Quelques centaines de personnes ont battu hier le macadam pour réclamer une accélération des procédures pour les «victimes de la répression de 2021-2024». Beaucoup ont déploré l’absence des autorités de l’Etat.

Si la pluie qui tombait sur Dakar a découragé certains, il y a tout de même eu environ une centaine d’intrépides qui ont décidé de faire entendre leur voix, pour «réclamer justice pour les martyrs» à la suite des manifestations politiques qui se sont étalées du mois de février 2021 à celui de février 2024. Ces manifestations ont causé des morts dont le nombre varie, selon les sources, entre 66 et 87 personnes. Quoi qu’il en soit, les anciens détenus, ainsi que les familles de victimes ne se sont pas privés de crier leur frustration quant à la lenteur des procédures pour leur rendre justice.

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On a ainsi entendu des manifestants demander l’ouverture rapide de procès pour juger les responsables de ces crimes. Des manifestants portaient d’ailleurs des pancartes sur lesquelles il était écrit : «nous refusons le silence, nous refusons l’oubli», ou d’autres encore disaient «réclamer justice pour que les auteurs, commanditaires et complices répondent de leurs actes devant la loi».
Ce qui a le plus déçu les organisateurs de la manifestation, ce fut l’absence de toutes les autorités de l’Etat. Certains ont rappelé que c’est à la suite de l’annonce, par le ministre de la Justice, de l’ouverture d’enquêtes et de procédures contre les présumés coupables des exactions que la marche a été organisée.

Certains estiment que cela démontre le peu d’intérêt accordé à leur cas par les nouveaux tenants du pouvoir.

On se rappelle que la semaine dernière, le point de presse annonçant la marche d’hier a abouti à un déballage sur le peu de «considération accordé aux victimes» par le nouveau pouvoir. Ces gens avaient notamment dénoncé les conditions de répartition de la cagnotte de 5 milliards de Cfa destinée à indemniser les victimes. Plusieurs personnes ne se retrouvent pas dans les critères d’identification des ex-détenus et victimes ou familles de
victimes bénéficiaires de l’assistance. Certains qui espéraient que la marche allait être une occasion pour eux d’interpeller directement les dirigeants de Pastef, ont été fortement déçus par les absences de Ousmane Sonko, qui avait été pourtant annoncé, ou de certains comme Guy Marius Sagna, ainsi que d’autres encore.

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Cette marche, qui devait être l’occasion pour les victimes d’exprimer leur situation, n’a pas non plus permis à d’autres catégories de victimes de montrer leur désarroi face au préjudice qu’ils disent avoir subi. Certains estiment les dégâts matériels à plusieurs milliards de Francs Cfa, du fait des saccages de leurs entreprises qui ont entraîné l’arrêt de leurs activités et la mise au chômage de leurs personnels. Ces gens qui disent avoir frappé à toutes les portes, se plaignent de n’avoir bénéficié d’aucune oreille attentive à leur malheur.
mgueye@lequotidien.sn