Le Collectif «And Samm jikko yi», qui a tenu dimanche un rassemblement à la Place de la Nation, exige une loi criminalisant l’homosexualité au Sénégal.Par Mamadou SAKINE
– La criminalisation de l’homosexualité au Sénégal doit être faite en urgence à travers l’adoption d’une loi. C’est l’exigence du Collectif «And Samm jikko yi», qui a tenu dimanche une grande mobilisation à la Place de la Nation. Il appelle aussi les autorités politiques du pays au respect de la volonté du Peuple sénégalais, en abandonnant «cet agenda immoral, et dangereux qu’ils sont en train de dérouler pernicieusement dans des secteurs essentiels et aussi sensibles que l’éducation, la santé, la culture, l’économie». C’est sur une place noire de monde que le syndicaliste Dame Mbodji a délivré le message des associations qui regroupent ce collectif. «Sur ces deux exigences, nous ne transigerons pas, nous ne reculerons pas jusqu’au péril de notre vie», prévient le porte-parole, qui crie «Allahou akbar». Et le public d’entonner le même slogan, «Allahou akbar».
Dame Mbodji est formel : «Nous n’entendons pas laisser périr l’héritage des grands hommes religieux du pays en laissant passer ce qui est plus qu’une forfaiture, le déroulement d’un agenda on ne peut plus satanique.»
Encouragé par une foule immense, M. Mbodji ajoute qu’ils «n’accepteront pas la propagation des Lgbt (Ndlr : Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) au Sénégal parce que le Sénégal est un Peuple de croyants. Contre la volonté de légaliser l’homosexualité, nous allons opposer celle de la criminaliser». Et les manifestants n’ont pas attendu la fin de la manifestation pour montrer leur détermination. C’est ainsi qu’un groupe de jeunes a mis le feu au drapeau des Lgbt pour donner le ton. Un geste qui a été fortement acclamé. «No Bagne», (nous disons non), scande la foule. «Le Sénégal n’est pas un pays pour les homosexuels», chante le préposé au micro, aussitôt suivi en chœur par les milliers de personnes acquises à la cause contre ces pratiques. «L’islam dit non à l’homosexualité, l’Afrique dit non, le Peuple dit non, le Sénégal dit non. Touba dit non. Tivaoune dit non. Ndiassane dit non», peut-on lire sur une affiche tenue par un groupe de jeunes.
Le ballet d’intervenants continue son cours pendant ce temps. Echarpe aux couleurs du Sénégal nouée autour du cou, Ousmane Kounta, au nom des daïras des universités du Sénégal, des étudiants du Sénégal et de la jeunesse sénégalaise, a lancé un message. Il dit : «Nous demandons à toute la jeunesse sénégalaise de se réapproprier les valeurs religieuses, culturelles, sociales qui font du Sénégal un pays de foi et de valeurs. Il incombe cependant à une infime minorité de renoncer à ces pratiques ignobles et très dangereuses pour leur santé et même pour leur vie.»
Le Sénégal, pays de foi et de valeurs, dit-il, est homophobe et le restera pour toujours. A l’Etat, à la Communauté internationale et aux défenseurs des Lgbt, il annonce qu’ils vont se battre au prix de leur vie pour que jamais l’homosexualité ne soit légalisée au Sénégal. Sa prise de parole est accueillie par des cris d’approbation du public.
Vêtu en bleu, le visage masqué, une enveloppe en main, Dr Boly Diop harangue d’abord la foule, «tak biir», «Allahou akbar», répondent les manifestants. Il a mis l’accent sur les effets néfastes des pratiques des Lgbt sur la santé. En effet, selon lui, plusieurs études scientifiques ont montré que des maladies comme le Sida touchent plus les Lgbt que les personnes normales, tout comme le cancer.
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