Meilleure prise en compte des réalités actuelles et futures : Le Code de la pêche en cours de révision

Par Alioune Badara CISS (Correspondant) –
Adopté en 2015, le Code de la pêche sénégalais montre aujourd’hui ses limites face aux profondes mutations du contexte national et international. «En 2015, ce contexte d’exploitation gazière et pétrolière n’existait pas. L’émergence de ces nouvelles industries extractives impose une adaptation des zonages de pêche pour éviter les conflits d’usage et préserver les écosystèmes marins», a souligné Chérif Sambou, conseiller technique de la ministre de la Pêche et des infrastructures portuaires et maritimes.
En plus de cet aspect, il a déclaré que les changements climatiques sont un autre facteur majeur qui n’était pas suffisamment pris en compte. «Les changements climatiques aussi sont intervenus sur la taille de certaines espèces qui, par adaptation avec la réfection, se reproduisent avant la taille commerciale d’avant. Cette modification des cycles biologiques des espèces nécessite une révision des règlementations concernant les tailles minimales de capture et les périodes de reproduction, afin d’assurer la reconstitution des stocks», a expliqué Chérif Sambou.
Selon lui, la démarche de révision se veut «très inclusive». D’ailleurs, l’atelier de Saly, qui en est à sa deuxième session, rassemble toutes les parties prenantes du secteur. «Aujourd’hui, quand on prend au niveau des industriels, nous avons le Gaipes (Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal) qui est représenté, d’autres associations de pêcheurs se sont représentées. Au niveau de la pêche artisanale, le Conseil local des pêches artisanaux au niveau des localités est représenté», a-t-il précisé, assurant que toutes les parties prenantes ont été associées à cette révision.
Il poursuit : «l’objectif est de finaliser un avant-projet de la loi, mais aussi un avant-projet du décret d’application de cette nouvelle loi qu’on est en train de bâtir», a précisé M. Chérif Sambou.
La révision de ce code est soutenue par des partenaires financiers, notamment le projet Senrem et le Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine (Prcem). Abdou Aziz Ly, spécialiste en aménagement des pêcheries du projet de Gestion des ressources naturelles au Sénégal (Senrem), a insisté sur l’importance de cette mise à jour. «Le Code de la pêche date de 2015. Nous sommes en 2025, ce sont 10 ans. 10 ans, c’est suffisant pour revoir, pour corriger, pour mettre à jour, pour prendre en compte les nouveaux aspects, les nouvelles problématiques de la pêche», a déclaré M. Ly.
Le projet Senrem apporte un appui multidimensionnel au ministère de la Pêche. «En tout cas, nous sommes là pour les appuyer du point de vue des connaissances, du point de vue des moyens financiers, du point de vue des acquisitions de moyens logistiques, de construction de quai de pêche, tout ça, pour appuyer le ministère pour l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés», détaille Abdou Aziz Ly.
Quant à Fatou Ndiaye, vice-présidente du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal, elle est revenue sur l’urgence de cette révision. «Cette révision de code intervient dans une situation où l’environnement de la pêche est très dynamique. Pour les industriels, les enjeux sont multiples. Il est important pour nous de tenir compte de la raréfaction de la ressource et de veiller à ce que tous les acteurs soient bien identifiés, et que le métier soit bien connu et conforme aux nouvelles réalités», explique Fatou Ndiaye. Elle a également insisté sur la nécessité d’adapter le cadre réglementaire aux effets des changements climatiques. «On a les changements climatiques qui ont un effet certain sur l’évolution, par exemple des tailles, et il nous faut retrouver à travers le décret d’application un accompagnement qui permette d’adapter nos métiers aux nouvelles réalités, aussi bien écologiques qu’économiques et sociales», ajoute-t-elle.
L’objectif partagé par tous les acteurs est de faire en sorte que la pêche continue d’être «une grappe de convergence, une grappe de croissance très puissante comme elle l’a été depuis des années et qu’on puisse accompagner cette évolution vers la Vision Sénégal 2050», conclut Fatou Ndiaye.
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