Dans un article publié le 15 février 2017 dans le quotidien d’informations générales Le Quotidien et intitulé «La crise en tenue», j’annonçais l’arrivée d’un messie en ces termes :
«Au-delà des critiques étouffées se rapportant aux nominations, des justifications laconiques relatives aux promesses accusant des retards d’exécution, nos valeureux jambars naviguent dans un désert d’espoir quant à l’arrivée d’un messie pour relever le défis majeurs. Cet homme providentiel, pourtant, n’aurait point un profil absent de nos casernes, il y en a à profusion. Il suffirait de puiser dans nos valeureuses ressources humaines quelqu’un parmi les saints des saints, à porter au firmament de la décision et mettre un terme à l’effritement continu du moral de nos hommes. Il n’aura pas le monopole du savoir ou de l’expérience, mais tout simplement la qualité d’être au cœur des hommes, d’avoir le répondant suffisant pour régler leurs problèmes. Sa tâche serait simple devant le chef suprême des Armées, traduire en besoins le ressentiment des jambars.»
Cet article, qui m’avait valu une convocation à l’époque et qui a été partagé par mes frères d’armes, a eu son effet avec l’arrivée du général Birame Diop à la tête des Armées. Après 30 ans passés sous les drapeaux, je n’ai jamais vu une cérémonie d’adieu ponctuée par les acclamations de la troupe.
Mon Général, sous votre magistère, les casernes ont retrouvé la lumière et les hommes leur dignité et leur courage de servir leur pays. Certes vous avez trouvé un outil en marche, mais vous avez redonné à l’Armée sa splendeur. Vous n’avez pas attendu d’être au sommet pour étaler vos qualités de chef. Les repas que vous partagiez avec la troupe à Ouakam sont connus, les mesures prises à la station de Chef d’état-major particulier du président de la République salutaires. Vous ne vous êtes pas arrêté en si bon chemin, en humanisant vos rapports avec la troupe, mais surtout en dotant notre outil de défense des écoles qui manquaient au cursus des cadres.
Si certains magistères ont été marqués du sceau de la déception, de la sanction négative ou simplement du passage à vide, le vôtre, en si peu de temps, a redonné espoir et consolidé la fraternité d’armes. Aucun compartiment de la grande muette n’a été épargné, de la base au sommet, et l’aura dépasse nos frontières.
L’adage militaire nous enseigne qu’on ne félicite pas un chef, mais on vous dira, «merci, mon Général».
La cloche a sonné au milieu de votre élan, mais j’étais persuadé que les prières des jambars ne seraient jamais vaines. Les hommes passent et les institutions demeurent. La leçon doit être connue de tous. Le commandement est une phase éphémère du parcours et l’assertion de Napoléon Bonaparte doit édifier tout le monde : «Les membres de la hiérarchie militaire, à quelque degré qu’ils soient placés, doivent respect et déférence à leurs subordonnés. Dans la fable des éléphants, celui qui tient la tête est un vieux chef, mais sur le terrain, celui qui est en tête est un soldat, situé au bas des rémunérations et dont la réaction conditionne énormément de vies.»
Mon Général, votre nomination au prestigieux poste de «military adviser» par la secrétaire général des Nations unies est une consécration, mais surtout un mérite. Au-delà de la satisfaction générale, mes frères d’armes, en activité comme à la retraite, vous accompagnent avec les vœux de plein succès. A New-York, on vous souhaite d’égaler et dépasser les lettres de noblesse écrites pour le Sénégal par les généraux Babacar Gaye et Mouhamadou Kandji adjoint.
Kou deff lou rey, amm lou rey
Merci, mon général.
Lieutenant-colonel (ER) Adama DIOP
Ancien Chef de la Division Médias et stratégies
de la Dirpa