficile de faire un bon résultat. Et si vous analysez, il y a 300 et quelques partis. Combien de partis réussissent leur engagement dans les élections en pourcentage ? Pourquoi on ne fait pas attention à cela ? Combien de partis sont représentatifs ? Combien de partis n’ont jamais participé à des élections ?

C’est un fait aussi ?
Je suis d’accord, c’est un élément d’analyse. Mais il ne faut pas trop le mettre en exergue par rapport à des questions plus essentielles. Ce sont les conditions de participation à l’élection. A mon avis, c’est important. Et c’est ça qui fait avancer le système démocratique et le système électoral. Et moi, je pense que, comme je vous l’ai déjà dit, il y a beaucoup de paramètres qui font qu’on réussit ou qu’on ne réussit pas une élection. Et le fait d’échouer à une élection n’est pas l’apanage des acteurs indépendants. Donc, il ne faut pas laisser penser à l’opinion, en tirant des conclusions, que les citoyens ne font pas confiance aux indépendants. C’est trop simpliste. Il faut aller faire des analyses plus profondes.

Dans votre communiqué annonçant votre démission de la Plateforme Avenir senegaal bi nu bëgg, vous parlez de nouvelle orientation politique. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Je suis dans une période de réflexion et c’est au bout de cette réflexion que je déciderai quelle orientation je donnerai à mon engagement politique.

Cette orientation serait-elle une candidature à la Présidentielle ?
Je vous ai dit que le processus est en cours. Et après que je donnerai cette orientation politique qui ne peut pas être un engagement à une élection. C’est beaucoup plus que cela. Je ne me focalise pas sur l’élection présidentielle.

Vous êtes un des acteurs, sinon l’acteur principal de la Plateforme Avenir seegaal bi nu bëgg. Peut-on s’attendre à des retrouvailles avec vos anciens camarades ?
Je n’envisage pas de me retrouver avec eux. C’est un beau projet fondé sur de belles valeurs et de bons principes avec une démarche innovante. Mainte­nant, je l’ai vécu, ça ne s’est pas passé comme je l’ai voulu et j’ai décidé de tourner la page. Je regarde devant.

Espérez-vous que la nouvelle Assemblée soit celle de la rupture…
Rien ne va changer et elle est dans la lignée des Assemblées précédentes. C’est toujours la majorité mécanique…

Vous vous attendiez à un résultat serré comme certains l’avaient pronostiqué ?
En termes de résultats, le pouvoir est minoritaire. C’est le mécanisme de l’élection législative, avec son système Raw gaddou, qui pose problème. Cela ne correspond pas à la majorité politique qui existe dans le pays. Mais avec 49%, c’est effectivement serré. Si on veut une vraie démocratie, on doit réfléchir à la réforme du système électoral en donnant plus de places à la Proportionnelle. On ne peut pas avoir une majorité et prétendre faire fonctionner la démocratie. C’est une mascarade !

L’actualité, c’est l’affaire Khalifa Sall et le débat sur la levée de son immunité parlementaire demandée par le procureur de la République. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce que cela m’inspire -tout le monde l’a déjà dit- c’est qu’on est dans une incohérence totale. On frise l’attentat contre l’Etat…

En quoi ?
L’aveu est la reine des preuves…

Qui a avoué ?
Le procureur…

Pourtant il n’a pas parlé…
Oui, mais ce sont les actes et les actes parlent plus que les paroles. Le procureur a dénié à Khalifa Sall son immunité, la justice lui a dénié son immunité. Et cette même justice demande qu’on lève son immunité parlementaire. On est où ?

Est-ce que cela peut faire annuler la procédure ?
Je l’espère. Mais je pense que les parties prenantes devraient vraiment revenir à la raison : l’Assemblée nationale, le pouvoir, le procureur. On doit rétablir Khalifa Sall dans ses droits. La loi est dure, mais c’est la loi et il faut l’appliquer. Et aujourd’hui, il faut qu’on respecte l’Etat de droit. La primauté de la loi s’impose à tout le monde. On doit éviter d’instrumentaliser la loi et la justice pour des intérêts politiques. Aujourd’hui, tout montre que cette affaire à de très fortes connotations politiques.

C’est votre conviction ?
Oui, c’est ma conviction. Et ce n’est pas seulement ce régime-là, tous les autres qui l’ont précédé ont instrumentalisé la justice à des fins politiques. Ce qui rend encore plus pertinent la question de l’indépendance de la justice.

Alors, qu’est-ce qu’il faut changer ?
Il faut refonder cette Répu­blique parce que nous n’en avons pas. Ce sont les principes républicains qui peuvent permettre de faire fonctionner correctement un pays. Il faut donc un système institutionnel qui garantisse l’indépendance.

Dans cette affaire Khalifa Sall précisément, la justice a-t-elle été indépendante ?
Je répète que dans cette affaire, la justice est en train d’être instrumentalisée au service d’intérêts politiques, comme cela s’est déjà passé sous Wade, sous Diouf. Je suis avocat depuis plus de 35 ans, je n’ai vu qu’une seule fois une juridiction s’opposer à la volonté d’un pouvoir politique contre un adversaire politique. C’était le juge Mody Coumba Bâ.

Dans quelle affaire ?
Dans une affaire concernant Abdoulaye Wade.

