Le Sénégal et le Cap-Vert ont signé un protocole d’accord à travers leurs deux médiateurs de la République, José Carlos Delgado et Demba Kandji. Il va permettre une meilleure prise en charge des ressortissants des deux pays, selon leur lieu de résidence. La cérémonie a eu lieu hier dans les locaux de la médiature de la République.Par Amadou MBODJI –
Le Sénégal et le Cap-Vert sont deux pays unis par les liens du sang. Il y a une forte communauté de Sénégalais vivant au Cap-Vert. Tout comme il y a beaucoup de Capverdiens au Sénégal, soit 30 mille. Pour une meilleure prise en charge des droits de chacune des communautés vivant dans l’autre pays, les médiateurs de la République du Sénégal et du Cap-Vert, Demba Kandji et José Carlos Delgado, ont signé hier un protocole d’accord pour «permettre aux citoyens des deux pays de bénéficier des services» des deux institutions. «Disons que le point central de ce protocole d’accord, c’est comment défendre, comment mieux défendre les droits citoyens en général. Mais particulièrement montrer aux Capverdiens présents au Sénégal, qu’ils peuvent s’adresser au médiateur du Sénégal comme le font nos compatriotes présents au Cap-Vert et qui sollicitent beaucoup le médiateur, le «Providor de justicia»», fait savoir Demba Kandji.
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Les Sénégalais en «conflit» avec la Justice capverdienne bénéficient de l’assistance du médiateur de la République du Cap-Vert. «Actuellement, du fait de ce phénomène de migration irrégulière, beaucoup de jeunes Sénégalais sont en conflit avec la Justice capverdienne. Et le médiateur du Cap-Vert contribue beaucoup à rendre leur séjour carcéral assez confortable, mais également à pousser les bonnes procédures pour leur permettre de recouvrer la liberté. Ce sont des démarches que les citoyens entreprennent auprès du médiateur au Cap-Vert», renchérit M. Kandji. Il poursuit ses explications : «Les Capverdiens au Sénégal sont nombreux et peuvent également solliciter l’Administration sénégalaise au même titre que le citoyen sénégalais.» Avec l’application de la réciprocité, l’accord va contribuer à «renforcer la défense des droits des citoyens» des deux pays.
En écho, José Carlos Delgado s’est montré enthousiaste après le partenariat scellé par les deux institutions. Selon lui, il va consolider les relations entre le Sénégal et le Cap-Vert. «Il existe une disposition du protocole qui stipule clairement que les Capverdiens résidant au Sénégal peuvent saisir le médiateur pour des réclamations relatives aux services publics sénégalais», relève M. Delgado. L’intégration réussie de la communauté capverdienne au Sénégal est vantée par le médiateur de la République qui se réjouit qu’elle soit un exemple de réussite au Sénégal. «La densité incontestable des facteurs qui nous rapprochent se manifeste dans l’intégration réussie d’une forte communauté capverdienne au Sénégal depuis des décennies. Ces Sénégalais d’origine capverdienne se retrouvent dans tous les secteurs d’activités et contribuent décisivement au développement de notre pays. A leur sein, ont émergé des modèles de réussite dans des domaines extrêmement variés, notamment des services présidentiels, les ministères, la magistrature, l’Administration municipale, le Barreau, la médecine, l’éducation et la formation, la presse, les entreprises, le monde économique, le sport, la musique et j’en passe. Les citoyens sénégalais d’origine capverdienne sont dans tous les secteurs d’activité et s’y comportent avec maestria», se félicite Demba Kandji. Citant l’exemple du maire de Dakar, Barthélemy Dias, qui a des origines capverdiennes, José Carlos Delgado se réjouit de ce modèle d’intégration réussie. Il assure que son pays va continuer à aider des Sénégalais vivant au Cap-Vert à «se légaliser» sur le plan administratif. «Nous avons Sandaga au Cap-Vert. C’est tout à fait occupé par des Sénégalais et des Guinéens. Ce que je trouve ici, je pourrais le trouver là-bas parce que ça vient toujours du Sénégal», raconte M Delgado.
Demba Kandji relève «beaucoup de similitudes» entre les deux institutions des deux pays dont le rôle est «le renforcement des droits des citoyens». «Nous sommes une autorité indépendante qui peut agir dans tous ces secteurs. Nous pouvons nous immiscer dans le Législatif, dans le Judiciaire comme dans l’Exécutif, bien qu’on nous enlève tout pouvoir de décision», note M. Kandji. Il magnifie «l’indépendance» des institutions qu’ils dirigent. «Notre vrai pouvoir, c’est un pouvoir d’influence. Je pense que c’est le tronc commun», fait-il signifier.
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