Journaliste et écrivaine sénégalaise, Mame Famew Camara est auteure de cinq livres. Agée aujourd’hui de 36 ans, elle fut en 2016 lauréate du Prix du jeune auteur, décerné par l’Association des écrivains du Sénégal, et en 2018 du Prix du jeune écrivain de la renaissance africaine. Après un long séjour en France, Mame Famew Camara vit maintenant au Sénégal. Dans cet entretien, l’auteure répond aux questions de «MediaCulture.info» sur son cinquième livre, «Une femme roc», sorti le 1er octobre 2019 et dont la cérémonie de dédicace a eu lieu le 14 décembre 2019 au Musée Léopold Sédar Senghor de Dakar. A travers ce roman de 202 pages qui vient d’être traduit également en italien, Mame Famew Camara dénonce «les violences muettes» vécues par les femmes dans sa société. Aussi en tant que citoyenne, la jeune écrivaine évoque dans cet entretien les ambitions qu’elle nourrit dans le domaine politique.

Une femme roc, votre cinquième ouvrage, peut laisser entendre qu’il s’agit d’une histoire de «femme forte». Pourquoi ce titre qui semble contredire l’attente du lecteur au regard du destin de Faly, le personnage principal du roman ?
J’ai choisi ce titre parce que pour moi Faly est une femme roc. Elle a beaucoup enduré dans son ménage. Il faut être fort pour pouvoir le faire. Même si elle est fragile, elle a du caractère. Sans cela, elle n’aurait pas pu tenir. Le titre et l’histoire ne sont pas contradictoires. Faly s’est toujours battue pour sauver son ménage. Elle s’est aussi battue contre la maladie. Elle n’a jamais baissé les bras devant l’adversité. Donc, c’est un roc.

On pourrait dire qu’elle a plutôt enduré, subi…
Elle a subi, mais elle s’est aussi battue. Il faut savoir que dans notre société, la femme mariée doit subir pour sauver son ménage. C’est ce qu’elle a essayé de faire au début, mais in fine elle a refusé une telle souffrance. Elle a poussé son mari à parler. Ce dernier a fini par avouer qu’il a une maîtresse.

La source d’inspiration de ce roman écrit à la première personne a-t-elle un lien avec des faits dont vous avez été témoin, une expérience personnelle ou s’agit-il juste d’une fiction ?
C’est une fiction. Mais je me suis inspirée de faits réels. Etant journaliste, j’ai eu à faire des reportages à Onu-Femmes. Je rencontrais des associations de femmes. Je discutais toujours avec elles et ça m’a beaucoup inspirée.

Vous dénoncez «les violences muettes» vécues par des femmes dans leur ménage. Mais pourquoi on ne voit pas bien apparaître dans le livre une issue heureuse face au problème de «maîtresse» qui a eu raison du couple de Damel et Faly ?
Mon projet dans ce livre était de dénoncer, d’avoir un regard critique sur notre société en ce qui concerne les ménages. En général, tout se passe bien jusqu’à ce que monsieur rencontre une autre femme. C’est là que tout chamboule. Il devient un inconnu. Et c’est le cas dans ce roman.

Que pensez-vous du point de vue selon lequel l’acceptation de la polygamie par le couple peut être le modus vivendi dans la situation où la loi et les coutumes l’autorisent ?
La polygamie peut être une solution. Mais pour moi c’est la dernière, car c’est très dur de partager l’homme qu’on aime. Ça arrange l’homme, mais pas la femme.

Mame Famew Camara, journaliste-écrivaine, vous exprimez un certain engagement à travers vos écrits. Avez-vous d’autres projets en perspective dans le domaine associatif ou politique ?
Dans le domaine politique, j’ai des ambitions pour mon pays. Je milite dans le parti Act de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. J’ai intégré sa cellule de communication. Mon rêve c’est de diriger mon pays un jour. Mais pour le moment, je suis derrière le Premier ministre Abdoul Mbaye.
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