Le taux de prévalence aux micronutriments reste élevé en Afrique de l’Ouest. Près de 50% des femmes enceintes sont anémiés et près de 15% des enfants de la sous-région naissent avec un faible poids. Pour inverser la tendance, Catholics Relief Services (Crs), en partenariat avec le Comité sénégalais pour la fortification des aliments en micronutriments (Cosfam), avait lancé le programme de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest, financé par The German federal ministry for Economic, cooperation and development and the Bill & Melinda Gates Foundation (Bmz), via Giz.Par Alioune Badara CISS –

La fortification des aliments en micronutriments est une stratégie-clé pour lutter contre les carences en éléments nutritifs essentiels qui peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la santé, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes. C’est pourquoi Crs et Cosfam ont ouvert un atelier de quatre jours à Saly pour renforcer les capacités des acteurs venus de la sous-région sur la fortification des aliments en micronutriments. L’objectif, c’est d’améliorer la santé et le bien-être des communautés des pays membres de la Cedeao. Selon Mme Ouédraogo Bouena Elisabeth, chargée de programmes de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest, «ce projet, qui avait démarré en juin 2022, avait pour objectif premier de faire l’évaluation de la situation de la fortification au niveau de l’Afrique de l’Ouest». Il avait montré des chiffres alarmants sur l’anémie et la carence chez les femmes et les enfants. «C’est pourquoi, dans la phase 2 de ce projet qui a démarré en novembre 2023, l’objectif est mis sur le renforcement de capacités. Notre objectif, c’est renforcer cet environnement favorable et aussi permettre d’avoir des données de suivi-évaluation factuelles pour nous permettre de prendre des décisions. Parce qu’au niveau de la sous-région, on manque énormément de données sur la fortification. Egalement, côté communication, il y a des insuffisances sur lesquelles nous travaillons pour l’améliorer», a déclaré la chargée de programmes de fortification alimentaire à grande échelle en Afrique de l’Ouest.

D’ailleurs, le Crs, en plus de cette formation, a fourni du matériel de vérification pour la qualité des aliments enrichis au Sénégal.

Dr Ndèye Fatou Ndiaye, cheffe de la division nutrition à l’Institut de technologie alimentaire (Ita), par ailleurs coordonnatrice du Comité sénégalais pour la fortification des aliments en micronutriments (Cosfam), se félicite de cette formation sur le contrôle de qualité des aliments enrichis. «Le Sénégal fortifie les aliments comme la farine de blé tendre et l’huile, ainsi que le sel en micronutriments. Et c’est important que ces micronutriments soient contrôlés, qu’on ait les quantités requises, qu’on ait les quantités qui sont inscrites sur les normes afin qu’on puisse atteindre les populations. Le Sénégal a défini des normes, maintenant, même les normes sous-régionales sont harmonisées. Il est important et impératif que les producteurs de ces aliments enrichis le fassent adéquatement. Donc, cet atelier est là pour nous aider à pouvoir maîtriser et contrôler effectivement ces aliments enrichis, afin qu’au niveau des sites de production, de même qu’au niveau des sites de distribution, on ait des aliments adéquatement enrichis en suivant les normes qui sont prédéfinies par l’Etat du Sénégal», précise Dr Ndèye Fatou Ndiaye .

Aujourd’hui, la fortification est obligatoire et bien respectée au Sénégal. Les industriels font l’enrichissement du blé tendre avec du fer, de l’acide folique, de l’huile en vitamine A et du sel en iode. Malgré le contrôle de qualité qui est impératif, c’est le transport et le stockage qui peuvent faire leur effet.

Par ailleurs, la cheffe de la Division nutrition à l’Institut de technologie alimentaire (Ita) a aussi souligné l’impact de la fortification sur la santé publique, sur la nutrition. «Le Sénégal a un sérieux problème de carence en micronutriments, en l’occurrence le fer, l’acide folique, le zinc. Nous avons un problème de santé publique à ce niveau. Et, la fortification est là, en même temps que les autres stratégies, pour augmenter le niveau de micronutriments chez les personnes. Donc, cette fortification est importante parce que ça commence à donner ses effets. Nous avons un impact positif, qui nous permet de voir une diminution de certaines carences au Sénégal. Mais il est important de continuer les efforts afin de vraiment éradiquer ces carences au sein de la population», conseille Dr Ndèye Fatou Ndiaye.
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