La répression des récentes manifestations contre le report de la Présidentielle, les morts enregistrés au cours de celles-ci, le traitement réservé aux personnes arrêtées ainsi que le dialogue inclusif annoncé n’échappent pas au regard du Haut-commissariat de l’Onu aux droits humains. Qui fait ses constats et livre ses recommandations aux autorités.Par Mamadou T. DIATTA –

Après la réaction du Secrétaire général de l’Onu, c’est au tour d’un démembrement du système des Nations unies de jeter un regard sur la situation politique au Sénégal, suite au report de la Présidentielle. Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme se dit, en effet, «profondément préoccupé par la situation tendue au Sénégal à la suite de la suspension de l’élection présidentielle prévue pour le 25 février». Demandant au Sénégal de veiller au respect de la longue tradition de démocratie et de respect des droits humains du pays, le Haut-commissariat de l’Onu aux droits de l’Homme s’inquiète beaucoup du fait du «recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestants et de restrictions de l’espace civique».

«Au moins 3 jeunes hommes ont été tués pendant les manifestations et au moins 266 personnes auraient été arrêtées dans tout le pays, y compris des journalistes. Des enquêtes doivent être menées rapidement, de manière approfondie et indépendante, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes», plaide la structure onusienne. Qui milite pour un «traitement équitable» des personnes arrêtées pendant les manifestations.

Tout en invitant les acteurs à s’abstenir de recourir à la force, le Hcdh attend de la part des Fds le respect et la garantie des «droits de l’Homme, de même que les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique».
Le Hcdh plaide aussi auprès du gouvernement pour un «dialogue aussi large que possible», mais de garantir également «une véritable participation des groupes d’opposition, des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés».

Washington et Paris interpellent encore Dakar
Les Etats-Unis suivent aussi de près la situation politique au Sénégal. Une observation et des analyses de la part des Américains qui s’accentuent depuis la décision du Président Macky Sall de reporter l’élection présidentielle. Hier encore, par le biais de leur représentation diplomatique et à travers le réseau social X, Washington demande aux autorités étatiques et aux Forces de défense et de sécurité (Fds) de «respecter les droits des Sénéga-lais». L’ambassade américaine mentionne sur sa page X : «Dans les nations démocratiques comme le Sénégal et les Etats-Unis, les gens ont le droit de se réunir pacifiquement et de s’exprimer librement. Nous exhortons le gouvernement sénégalais et les Forces de l’ordre à respecter pleinement ces droits, et la population sénégalaise à les exercer de manière responsable.»

Le rassemblement que projetait d’organiser, hier, le collectif «Aar sunu élection» a été interdit par le Préfet de Dakar. Les initiateurs de cette manifestation envisagent de tenir un nouveau rassemblement le vendredi 16 février. De son côté, la France aussi maintient sa position par rapport à ce qui se passe actuellement au Sénégal. En visitant le site du ministère français des Affaires étrangères et de l’Europe, on peut lire : «La France réitère son appel aux autorités à organiser l’élection présidentielle le plus rapidement possible, conformément à la Constitution du Sénégal, et à garantir les libertés publiques.» Tout en présentant ses condoléances «aux proches des personnes décédées lors des manifestations de ces derniers jours au Sénégal», la France invite les acteurs politiques sénégalais à «privilégier la voie du dialogue et à préserver la longue tradition démocratique du Sénégal».
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