#Mbour – Relance de l’industrie pharmaceutique locale : Le Sénégal veut bâtir une industrie locale forte

Depuis la survenue du Covid-19, la relance de l’industrie pharmaceutique locale est remise au goût du jour. En dépit de l’absence de budgétisation au niveau du Msas, qui induit des retards dans la mise en œuvre du projet, l’Etat veut bâtir une souveraineté dans ce domaine. Par Alioune Badara CISS –
Les ruptures d’approvisionnement en médicaments et autres produits de santé avaient poussé le gouvernement du Sénégal à décider de mettre en œuvre un plan de relance de l’industrie pharmaceutique aux fins de sécuriser la chaîne d’approvisionnement et d’assurer la souveraineté dans ce secteur. Depuis la mise en place de cette Unité de gestion du projet de relance de l’industrie pharmaceutique en mars 2022 par le ministre de la Santé et de l’action sociale, cette Unité de coordination, communément appelée Delivery unit (Du) du Plan de relance de l’industrie pharmaceutique, peine à décoller faute d’inscription dans la programmation budgétaire du Ministère de la santé et de l’action sociale (Msas).
Cette absence de budgétisation au niveau du Msas induit des retards dans la mise en œuvre du projet et l’atteinte des objectifs de production et de souveraineté pharmaceutiques. Malgré un fort appui des partenaires techniques et financiers à travers un appui budgétaire à l’Etat du Sénégal, le projet arrive à capter très peu de ressources qui sont redirigées vers d’autres initiatives publiques ou vers d’autres structures.
Pour relancer cette unité, le Ministère de l’économie, du plan et de la coopération (Mepc), dans le cadre de ses missions de planification économique à travers la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe), s’est engagé à accompagner le Msas à travers la Du dans la maturation et l’évaluation du plan de relance, avant son inscription à la programmation. C’est pourquoi, lors de l’ouverture de l’atelier de maturation du Projet de relance de l’industrie pharmaceutique locale, Serigne Mbaye, directeur de Cabinet du Msas, a magnifié la tenue de cette rencontre qui permet aujourd’hui de finaliser un processus entamé depuis quelques années. «Dans le cadre de la relance de l’industrie pharmaceutique locale pour doter le système de santé de médicaments de qualité et favoriser également l’éclosion des énergies au niveau locale et impulser la production au niveau local, il y a eu un travail qui a été fait, qui a permis de mettre en place une Unité de gestion de projet qui devait catalyser les réflexions et les énergies, permettre que tous les secteurs se retrouvent, que l’énergie soit là, le fisc, l’industrie, la santé, en tout cas que toutes les idées puissent être mises ensemble pour pouvoir donner la chance à cette relance de l’industrie pharmaceutique», s’est réjoui M. Mbaye. Toutefois, Serigne Mbaye reconnaît que des pas ont été franchis, car le gouvernement a conduit des réformes en faisant la mise à jour, en 2023, de la loi pharmacie qui datait de 1954. Il a pris les décrets d’application, un arrêté aussi, pour mettre en place un système de corrélation qui permet de favoriser, quand c’est possible, les industries au niveau national. Malgré tous ces efforts, il soutient qu’il faut structurer davantage ce projet de relance : «Et c’est pourquoi, avec l’appui du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération dont c’est l’une des missions, nous sommes là pour pouvoir bien porter à maturation le projet, permettre qu’il soit inscrit au niveau budgétaire, permettre également que tout ce qu’il faut soit là pour que ce projet puisse jouer son rôle.»
Rappelant que la souveraineté pharmaceutique est au cœur des politiques du président de la République, c’est pourquoi cet atelier va se pencher sur les facteurs bloquants de cette relance que sont, entre autres, le défaut d’inscription budgétaire de ce projet de relance, la lente montée en puissance du staff de cette structure chargée de porter cette relance et dans tous les secteurs qui pourront être les secteurs-clés sur lesquels cette relance doit se bâtir. «Il y a encore des pas à franchir, c’est pourquoi cet atelier va offrir une tribune pour mettre véritablement ce qui manque : c’est une réglementation, ce sont également les conditions à mettre ensemble, il faut une industrie dynamique, il faut les conditions qui favorisent l’implémentation d’industries, et il faut de la réglementation et de l’organisation. Et pour tout ça, il faut aussi le nerf de la guerre, les moyens, les ressources qui permettent véritablement de garantir le financement des actions. Mais après la maturation, l’objectif, une des actions visées, c’est l’inscription au budget, mais également la capacité à aller mobiliser les ressources des partenaires et d’autres ressources pour permettre à cette relance d’être une réalité», a espéré M. Mbaye.
Le Sénégal doit aujourd’hui relancer impérativement l’industrie pharmaceutique, il importe 95% de médicaments et ne produit que 5%, d’où l’urgence de redoubler d’efforts pour permettre que le Sénégal puisse faire une relance.
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