Nécrologie – Femme de lettres : Laurence Gavron clôt le roman de sa vie
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Après avoir passé plus de 30 ans au Sénégal, Laurence Gavron, qui a acquis la nationalité sénégalaise, est décédée hier. Elle a consacré l’essentiel de ses activités cinématographiques et littéraires à assurer la promotion de la culture et du patrimoine de ce pays qu’elle aimait tant.
La cinéaste, photographe et femme de lettres franco-sénégalaise, Laurence Gavron, connue pour ses travaux sur la mémoire, est décédée dans la nuit du mercredi au jeudi à l’âge de 68 ans à Paris, des suites d’une longue maladie, a appris l’Aps auprès de sa famille. L’artiste, née à Paris en 1955, a commencé à fréquenter le Sénégal il y a plus de trente ans. Elle y a réalisé des films documentaires, écrit des romans et effectué des travaux photographiques rendant compte d’un attachement à un pays, à ses arts, son histoire et à sa culture. Elle vivait à Dakar depuis 2002 et a acquis la nationalité sénégalaise en 2008. Elle avait en préparation un film sur Alioune Diop, le fondateur de la revue Présence Africaine et de la maison d’édition du même nom.
Le Sénégal et des aspects de la vie des Sénégalais sont au cœur de ses quatre romans : «Marabouts d’ficelle» (La Baleine, 2000), les polars «Boy Dakar» (Le Masque, 2008) et «Hivernage» (Le Masque, 2009) et «Fouta Street» (Le Masque, 2017 – Prix du roman d’aventures 2017).
Au cinéma, la plupart de ses documentaires ont été réalisés au Sénégal, dressant le portrait d’artistes -«Ninki Nanka, le Prince de Colobane», 1991 -portrait du cinéaste Djibril Diop Mambety), «Le Maître de la parole -El Hadj Ndiaga Mbaye, la mémoire du Sénégal», 2004, «Samba Diabaré Samb, le gardien du temple», 2006, «Yandé Codou Sène, Diva Séeréer», 2008. Elle effectue aussi une plongée dans la vie des communautés, réalisant, en 1999, «Naar bi, loin du Liban», sur les Libanais au Sénégal), en 2005, «Saudade à Dakar», sur les Capverdiens établis à Dakar), en 2008, «Assiko !», «Si loin du Vietnam» (2016).
Laurence Gavron est également l’auteure de «Y’a pas de problème ! : fragments de cinémas africains» (1995), «Sur les traces des mangeurs de coquillages» (2000), sur les fouilles archéologiques dans le Sine-Saloum. «Juifs Noirs, les racines de l’olivier» (2015) et «Le Père du marié» (2022) figurent aussi dans sa filmographie. Le long-métrage de fiction «Hivernage», d’après son roman éponyme, n’était pas encore sorti.
Titulaire d’une maîtrise de lettres modernes, option cinéma, en 1977, Laurence Gavron débute sa carrière comme journaliste et critique de cinéma en publiant des articles ou critiques de films pour différents journaux et revues dont «Positif», «Cahiers du cinéma», «Libération» et «Le Monde». Elle a aussi travaillé pour la télévision, comme assistante, journaliste et réalisatrice sur «Cinéma, Cinémas», «Etoiles et Toiles», «Métropolis», «Absolument Cinéma», «Après la sortie»…
Laurence Gavron a débuté la réalisation de films documentaires en 1980 avec le portrait de Eddie Constantine, «Just like Eddie». S’en suivent des courts métrages de fiction, «Fin de soirée», «Il maestro» (1986). Gavron était aussi photographe. Elle a réalisé une série sur la culture du sel à Palmarin, les Peuls dans le Djolof et le Ferlo, le travail du coton au Sénégal oriental. Ces travaux ont fait l’objet d’expositions à Gorée, «Regards sur cours» (2006, 2013), à la mairie de Dakar-Plateau (2006), au Goethe Institut (2007), aux Cours Sainte-Marie de Hann (2007), au Musée de la Femme Henriette-Bathily à Gorée (2007), à l’Institut français de Dakar (2011).
Aps