Ils occupaient l’ex-Camp des gardes, mais ils ont été chassés de ces logements, quelques mois seulement après leur retraite. Les policiers à la retraite expriment leur désarroi.

Ex-frères d’armes ? La cellule départementale du Mouvement national des policiers à la retraite du Sénégal est très remontée contre l’Administration pénitentiaire qui a fait une décente très musclée à l’ex-Camp des gardes pour déloger d’anciens gardes pénitentiaires. Très indignés par cette décision, leur porte-parole accuse le Dap d’être derrière cette descente. Le brigadier-chef à la retraite Djibril Ndiaye, président de la cellule départementale du Mouve­ment national des policiers retraités du Sénégal, explique : «C’est le samedi aux environs de 8h que l’ex-Camp des gardes de Mbour a été le théâtre d’une intervention musclée et injustifiée menée par une brigade appartenant à l’Administration pénitentiaire. Cette intervention exécutée par des éléments encagoulés a été commanditée par le colonel Bocandé, directeur de l’Admi­nistration pénitentiaire, et M. Sow, directeur des Ressources hu­maines de l’Administration pénitentiaire.» Il poursuit : «Suite à cette intervention, cinq de nos anciens collègues aujourd’hui rattrapés par la retraite qui occupaient des logements ont été déguerpis comme des malpropres et de la manière la plus ignoble et devant leur famille.»
Irritée par un tel acte, la cellule départementale du Mouvement national des policiers à la retraite du Sénégal n’a pas manqué de condamner «cet acte inhumain et même barbare. Nous dénonçons fermement et vivement cette intervention aux antipodes de la loyauté et de l’orthodoxie pour déloger des humains a fortiori d’anciens collègues. Ces derniers ont été humiliés sous les yeux hagards de leurs enfants et femmes qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer à chaudes larmes, car ces anciens collègues pris de court ont été menottés, brimés, leurs portables confisqués et enfin leurs bagages jetés. Une atteinte aux droits de l’Homme».
Face à ces agissements, les ex-flics interpellent le Président Macky Sall, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, et l’opinion nationale pour que de tels actes «s’arrêtent». Faisant la leçon aux autorités de l’Administration pénitentiaire, la cellule rappelle qu’en «matière de délogement, il y a des procédures à suivre alors que tel n’a pas été le cas pour ces retraités». Selon le porte-parole de la cellule départementale, «c’est 1969, lors de la dissolution de la Garde républicaine, que l‘ex-Camp des gardes qui est un patrimoine bâti a été affecté à ladite police. Dans une note confidentielle, il est bien dit que ce patrimoine ne peut faire l’objet d’aucune session sans qu’une loi ne l’autorise». Qu’avez-vous fait pour changer la situation ? «Le 22 mars 2015, à l’occasion d’une audience accordée au Mouvement national des policiers à la retraite, sous la conduite de son président Cheikhna Keïta, nous avions demandé à ce que tous les ex-Camp de garde soient attribués aux policiers retraités. Cette demande avait été agréée par Son Excellence Monsieur le président de la République. Depuis, des demandes de régulation ont été adressées aux chefs de bureau des Impôts et domaines de Saint-Louis, Kolda, Louga, Thiès, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor, Fatick et Mbour. Et partout, des instructions avaient été données par la Dgid d’antan. Nullement il y a eu résignation de ces instructions de El Hadji Mamadou Diao, sauf à Mbour où le chef de l’Urbanisme a exigé un acte officiel pour la cession alors qu’ailleurs ce document n’a pas été demandé», a rappelé le policier à la retraite. Il renchérit : «Retenons que pour ce cas précis, c’est une récidive des commanditaires qui l’avaient tenté en 2018 avec les occupants de l’ex-Camp des gardes de Tambacounda. A cet effet, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye avait dit savoir que les ex-Camps des gardes, occupés dans le passé par la Garde républicaine et qui furent reversés à la Police nationale en 1969, leur appartenance à l’Administration pénitentiaire n’est pas à ce jour prouvée pour ensuite demander aux prétendants d’attendre qu’une décision définitive soit prise. Ce que le Mouvement national des policiers à la retraite a fait alors que d’autres faisaient fi de cette décision, voulant s’accaparer de ces logements occupés par leurs collègues retraités qu’ils ont fini par humilier publiquement en jetant tous leurs bagages.»