A la sortie de la première de son film au Sénégal, le réalisateur franco-malien de Wùlu, Daouada Coulibaly, s’est confié. Il revient dans cet entretien sur le destin de son premier long-métrage qui a non seulement été remarqué par le public au Fespaco 2017, mais a surtout reçu le Prix de la Fondation Ecobank Sembène Ousmane.
Vous revenez du Fespaco sans pour autant avoir décroché un étalon, n’êtes-vous pas un peu déçu ?
Je l’ai déjà dit : je n’étais pas au Fespaco pour le palmarès. Il y a un dicton africain qui dit que «la fortune est comme un saignement de nez». Cela vient sans qu’on sache pourquoi et repart aussi vite que c’est venu. On ne sait pas vraiment quand est-ce qu’on gagne ou quand est-ce qu’on est selectionné. Il n’y a aucun sentiment de frustration surtout qu’on repart quand même avec le prix Sembène et le prix d’interprétation masculine pour Ibrahim : deux prix qui me vont très bien.
Quel est votre prochain projet ?
Pour le moment je ne pense pas encore à autre chose, car un projet demande beaucoup de temps et d’investissement. Après, il faut digérer un peu cette période-là et là je prends un peu de recul. Le Fespaco m’a fait du bien en termes de communion avec le public et j’ai envie de poursuivre le dialogue avec une histoire forte comme celle de Wùlu. Je ne veux pas accepter n’importe quel projet.
Certaines critiques ont trouvé réducteur de résumer la crise malienne au trafic de cocaïne ?
Cela n’a jamais été mon intention. J’ai fait un film sur le trafic de cocaïne et je ne dis pas que cette crise est unidimensionnelle. Bien sûr qu’on peut parler de rebellion, de pauvreté, d’environnement pour expliquer la crise que vit le Mali, mais moi mon propos était de me concentrer sur le trafic de drogue qui, je pense, a joué un grand rôle dans la survenue de cette crise. Certains veulent faire des films sur le terrorisme ou l’économie, mais j’avais choisi un angle et j’ai essayé d’aller au bout de cette démarche.