Mauvaises traitements dans des maisons et sociétés : Femmes de ménage, agents de sécurité, mots pour maux

Les femmes de ménage sont souvent laissées-pour-compte. Malgré le travail qu’elles abattent dans les maisons, services et administrations, elles font l’objet de mauvais traitements tant sur le plan relationnel que salarial. «Nous n’avons pas de contrat, de couverture médicale, et on ne verse pas de cotisations pour nous à la Caisse de sécurité sociale ou à l’Ipres. Nous sommes maltraitées dans notre travail. On nous traite comme des malpropres alors que c’est nous qui entretenons et assurons la propreté dans les maisons, les bureaux, les services. On ne nous donne pas à manger. On nous fait passer la nuit dans le balcon ou dans la cuisine. On nous fait promener les animaux de compagnie. On ne paie pas nos heures supplémentaires. Malheureusement personne ne reconnaît le travail que nous abattons. Aujourd’hui, il y a même des sociétés étrangères qui nous utilisent sans nous payer nos droits», expose Marie Elisabeth Diédhiou, responsable des travailleurs des maisons.
C’est un tableau noir. Qui devrait être surpris ? Depuis des années, personne n’entend leurs complaintes. Une situation qu’elle impute à l’Etat. «Je pense que les autorités sont les premières à ne pas respecter nos droits. Si elles exigeaient à ce qu’on nous verse nos indemnités et cotisations à l’Ipres, aucune société étrangère n’oserait violer ces règles», certifie Mme Diédhiou, présente lors de la célébration de la Journée du 1er mai aux côtés de responsables syndicaux affiliés au Sagas/Gcs. Pour elle, il faut «mettre un terme à tout ça» en redonnant aux femmes de ménage leur dignité.
La même requête formulée par les agents de sécurité
Les agents de sécurité ne sont pas mieux lotis. Les travailleurs demandent l’application de la convention qui a été signée depuis 2019. Pour ce faire, ils comptent sur le nouveau gouvernement, qui devrait étudier la situation des travailleurs de maison et des femmes de ménage. «Ce que nous attendons des autorités, c’est qu’elles puissent accompagner la convention en nous aidant à mettre sur pied l’Agence de régulation de la sécurité privée», précise Isidore Coly, Secrétaire général de Sagas/Gcs. «Il revient au ministère de l’Intérieur de prendre cela en charge. D’ailleurs, les travaux qui ont démarré dans ce sens, ont été bloqués par le Covid. Mais aujourd’hui, nous attendons des nouvelles autorités la prise en charge de cette question.»
«Nous assistons au fur et à mesure à une concurrence déloyale à cause d’une absence de contrôle et de règlementation, par l’octroi de marchés de gré-à-gré et l’accompagnement des marchés par des Gie qui ne versent pas des cotisations sociales à l’Ipres et à la Css», ont souligné, dans leur déclaration, les camarades de Isidore Coly. Sans oublier «le manque à gagner que subit l’Etat par le non-remboursement de l’argent des impôts».
Cependant, ils n’entendent pas baisser les bras. «Nous allons nous battre pour que les règlements en vigueur soient respectés. La convention collective doit être de rigueur dans toutes les entreprises, sans distinction, et le retrait des agréments aux entreprises qui ne respectent pas la convention collective.» Il y a aussi la réclamation de la mise en place d’une Agence de régulation des marchés de la sécurité privée et un assainissement sans complaisance du milieu avec la création d’emplois stables et permanents.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn