Les collectivités territoriales et les acteurs de la Société civile plaident pour le renforcement des fonds dédiés à la santé communautaire.Par Alioune Badara CISS – 

 Des élus locaux, des représentants du ministère de la Santé et des partenaires de la Société civile ont clôturé, hier à Saly, un atelier de deux jours pour aborder la question pressante du financement de la santé au niveau des collectivités territoriales, avec un accent particulier sur la santé maternelle et infantile. Les participants dont des maires et des associations d’élus, ont lancé un appel pour une augmentation significative des fonds dédiés à ce secteur vital.
Les collectivités territoriales au Sénégal sont confrontées à des défis majeurs dans la mise en œuvre de leurs compétences transférées en matière de santé. Malgré leurs efforts, les ressources actuelles sont jugées insuffisantes pour couvrir les besoins croissants de la population.
Ahmed Aïdara, maire de Guédiawaye et président du Conseil d’administration de l’hôpital Roi Baudouin, a souligné les difficultés rencontrées. «Nous rencontrons beaucoup de problèmes. Il y a les communes avec les postes de santé, mais aussi il y a les villes avec les Etablissements publics de santé (Eps1) qui rencontrent d’énormes difficultés.» C’est pourquoi il a insisté aussi sur la nécessité d’un soutien accru. «Vraiment, elles méritent quand même d’être soutenues, d’être accompagnées, mais surtout une hausse, une vraie hausse des fonds», plaide le maire de Guédiawaye.
Le coût élevé des équipements et du matériel médical représente un fardeau considérable pour les budgets locaux. Mme Aminata Kanté, maire de la commune de Sam Notaire, est revenue sur ces problèmes. «Le matériel sanitaire, c’est très lourd. Donc l’Etat ne peut pas tout faire. J’ai construit une maternité pour 82 millions, mais actuellement, nous sommes en train de voir comment l’équiper. On ne peut pas ouvrir la maternité parce que nous n’avons pas encore les moyens pour l’équiper», ajoute-t-elle. Ce témoignage montre une problématique généralisée, où les infrastructures bâties restent inopérantes faute de moyens pour les équiper.
La santé de la mère et de l’enfant a été aussi identifiée comme un pilier fondamental du développement. Dr Amy Ndao Fall, vice-présidente de 3Cap-Santé (Cadre de concertation, de coordination et d’actions de plaidoyer de la Société civile pour la santé), a mis en avant l’urgence d’agir. «Le décès d’une mère est un drame. Il est question aujourd’hui de faire un plaidoyer auprès des collectivités territoriales […] pour une augmentation des financements, non seulement pour la santé dans sa globalité, mais plus spécifiquement la santé de la mère et de l’enfant», ajoute Dr Fall.
Par ailleurs, elle a rappelé l’importance d’une meilleure compréhension des enjeux par les élus, car «la contribution des collectivités territoriales par rapport à la santé est encore faible». Quant à Mamadou Oury Baïlo Diallo, président de l’Union des associations des élus locaux du Sénégal (Uael), il a souligné le rôle souvent méconnu des collectivités territoriales dans le financement de la santé. «Il y a une méconnaissance parce qu’on n’a pas les données réelles sur le financement des collectivités dans le domaine de la santé. Les collectivités financent beaucoup la santé, surtout celle maternelle et infantile.»
Face à la raréfaction de certaines ressources externes, Dr Amy Ndao Fall a insisté sur la nécessité d’une autonomie financière accrue. «On a perdu beaucoup de financements, on a perdu le partenaire numéro un en termes de financement de la santé. Donc nous devons avoir des idées innovantes, prendre des initiatives, et nous devons prendre notre avenir en main», a-t-elle déclaré.
L’atelier, qui s’est déroulé sur deux jours, visait à favoriser les échanges de bonnes pratiques et à renforcer les capacités des maires en matière de santé maternelle et infantile, avec le soutien de la Direction de la santé de la mère et de l’enfant du ministère de la Santé. Il s’agit d’une étape essentielle pour mobiliser les ressources internes et externes nécessaires à l’amélioration durable des services de santé au Sénégal.
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