Depuis samedi, les populations font face à un vide dans les marchés, garages. Avec la tenue du Magal, beaucoup de commerces, ateliers et services sont fermés pour la plupart pour une semaine. Des talibés mourides, réunis dans des dahiras dans leur localité de service, fédérés par la grande organisation Jokko Fouta.Par Demba NIANG –
Au Fouta, la communauté mouride est fortement représentée. Et elle constitue un maillon essentiel de l’économie avec des boutiques installées à l’angle des rues, des commerces dans les marchés, les services de transfert d’argent, les ateliers, sans oublier les bana-bana dans les différents marchés hebdomadaires du Fouta. Dans les différentes localités du Fouta, de Fanaye jusqu’au-delà de Ourossogui, les talibés mourides ont mis en place des dahiras dont Jokko Fouta est l’organisation faîtière.
Des dahiras locaux à la fédération Jokko : le Mouridisme au Fouta
Les talibés sont presque dans toutes les localités sur l’axe de la Route nationale comme dans l’île à Morphil et dans le Diéri (zone excentrée de la Route nationale). Quels que soient la taille de la localité et le nombre de Mourides qui y travaillent, un dahira est mis en place. Un dahira pour raffermir les relations entre talibés, déclamer des khassaïdes et parfois organiser des journées de chants religieux (les jeudis soir pour la plupart du temps). Actifs dans le commerce, dans les métiers de l’artisanerie, la grande communauté mouride du Fouta se trouve entre Ndioum, Galoya, Agnam, Thilogne et Ourossogui. Et dans ces grandes agglomérations du Fouta, les disciples mourides se sont organisés pour disposer d’un «Keur Serigne Touba», lieu de rencontre. Centre d’influence. Dans les localités du Fouta, les activités des dahiras sont presque identiques, rencontres accompagnées de cotisations, soirées de chants de khassaïdes et actions de solidarité entre frères et sœurs de la tarikha et la célébration du 18 Safar. Cheikhouna, président du Dahira Soufinatoul Amane de Galoya, explique : «Avec nos cotisations, nous avons acheté un terrain et construit le Keur Serigne Touba de Galoya. C’est dans cette maison que nous organisons nos activités, et le lundi est le jour du dahira avec des cotisations.» Même son de cloche à Pété, où le «diawrigne» du Dahira Assahadatou Touba Pété (un nom donné par Serigne Saliou Mbacké), Abdoulaye Ndiaye cite les mêmes activités qu’à Galoya, tout en révélant l’influence de leur organisation. Selon lui, «il a fait adhérer plusieurs personnes autochtones à notre communauté. Des jeunes, hommes comme femmes, qui sont devenus mourides, et on remercie le Seigneur et Borom Touba». A Thilogne, le président de la communauté mouride, Saliou Diakhaté, sans pouvoir donner le chiffre exact du nombre des membres du dahira mouride de Thilogne du fait de la mobilité des talibés, rassure : «Au Fouta, Thilogne fait partie des trois localités où il y a plus de Mourides, donc l’un des plus grands dahiras.»
Keur Serigne Touba, plus qu’une résidence
Comme à Galoya, Agnam, Thilogne, Ourossogui, on trouve dans chacun de ces localités un «Keur Serigne Touba». Mais à Ourossogui où se trouve la plus grande communauté mouride du Fouta, les nombreux dahiras se retrouvent dans une organisation appelée Khitmatoul Khadim, qui a eu à construire la plus grande mosquée mouride du Fouta dans la commune de Ourossogui et une résidence pour leurs hôtes, mais aussi les sans-abris de passage dans la ville. Des passagers pris en charge jusqu’à leur départ par la grande dahira de Ourossogui. A Ourossogui, les populations se sont déjà habituées à l’opération «Wadial Magal» avec le dahira des commerçants qui distribue durant des jours des repas un peu partout dans la ville.
Les talibés mourides du Fouta, pour plus d’efficacité et de solidarité, ont mis une fédération des dahiras mourides appelée Jokko Fouta. Elle compte 15 dahiras de Ndioum à Matam. Mame Balla, président de Jokko Fouta, explique : «On organise des soirées de khassaïdes bimestrielles et des cotisations. Ainsi, un dahira hôte est choisi pour cette occasion et chaque dahira cotise 10 000 francs.» Pour cette somme réunie annuellement et d’autres dons en nature et espèces, Mame Balla informe : «C’est cela que l’on remet en adiya au khalife lors du Magal. La fédération se préoccupe de l’aspect social car selon le président, les talibés sont chaque fois soutenus, surtout quand ils sont en difficulté, un peu partout dans le Fouta.»
Correspondant