L’appétit vient en mangeant. Après le lancement réussi de son premier satellite, le Sénégal veut développer une véritable industrie spatiale. Par Alioune Badara CISS –

 Le Sénégal intensifie ses efforts pour devenir un acteur majeur de l’industrie spatiale en Afrique. C’est ce qui ressort de l’atelier ouvert hier à Saly par le ministère de l’Ensei­gnement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dont l’objectif était de recueillir les besoins nationaux en matière de données d’observation de la terre. L’initiative s’inscrit pleinement dans la Vision Sénégal 2050, qui fait de la recherche et de l’innovation des leviers essentiels pour une économie prospère et compétitive. Selon le professeur Amidou Datt, Directeur général de la recherche et de l’innovation au Mesri, le programme de performance du pays a identifié trois domaines technologiques stratégiques : l’Intelligence artificielle et le numérique, le nucléaire civil et le spatial. L’ambition est de positionner le Sénégal au niveau de l’excellence mondiale dans ces secteurs.

D’ailleurs, il a rappelé que le Sénégal a déjà franchi des étapes importantes dans le domaine spatial. «Après le lancement réussi du satellite Gaïndesat 1A il y a un peu plus d’un an, le Gaïndesat 1B est en phase finale de construction. Un troisième satellite, encore plus performant, est en cours de préparation», a-t-il déclaré. Pr Datt insiste sur la volonté du Sénégal de passer du statut de simple consommateur de services spatiaux à celui d’acteur à part entière. «Nous devons être souverains dans tous ces domaines», a-t-il déclaré, soulignant l’importance de développer des satellites basés sur les besoins spécifiques du pays. «L’objectif, c’est de développer des satellites par des Sénégalais, sur le territoire sénégalais», ajoute-t-il.

Le projet Sensat, coordonné par le professeur Gayane Faye, vise à bâtir une véritable industrie spatiale nationale. Le lancement du premier satellite a permis de former une vingtaine d’ingénieurs et de techniciens qualifiés, mais le manque d’infrastructures locales reste un défi majeur. C’est pourquoi Prf Faye a rappelé que le Gaïndesat 1A a été entièrement fabriqué à Montpellier, en France, faute de moyens adéquats au Sénégal. Toutefois, la situation est en train de changer. «Heureusement, après le lancement de Gaïndesat, le président de la République était tellement satisfait de notre travail qu’il a promis de construire un centre spatial à Dakar», a-t-il affirmé. Ce futur centre permettra de doter le pays des infrastructures nécessaires pour concevoir et fabriquer ses satellites sur place, renforçant ainsi sa souveraineté technologique.

Le succès du programme repose également sur un fort soutien institutionnel. Pr Faye a souligné que le spatial est une «question d’Etat», et que l’engagement au plus haut niveau de l’Etat est crucial pour avancer avec confiance et sérénité. Cet atelier de trois jours, qui réunit des représentants de diverses structures étatiques et scientifiques, permettra de définir les besoins précis en données spatiales pour le développement national. Ces informations serviront de base à la conception du futur satellite, garantissant que chaque projet spatial réponde à un besoin concret et apporte une valeur ajoutée significative pour le Sénégal.
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