Les juges sont-ils alors quelque part ligotés ?
Je pense que ce sont des choix. Les conditions d’indépendance existent, mais c’est à chacun de l’exercer. Et heureusement encore, il y a beaucoup de magistrats qui assument leur indépendance. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est l’élection du nouveau bureau de l’Ums. Je suis assez optimiste avec l’élection du président Teliko. Pour qu’il soit président, il faudrait qu’il y ait une grande majorité de magistrats qui votent pour lui. Donc, ce n’est pas l’élection en tant que telle, mais son profil, son engagement pour l’indépendance, la majorité a décidé de porter son choix sur sa personne. Pour moi, il y a des raisons d’être optimiste. Je connais Souleymane Teliko qui est un magistrat d’une très grande qualité, compétent, ri­gou­reux, intègre, indépendant…

Sauf que ce n’est pas lui qui va changer le système…
Non, il ne faut pas s’arrêter à sa personne. Il faut plutôt s’intéresser à la dynamique qui a abouti à son élection. C’est pour cela que je suis optimiste. Maintenant, ça ne suffira pas. Il faut -et le Président (Macky Sall) était allé dans une direction où il n’a pas respecté malheureusement sa parole- convoquer les Assises de la justice. Elles devaient être convoquées depuis avril, ça n’a pas été fait. Que toutes les parties prenantes puissent s’asseoir et qu’on discute de quelle nouvelle vision pour une justice crédible et performante.

Cela a été fait avec les Assises nationales et la Cnri…
Non ! Cela n’a rien à voir avec les Assises qui sont un exercice particulier auquel il faut se livrer. J’invite, à nouveau et solennellement, le président de la République à convoquer ces Assises qui mettront en cohérence, dans une démarche inclusive, toutes les parties prenantes que sont l’Etat, les magistrats, les avocats, les organisations des droits de l’Homme, etc., qu’on mette tout sur la table.

On va vers une élection présidentielle. Certains soup­çonnent une volonté du pouvoir d’écarter Khalifa Sall et Karim Wade. Est-ce votre avis aussi ?
J’ai la conviction que si Khalifa Sall était tranquille dans le Ps, sans aucune prétention, il n’aurait eu aucun problème. Je ne peux pas spéculer mais je subodore qu’il y a une volonté de créer les conditions pour qu’il ne puisse pas participer à l’élection présidentielle. C’est un sentiment personnel et, je pense, qui est largement partagé. J’en appelle à la responsabilité de tout un chacun. Il faut qu’on sorte de cette logique de conflit permanent entre le pouvoir et l’opposition et qu’on aille dans une forme de gouvernance con­certée. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’opposition, mais entre deux élections, il peut y avoir une gouvernance concertée. Que le pouvoir en place ne soit pas suffisant, arrogant, irrespectueux vis-à-vis de son opposition.

C’est le cas aujourd’hui ?
Pour moi, c’est le cas et c’est inacceptable. Et pour être cohérent, si on a cette posture, il ne faut pas s’étonner après, que quand on invite les gens à discuter qu’ils soient réticents.
C’est un problème de con-fiance entre le pouvoir et l’opposition…
Exactement, c’est le bon terme. C’est la confiance et la bonne foi qui peuvent créer les conditions d’une gouvernance concertée. Je ne veux pas parler de «dialogue» parce qu’on le réduit à un tête-à-tête entre le pouvoir et l’opposition. La gouvernance concertée dépasse le cadre politique, politicien et électoral. Cela veut dire qu’à chaque fois qu’une question se pose, le gouvernement, de manière humble et modeste, consulte les personnes concernées ou les sommités qui ont des solutions qui peuvent être utiles au pays de manière systématique. Donc, une approche plus ouverte. Ne pas juste avoir un dialogue à caractère pathologique, c’est-à-dire qu’à chaque fois qu’il y a élection, il y a une tension, puis un dialogue. Donc, c’est une éternelle répétition. Le pouvoir doit donner des signes de respect et des gages à l’opposition. Mais que l’opposition aussi comprenne que la relation avec le pouvoir ne peut être simplement une relation de «pousse-toi que je m’y mette». Elle peut répondre à des invitations ponctuelles. Mais la décision appartient au pouvoir. Quand le Président a voulu envoyer des soldats au Yémen, c’est une question tellement importante qu’il devait rencontrer l’opposition sans qu’il soit obligé de lui donner des détails. C’est cet état d’esprit qu’il faut instaurer.

Pour le dialogue justement, on parle de rencontre entre le ministre de l’In­térieur et les partis politiques. Où sont les indépendants alors que la nouvelle Constitution leur permet désormais de participer à toutes les élections ?
Je précise que je participerai à cette rencontre parce que j’ai reçu l’invitation du ministère de l’Intérieur aujourd’hui même. J’ai quand même participé à une élection aussi importante que la Présidentielle alors qu’il y a des partis politiques qui n’ont jamais participé à une seule élection. Ces partis politiques ne peuvent pas avoir plus de mérite que les indépendants.

Que faut-il faire pour une élection présidentielle sans contestations ni couacs ?
Je pense qu’il y a une revendication très légitime de l’opposition, c’est-à-dire la mise en place d’une structure indépendante chargée d’organiser les élections. Ce serait un bon moyen de rétablir la confiance entre les acteurs. Mais il faut aussi tout faire pour une bonne distribution des cartes d’électeur après lesquelles les gens continuent de courir. Donc, il faut que le pouvoir arrête de fausser le jeu et de brouiller les cartes.

Seulement, sauf surprise, ce dialogue devrait se faire sans certains grands partis de l’opposition…
Oui, mais même en leur absence, le gouvernement sait ce qu’il faut faire pour corriger tous les dysfonctionnements qui ont été constatés lors des Législatives. Que le Président décide de créer une structure indépendante, ce serait un bon signal, un bon gage de transparence.

Pensez-vous qu’il va le faire alors qu’il en avait l’occasion lors de la formation du gouvernement d’après les Législatives ?
De toute façon, ce n’est pas encore trop tard. Le Président peut le faire à tout moment puisqu’il suffit d’un décret.

Maître, peut-on s’attendre de vous la création d’un parti politique ?
Ça, je ne l’envisage pas.