Un jeune diplômé sur 5 est au chômage au Sénégal. Selon M. Moubarack Lô, conseiller économique du Premier ministre, il s’agit là d’une bombe sociale à laquelle le pays doit faire face.
Au Sénégal, un jeune diplômé sur 5 est au chômage. Une bombe sociale à laquelle le pays doit faire face, selon Moubarack Lô, conseiller économique du Premier ministre. «Aujourd’hui, on a une population très jeune au Sénégal, ce qui constitue un atout. Le dividende démographique est une fenêtre d’opportunités, mais ce n’est une opportunité que si on met les jeunes au travail. Sinon ça devient une véritable bombe sociale», a expliqué M. Lô, qui présidait hier un atelier de réactualisation du Plan d’action opérationnel pour l’emploi des jeunes (Paoj). Selon M. Lô, le chômage de ces jeunes est surtout un «gaspillage économique». Il indique ainsi que les choix de promotion économique du pays doivent désormais être tournés vers des secteurs et des filières créateurs d’emplois. «Il faut également que la population soit préparée parce que pour pouvoir travailler, il faut les qualifications, mais aussi les comportements», souligne l’économiste. Il poursuit en expliquant que trois facteurs sont nécessaires pour une croissance forte et durable. «Si vous prenez les modèles de croissance économique, il y a trois éléments qui expliquent que des pays arrivent à avoir des croissances fortes ou pas. Le premier élément c’est la capacité à créer des emplois. Le deuxième élément, c’est la qualification qui joue dans la productivité. Vous pouvez créer de l’emploi, mais si ceux qui travaillent ne sont pas qualifiés, il n’y aura pas de productivité. Le troisième élément, c’est le temps de travail. Et comparé à des pays comme la Chine, vous verrez que ce pays a plus de fêtes que le Sénégal, mais si vous comparez les heures effectivement travaillées, les Chinois nous battent.» Aujourd’hui, le défi est de mettre toute la population au travail, estime le conseiller du Premier ministre.
Pour réussir ce pari, le Sénégal a bénéficié d’un programme de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Selon le directeur du Travail, M. Demba Diop, le processus qui est mis en œuvre avec la réactualisation du Paoj découle d’un programme de la Cedeao qui cible 5 pays dont le Sénégal. «Aujourd’hui, la Cedeao, dans son programme de mise en place d’un plan d’action sous régional sur l’emploi des jeunes, pilote le Programme pour la promotion de politiques publiques inclusives en Afrique subsaharienne (Apia), soutenu par l’Agence espagnole de coopération international (Aecid) et visant la réactualisation ou l’élaboration de Paoj pour cinq pays pilotes dont le Sénégal.» Il faut dire que beaucoup de structures œuvrent pour la création d’emplois dans le pays. «Tout le monde fait dans l’emploi, mais le leadership n’est pas assuré. Aucune structure n’a la primeur de créer des emplois, parce que l’emploi naît d’un processus économique. Ce que l’agriculture peut faire, l’élevage ou la pêche peuvent le faire, mais il faudrait qu’il y ait un leadership affirmé», souligne M. Diop. L’atelier va ainsi déboucher sur la définition d’un document réactualisé avant la fin du mois de mars. «Le Paoj va prendre en charge toutes les nouvelles stratégies et les nouveaux programmes. Cela va permettre au finish de disposer des tableaux de bord très précis sur les programmes en cour et les horizons temporels, et nous permettre, nous ministère de l’Emploi, d’en assurer un suivi correct», renseigne M. Diop.
Moubarack Lô appelle les enseignants à regagner les classes
L’économiste a profité de l’atelier de réactualisation du Paoj pour appeler les enseignants et les personnels du secteur de la santé à arrêter les grèves. «Vous ne pouvez pas avoir de performances économiques dans un pays s’il y a beaucoup de grèves. Un pays où vous avez une culture de la grève ne peut pas être performant. C’est démontré par les modèles économiques. Et tous les corps de métiers doivent être conscients que leur comportement impactent directement les performances du pays. Je profite de cet événement pour lancer un appel aux enseignants et leur demander de retourner en classe», convie M. Lô.
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