Le conflit entre les Dogons et les Peuls au Mali est en train de prendre des proportions inquiétantes. Samedi l’attaque de deux villages au Centre du pays, habités par des Peuls, a fait plus de 134 morts. Un massacre qui a poussé le Président Ibrahim Boubacar Keïta à limoger une partie de la hiérarchie militaire dont les chefs d’état-major général des armées et de l’armée de terre. Une milice d’autodéfense dogon a été également dissoute.

Au moins 134 morts, c’est le bilan du massacre qui a eu lieu ce samedi au Mali dans deux villages situés au Centre du pays. Selon Rfi, qui cite des sources concordantes, cette attaque est perpétrée par «des hommes armés habillés en chasseurs traditionnels» ayant «fait irruption dans le village d’Ogossagou». D’après Rfi, «après Ogos-sagou, les assaillants sont allés dans le village de Welingara, deux kilomètres plus loin, et ont tué les habitants qu’ils ont trouvés sur place». Si c’est la première fois que ce genre d’attaque fait autant de victimes, ce n’est toutefois pas une première dans le Centre du Mali. En effet, plusieurs attaques d’envergure s’y sont déroulées depuis le début de l’année et elles étaient même dénoncées sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, Rfi rappelle que l’attaque la «plus marquante était jusqu’ici celle du 1er janvier où 37 civils ont été tués à Kologo». Le média français renseigne que «parti du cercle de Koro, le conflit s’est ensuite étendu à Bankass et à Bandiagara». Des localités, informe Rfi, «habitées en majorité par deux communautés : les Peuls et les Dogons». Revenant sur la genèse du problème entre les deux communautés, Rfi informe que «de part et d’autre, les vols, assassinats ciblés et attaques de villages s’y sont multipliés l’année dernière et des milices communautaires sont nées». A en croire Rfi, «l’une d’entre elles, un groupe d’autodéfense dogon nommé Dan Amassagou, annonçait le 20 mars dans un communiqué, le début des patrouilles ‘’en vue de sécuriser les populations contre les bandits armés dans la zone’’, car dans cette zone sont également présents des groupes jihadistes». «Une présence qui a attisé les tensions communautaires, comme l’écrivait la Fédération internationale des droits de l’Homme dans son dernier rapport de novembre 2018», précise Rfi.fr.
Cette attaque meurtrière a fait réagir le gouvernement malien. Ce dimanche, lors d’un Conseil des ministres extraordinaire, «une partie de la hiérarchie militaire malienne a été limogée et une milice de chasseurs dissoute». Selon le Monde Afrique, «parmi les militaires limogés par la Présidence figurent le chef d’état-major général des armées et celui de l’armée de terre». Le site renseigne dans son article qu’un «groupe d’autodéfense dogon, que les associations de défense des Peuls accusent d’avoir mené l’attaque d’Ogos­sogou, a été dissous par décret».

Amnesty international exige une enquête pour faire la lumière sur ce massacre
Le Forum régional africain d’Amnesty international, qui s’est réuni à Dakar hier, «a condamné fermement cette attaque meurtrière». Dénonçant cette attaque ayant coûté la vie à plus «130 personnes dont des femmes et des enfants, et de nombreuses autres blessées», le Forum régional de cette organisation de défense des droits humains «appelle les autorités maliennes à mettre immédiatement en place une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur les faits et faire juger les responsables de ce massacre». Soulignant dans son document que «depuis plus d’un an, le Centre du Mali connait des violences meur­trières », Am­nesty international «rappelle aux autorités et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), l’impératif de protection des populations». L’organisation insiste aussi «pour que la lutte contre l’impunité des graves violations des droits humains soit au cœur du processus d’apaisement de la situation dans le pays».
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