50 ans de carrière, ça se fête. Et à partir du 12 septembre, jour de son 70ème anniversaire, l’éternel Baye Fall Cheikh Ndiguel Lô donnera le coup d’envoi d’une série d’événements festifs marquant un demi-siècle de parcours musical. Un jubilé placé sous le signe de l’authenticité, de la transmission et d’un album attendu, «Maame», qui sortira le 26 septembre.Par Ousmane SOW – 

Chanteur, batteur, percussionniste, Cheikh Ndiguel Lô n’a jamais couru après le temps. Mais le temps, lui, a sculpté une trajectoire hors norme. Des débuts timides au Burkina Faso dans le Volta Jazz aux grandes scènes internationales, du Festival de Glas­tonbury devant 100 000 spectateurs à une tournée européenne avec Ernest Ranglin, Cheikh Ndiguel Lô a bâti une carrière où chaque silence, chaque pause compte autant que les albums. «Je suis resté dix années sans reproduire au niveau disque. Mais pendant ces dix années, je n’arrêtais pas de tourner», déclare-t-il, lors d’une conférence de presse marquant le lancement officiel des festivités de ses 50 ans de carrière. Ainsi, pour marquer cette étape historique, Cheikh Ndiguel Lô prépare la sortie de son sixième album, intitulé Maame qui signifie «grand-parent» en wolof. Conçu durant la période du confinement liée à la pandémie du Covid-19, l’album a vu le jour dans son home studio de Keur Massar et est produit par le label BMG, basé à Londres. Sa sortie est prévue le 26 septembre 2025. Un album de 12 titres dont deux déjà dévoilés. «Si on dit Maame, ce sont les ancêtres. Il ne faut jamais oublier les ancêtres. Il faut retourner à l’authenticité et ne pas se laisser faire par l’Occident… Ils ont déjà sorti un single, qui s’appelle Baba Moussa. Dès le jour J, pour les 50 ans qu’on va célébrer ici, au Just for You, ils vont sortir aussi un autre single», explique-t-il.
La célébration débutera le 12 septembre au Just For You par une grande soirée de gala placée sous le parrainage du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et du Premier ministre Ousmane Sonko. «J’aimerais qu’ils viennent, qu’on célèbre ces 50 années dans la beauté et la joie. Je crois que nous tous, comme d’habitude, on va casser la baraque», déclare Cheikh Lô, impatient de communier avec son public. Une exposition photo intitulée La traversée, pilotée par la commissaire Anna Dia, retracera la vie de l’artiste à travers des archives, clichés inédits et objets intimes. «Il suffit de connaître l’artiste pour savoir qu’il a un parcours très atypique. Vous allez découvrir non seulement l’artiste, mais aussi l’homme, son voyage intérieur et spirituel», dit-elle.
Né en 1955 à Bobo Dioulasso, d’une famille sénégalaise installée au Burkina Faso, c’est au sein du mythique Volta Jazz que Cheikh Ndiguel Lô a pris le micro pour la première fois, à 20 ans. «Petit, tu es intégré dans le groupe à partir d’aujourd’hui», lui avait dit le chef d’orchestre Moustapha Maïga, lançant ainsi une carrière prolifique. Son parcours l’a mené à collaborer avec des géants comme Youssou Ndour, Papa Wemba ou encore le Xalam. De Doxandem (1990) à Balbalou (2015), en passant par Né La Thiass (1995) et Lamp Fall (2005), Cheikh Lô a jalonné son chemin d’albums majeurs, tous salués à l’international. «Tous mes albums sur le plan international ont été classés dans le Top 10 à travers le monde. Et tous les albums ont occupé la première place au Top 10. Et j’espère que l’album Maame aussi va être premier», affirme-t-il avec confiance. Parmi ses plus beaux souvenirs, l’artiste cite son concert au Festival de Glastonbury (Angleterre) en 1999, devant 100 000 spectateurs, ainsi que sa tournée européenne en 2016 aux côtés du légendaire Ernest Ranglin.

«Tant que je vis, je n’arrêterai pas la musique»
Le musicien-compositeur et chanteur Cheikh Ndiguël Lô a aussi connu les honneurs. En 1997, il décroche un Kora Award au Cap en Afrique du Sud, avant de remporter en 2015, à Budapest, le Prix du Womex (World music exposition), devenant le premier Africain à obtenir cette distinction. «J’ai gagné la Coupe d’Afrique, en 1997 en Afrique du Sud. En 2015, j’ai pris la Coupe du monde avec le Womex. Donc, aujourd’hui, je n’ai plus rien à prouver», confie-t-il. S’il regarde son passé avec fierté, Cheikh Lô ne se détourne pas du présent, ni de l’avenir. Il multiplie les collaborations avec la jeune génération, Sidi Diop, Ash The Best et Adiouza Diallo. «Je suis en train de réaliser un duo avec Sidi Diop. Et j’ai déjà fait un duo aussi avec Ash The Best, qui n’est pas encore sorti. Et voilà, j’ai aussi fait un morceau avec Adiouza Diallo. Trois artistes différents. Je crois que je vais continuer à collaborer tant que Dieu nous donne la bonne santé de tenir parce que la musique n’a pas de retraite», explique-t-il avec fierté. Et Cheikh Lô, fidèle à lui-même, de poursuivre : «J’ai toujours été indépendant. J’ai toujours été à mon service. Et je le tiendrai autant que possible. Tant que je vis, je n’arrêterai pas la musique. Pour moi, ma retraite, c’est ma mort. Alors, je prie Dieu, le Tout-Puissant, qu’il me laisse ici plus de 100 ans, sans ordonnance.» Comme pour confirmer ses dires, son manager, Makhtar Niang, insiste sur la constance et le sérieux du travail accompli. «En matière de musique, tant que le travail est bien fait, bien organisé, ça peut toujours marcher. Dix ans sans sortir d’album, ça ne l’a pas empêché de prester, ça ne l’a pas empêché de tourner, parce qu’il y a eu un travail solide à la base», a-t-il témoigné, tout en annonçant une tournée nationale qui s’arrêtera le 20 septembre à Saly. L’étape du 27 septembre à Saint-Louis précède une tournée sous-régionale (Mali, Burkina Faso), européenne et asiatique déjà programmée.
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