Dans une démarche alliant art et plaidoyer écologique, l’artiste rappeur Gunman Xuman a présenté, en collaboration avec l’organisation Citoyens actifs pour la justice sociale (Cajust), son nouveau single intitulé «+Taar». Le morceau est fait de plusieurs sketchs, réalisés avec divers acteurs de cinéma et comédiens sénégalais. L’objectif, selon le rappeur, c’est de sensibiliser les populations sur les effets «dévastateurs» du changement climatique exacerbés par les énergies fossiles.Par Ousmane SOW –

Le réchauffement climatique fait des ravages. Mais au Sénégal, ce n’est pas encore trop tard pour réagir, à en croire Gunman Xuman. Le rappeur, plus engagé que jamais, a dégainé un nouveau single, «+Taar», présenté ce mercredi au Cinéma Pathé de Dakar. Une production musicale qui s’inscrit dans le cadre de la campagne «Plus tard, ce sera trop tard», visant à sensibiliser les populations sur les effets dévastateurs du changement climatique exacerbés par les énergies fossiles. Dans ce morceau percutant, Xuman interpelle les multinationales, les exhortant à privilégier les énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles, accusées d’accélérer le réchauffement climatique. «Ce single vient comme un éveil des consciences pour dire aux gens faites attention, il y a les effets dévastateurs du changement climatique exacerbés par les énergies fossiles. Il faut qu’on aille un peu plus vers les énergies renouvelables», a-t-il expliqué lors de la présentation de son single, insistant sur l’urgence d’un changement collectif.

Artiste engagé, Xuman allie rimes percutantes, visuels marquants et collaborations stratégiques, comme avec l’organisation Citoyens actifs pour la justice sociale (Cajust). Mais attention, l’artiste assure que son morceau n’est pas une chanson de plus, mais une véritable œuvre de sensibilisation. «A chaque fois qu’on parle de la nature ou qu’on fait des singles pour des campagnes, c’est un peu bâclé. Ce sont des morceaux institutionnels que personne n’a envie de réécouter», regrette-t-il. Avec «+Taar», Xuman promet du changement : une chanson travaillée, un clip percutant et même un documentaire comprenant des sketchs avec des acteurs de cinéma et comédiens sénégalais. «Cette fois-ci, on a essayé de faire une chanson avec un peu de maîtrise d’ensemble. Mais le plus important, c’est l’histoire qu’on raconte dedans. Ce n’est pas simplement une chanson qu’on a écrite pour faire plaisir à tout le monde. Le changement climatique nous affecte. Et ce sont plusieurs sketchs qu’on a mis ensemble dans le documentaire, réalisés avec divers acteurs de cinéma et comédiens sénégalais», dit-il. Véritable figure du rap conscient, Xuman utilise sa musique comme un outil de sensibilisation sur des sujets cruciaux tels que la gouvernance ou encore la lutte contre le changement climatique. Il alerte : «Plus tard, ce sera trop tard. Il faut qu’on fasse plus attention à nous. Cette terre ne nous appartient pas, elle nous a été donnée en héritage. Notre rôle, c’est de la transmettre aux générations futures.» Et de rappeler les effets désastreux du réchauffement : «On a vu ce qui s’est passé à Bakel avec le débordement du fleuve Sénégal, à Saint-Louis, à Touba, à Yarakh. Il faut que les gens prennent des engagements sur comment est-ce qu’on peut protéger la nature et changer nos comportements.»

Awadi applaudit 
Didier Awadi, un autre poids lourd du rap sénégalais, se réjouit de l’engagement de Xuman qu’il présente comme un «frère». «Que Xuman s’engage, c’est très naturel. Il n’a fait que ça toute sa vie», salue-t-il. Pour lui, le changement climatique est un combat incontournable. «On a vu les inondations à Touba, c’était impensable. Aujourd’hui, on a le devoir de s’engager parce que ça touche tout le monde. On ne peut pas fermer les yeux», tranche-t-il. Quant à Demba Seydi, directeur des programmes de Cajust, cette collaboration avec le rappeur est une évidence. «Je ne sais pas si c’est Xuman qui nous accompagne ou si c’est nous qui accompagnons Xuman. Mais la vérité est que ce sont deux engagements qui coïncident, trouvent un point de convergence dans cette campagne», assure-t-il. Néanmoins, Demba Seydi reconnaît une faille dans les approches classiques. «Des ateliers, des séminaires, des plaidoyers, on en a fait. Mais le message ne passe toujours pas», déplore-t-il. Et de conclure : «Donc, il fallait se tourner vers ce que produisent les artistes, ce qui est plus fort. Ce sont eux qui feront passer le message. Et nous nous engageons avec Xuman qui nous accompagne sur la partie purement audiovisuelle, mais aussi tous les autres artistes.»
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