Mbour – Assassinat de l’Icp Mamadou Samba Diallo à Kougnheul : L’inquiétude des agents de santé

Le système de santé sénégalais est une nouvelle fois endeuillé. Après l’assassinat de Mamadou Samba Diallo, infirmier-chef du poste de santé d’Arafat à Koungheul dans son logement de fonction, les agents de santé de Mbour ont montré leur indignation hier, à travers un sit-in devant le Centre de santé de Tefess.Par Alioune Badara CISS –
En signe de deuil et de protestation après l’assassinat de Mamadou Samba Diallo, infirmier-chef de poste d’Arafat, situé dans le département de Koungheul, les agents de santé de Mbour ont observé un sit-in ponctué de prières. Ils dénoncent une insécurité persistante dans les postes de santé, notamment en zone rurale. «Nous nous sommes réunis ici aujourd’hui avec le cœur meurtri, avec une très grande désolation, suite au décès dramatique de notre collègue Mamadou Samba Diallo, froidement assassiné dans son logement de fonction. Le syndicat a décrété 72 heures d’arrêt de travail dans la région médicale de Kaffrine, c’est-à-dire la région concernée. Maintenant, c’est dans ce cadre que nous sommes réunis ici, en tant que camarades, en tant que collègues, pour vraiment marquer notre indignation suite à cette situation qui est tombée entre nos mains», a déclaré Dame Seck, Secrétaire général de la sous-section Sutsas du District sanitaire de Mbour. «Ce n’est pas la première fois. Chaque année, un collègue est tué chez lui. On l’égorge, on l’agresse. Et pourtant, rien ne bouge. Maintenant, nous réclamons vraiment à ce que ces autorités aient l’esprit de revenir vers nous et d’accompagner les structures de santé en les dotant de gardiens dignes de ce nom», ajoute-t-il.
En réponse à ce drame, le syndicat a décrété 72 heures d’arrêt de travail dans la région de Kaffrine. Une journée nationale de recueillement a également été organisée. «Nous voulons marquer notre indignation. Trop, c’est trop», martèle Dame Seck.
Au-delà de l’émotion, la question de la sécurité des agents de santé est posée. Ils dénoncent le manque de personnel de surveillance dans les structures sanitaires. «Ceux qu’on appelle «gardiens» dans les postes ne sont là en réalité que pour dissuader. Une personne ne peut pas travailler toute la journée, puis veiller toute la nuit pour protéger une structure. Ce n’est pas humain», regrette le Secrétaire général de la sous-section Sutsas du District sanitaire de Mbour. Selon lui, les responsabilités sont partagées. «Ce sont les collectivités territoriales et l’Etat du Sénégal qui doivent garantir notre sécurité. La santé est une compétence transférée. Alors, qu’ils assurent aussi la sécurité des agents dans ces structures.»
L’absence de réaction des autorités nationales suscite une vive incompréhension. «Nous n’avons vu aucun communiqué du ministère de la Santé. Pourtant, Mamadou Samba Diallo a été tué froidement dans son domicile de service. C’est une situation que nous déplorons», fustige le syndicaliste. «On aurait espéré une prise de parole officielle, un déplacement auprès de sa famille.»
Pour marquer leur unité, les agents de santé de plusieurs districts ont arboré des brassards noirs. «Le système s’est levé comme un seul homme pour dire non à cette barbarie», souligne Dame Seck. «Nous avons le devoir de servir, mais aussi le droit d’être protégés. On ne peut pas nous traiter comme des objets», ajoute-t-il.
En attendant une réaction des pouvoirs publics, les professionnels de santé appellent à des mesures concrètes. «Qu’on dote les postes de santé de vrais gardiens. Qu’on sécurise nos lieux de travail. Ce n’est pas une faveur qu’on demande. C’est une nécessité», conclut-il.
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