Mbour – Rencontre-clé pour l’assainissement en Afrique de l’Ouest : Vers une coopération Sud-Sud renforcée

Dans le cadre de la gestion des questions d’assainissement, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie se retrouvent à Dakar pour trouver de meilleures stratégies communes en vue de l’atteinte de cet Odd.Par Alioune Badara CISS –
Le Sénégal accueille, depuis hier à Saly, un atelier réunissant les directeurs de l’Assainissement de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dont la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie. L’objectif principal de cette rencontre est de mutualiser les efforts face aux défis communs en matière d’accès à l’assainissement amélioré, de base et à l’hygiène, avec en ligne de mire l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd) d’ici 2030. Cette initiative marque un tournant vers une coopération Sud-Sud renforcée, privilégiant le partage d’expérience et l’élaboration de stratégies communes.
Alors que 2030 approche à grands pas, la plupart des pays de la sous-région sont encore loin d’atteindre les Odd liés à l’assainissement. Face à ce constat, l’idée d’une plateforme d’échange et de collaboration s’est imposée. Hélène Dragori Yokoli, responsable programme assainissement de la Côte d’Ivoire, a souligné lors de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, l’importance de cette démarche. «Nous avons décidé de mutualiser les efforts de différents pays, vu que nous avons à peu près les mêmes problèmes en termes d’assainissement. Au lieu de faire des coopérations Sud-Nord, alors que nous n’avons pas les mêmes réalités, nous avons décidé maintenant de faire des coopérations Sud-Sud entre nos pays africains, entre nos pays de la sous-région, qui ont les mêmes réalités», a-t-elle déclaré.
Le Sénégal est salué pour son leadership et son engagement politique fort dans le secteur de l’assainissement. Sophiétou Diop, directrice du partenariat et du développement chez Speak Up Africa, a tenu à souligner ce rôle précurseur. «Nous savons tous que le Sénégal est pionnier, mais également leader en Afrique de l’Ouest. Et je pense que tout ceci est vraiment dû à un engagement politique très fort», a souligné Mme Diop.
L’expérience sénégalaise est d’ailleurs une source d’inspiration concrète selon Hélène Dragori Yokoli, qui a partagé l’impact d’une précédente visite : «Nous étions là il y a à peine un an au Sénégal, la Côte d’Ivoire particulièrement, et nous avons beaucoup appris de l’expérience du Sénégal, et cela nous a aidés à avoir d’autres financements.» Elle a spécifiquement cité un projet de subvention de l’assiette de ménage par la Banque mondiale, où l’exemple sénégalais a été déterminant : «Sur ce plan, je voulais le dire, le Sénégal est un peu en avance dans la recherche de financement, et nous allons tirer profit de l’expérience.»
Au-delà de la dignité, l’assainissement est intrinsèquement lié à des problématiques de santé, d’éducation, d’environnement et d’équité. Sophiétou Diop a insisté sur cette transversalité : «Lorsqu’on gère les problématiques d’assainissement, on gère également les problématiques d’accès à la santé, à l’éducation, les problèmes environnementaux. Et le plus important pour moi en tant que femme, c’est qu’on gère les problématiques d’équité.» Selon elle, cet atelier est la preuve que «c’est seulement à travers la collaboration, l’échange, le dialogue et le partage d’expérience qu’on arrivera à faire quelque chose de concret».
Quant à Baboucar Mundor Ngom, Secrétaire général du ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cet atelier, il a précisé l’objectif de cette rencontre. «C’est l’occasion pour qu’on puisse discuter, s’entendre, partager un peu les expériences que nous avons, dans l’optique de pouvoir développer une feuille de route. Cette feuille de route définira le rôle de chacun dans la mise en place de plateformes de directeurs de l’Assainissement et la collaboration pour atteindre les objectifs communs.»
Le Sénégal, en sa qualité de président de l’Amcaw (Conseil des ministres africains de l’Eau) et hôte de la prochaine Conférence des Nations unies sur l’eau, réaffirme son engagement à porter le plaidoyer pour l’eau et l’assainissement. M. Ngom a souligné l’importance de cette collaboration. «On sait tous qu’un seul pays isolé, quels que soient les efforts, ne peut pas régler ces problèmes-là. La pandémie du Covid-19 a d’ailleurs servi de parfait exemple de l’interdépendance des nations face aux enjeux sanitaires», note-t-il.
Un autre axe majeur de discussion est la recherche de financements et l’industrialisation du secteur de l’assainissement. L’ambition est de transformer l’assainissement en une véritable industrie créatrice de richesses et d’emplois, capable de s’autofinancer à terme. «L’assainissement doit pouvoir financer l’assainissement. Et c’est ça l’objectif», a affirmé Baboucar Mundor Ngom, évoquant notamment le traitement des boues de vidange comme une voie prometteuse.
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