A Dijon et Toulouse, le sentiment dominant pour le scrutin de dimanche est la désillusion. Alassane Niang, un enseignant à Toulouse, se demande si les futurs députés auront une quelconque légitimité : «Quasiment personne n’a reçu de carte d’électeur ici à Toulouse. Et on a appris, du consulat de Lyon, que l’on allait nous communiquer incessamment les dispositions prises pour permettre à tout le monde de pouvoir voter sans problème», dit-il. Jusqu’à hier, les Sénégalais de Toulouse ne savaient pas encore avec quel document ils allaient pouvoir voter.
L’autre inquiétude portait sur leur centre de vote qui était, pour Mme Niang Socé Ndione, «exigu et mal situé par rapport aux lieux d’habitation de la majorité de ses compatriotes». Socé Ndione est l’épouse de Alassane Niang, et ce dernier se présente comme le secrétaire général de l’Entente des Sénégalais de Toulouse, l’une des nombreuses structures qui encadrent les Sénégalais dans la Ville Rose. Mais au-delà de certaines divergences entre elles, ces organisations montrent une certaine unanimité pour fustiger le désordre qui entoure le prochain scrutin. Aliou Mbow, un ingénieur en électronique, s’étonne que «le gouvernement (puisse) faire montre d’un tel amateurisme». Bien qu’affirmant soutenir la politique de Macky Sall, il déclare être «très déçu» et affirme ne pas savoir s’il ira voter ce dimanche. «Pourtant, cette idée de faire élire des représentants de la diaspora, nous l’avons toujours soutenue. Mais ce scrutin désordonné est en train de discréditer l’idée elle-même», soupire-t-il. Le pis pour beaucoup de ces compatriotes établis loin des juridictions consulaires, c’est le sentiment d’être maintenus exprès dans l’ignorance. «Quand on appelle le consulat à Lyon, c’est à peine si les gens prennent le temps de nous parler au téléphone. Une fois, l’un de ces fonctionnaires a eu le toupet de me dire que si je voulais une information, je n’avais qu’à faire le déplacement et me rendre sur place», raconte M. Mbow.
A Dijon également, les frustrations s’expriment moins nettement. Demba Baldé, président de l’Association La Téranga, qui regroupe, selon lui, la majorité des membres de la communauté établie dans cette agglomération, avoue que ses membres et lui sont totalement «perdus».