J’ai critiqué les normes et protocoles sur la prise en charge des urgences cardiovasculaires et la prise en charge des Avc, produits récemment par le ministère de la Santé. Je précise un peu plus ma pensée et redit que ces protocoles sont de la médecine d’urgence adaptée, pour moi de la médecine d’urgence au rabais, et non de la médecine d’urgence contextualisée. Ce n’est pas la même chose.

Oui à une médecine d’urgence contextualisée, digne et exigeante.
Il est temps de dire les choses clairement : on ne sauve pas des vies en appliquant des protocoles mutilés sous prétexte de pénurie. Chaque fois qu’un Avc, un infarctus ou un traumatisme grave est pris en charge avec des moyens insuffisants, chaque fois qu’on banalise l’indigence en la déguisant en pragmatisme, ce sont nos principes éthiques et la dignité de nos patients que nous sacrifions.

Contextualiser la médecine d’urgence, OUI !
Cela signifie adapter nos pratiques aux réalités sociales, culturelles et organisationnelles locales. Cela suppose d’innover, de s’ajuster, de faire preuve d’intelligence et de responsabilité dans un système de santé parfois contraint.
Mais contextualiser ne veut pas dire baisser les exigences.
Ce n’est pas accepter que nos urgences soient gérées sans médicaments de première intention.

Ce n’est pas renoncer à l’imagerie en urgence pour des Avc.
Ce n’est pas former les soignants à demi-mot, ni trier les vies selon les stocks disponibles.

Ce n’est pas une médecine adaptée, c’est une médecine à deux vitesses, une médecine d’urgence dégradée, déshumanisante, inacceptable.
Nos compatriotes ne méritent pas moins de soins parce qu’ils sont nés à Tamba­counda ou à Kédougou.

Ils méritent le même engagement, la même rigueur, la même vigilance que n’importe quel autre patient, où qu’il soit.

Nous devons donc :
Défendre une médecine d’urgence contextualisée mais ambitieuse ;
Refuser toute politique de santé qui institutionnalise le manque comme norme ;
Exiger les moyens humains, matériels et financiers pour traiter chaque urgence avec compétence et dignité.
Dr Boubacar SIGNATÉ