Par Djiby DEM

– Le ciel a ouvert ses vannes sur toute l’étendue du territoire national. A Dakar, on patauge. A l’intérieur du pays, les larmes se mêlent aux eaux de pluie qui dégoulinent des visages gonflés par la tristesse.
A Matam, deux personnes sont mortes suite à l’effondrement d’un bâtiment au village de Taïba, situé dans la commune de Nabadji Civol. Ils ont été extraits des décombres par les pompiers, aidés par les populations de la localité. C’est la conséquence des fortes averses tombées dans cette partie du pays. On nous informe qu’il s’agit de deux frères dont l’un se nomme Moustapha Thiam, fils de feu Amed Iyane Thiam. Il est le grand frère de Zahra Iyane Thiam, ministre de la Microfinance et de l’économie sociale et solidaire.
Moustapha Thiam, fils aîné de feu Iyane Thiam, était revenu des Etats-Unis pour séjourner quelque temps auprès de sa famille au village. Mais il ne savait pas qu’il avait rendez-vous avec l’ange de la mort. Il a succombé ce lundi matin. Son petit frère aussi, du nom de Iyane Thiam, a rendu l’âme dans les mêmes circonstances.
Après les pluies de la nuit du dimanche au lundi, le village de Taïba Nguéyenne patauge dans les eaux. Cette localité située dans la commune de Nabadji Civol se trouve dans la zone du Diéry, à quelque trois kilomètres de la route nationale 2.
Les pluies tant attendues par les paysans n’ont pas fait que des heureux. Des concessions, des magasins sont tous pris au piège des eaux tombées la nuit du dimanche. De Matam jusque dans les localités du Dande Mayo, le ciel a ouvert ses vannes, occasionnant des inondations et des dégâts énormes. C’est le cas à Sinthiou Mogo, submergé par les eaux de pluies. Un habitant du village pointe l’imperfection des travaux de l’Ageroute. Selon Mamadou Demba Sy, l’Agence des travaux et de gestion des routes au Sénégal a, dans les travaux de réhabilitation de la route nationale numéro 2, validé de petits ponts en lieu et place de très bons «dallos» qui existaient avant. «Ils ont aussi remplacé un radier submersible par un petit pont. Et pourtant, ce radier permettait l’évacuation des eaux», dénonce cet élu local, conseiller à la mairie de Nabadji Civol. Notre interlocuteur lance d’ailleurs l’alerte. «A ce rythme, s’il n’y a pas une intervention rapide de l’entreprise pour dévier la voie de l’eau, une partie de Sinthiou Mogo est menacée de disparition», dit-il.
Même décor un peu partout dans la région de Matam. Entre Kobilo et Thilogne où les travaux de la route ne sont pas encore terminés, les ponts ont cédé face à la furie des eaux. C’est l’incertitude. La circulation est paralysée. L’axe devient quasiment impraticable. Les populations lancent un cri de détresse. Des passagers ont été obligés de descendre de leur véhicule ou de faire demi-tour. Certains ont pataugé dans les eaux pour rallier leur localité. L’Agence des travaux et de gestion des routes au Sénégal (Ageroute) est interpellée, de même que les entreprises en charge de la réhabilitation de la route Thilogne-Ourossogui-Bakel.
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