Ousmane Sonko est-il un Premier ministre avec un poids (dé) mesuré ? Il a des pouvoirs qui équivalent à son poids politique. Pendant ces 100 jours, il a montré qu’il n’était pas logé à la même enseigne que les autres chefs de gouvernement que le Sénégal a eus jusqu’ici. Excepté sans doute Mamadou Dia, parti à la suite d’une crise en 62.Par B. SAKHO – 

Premier ministre, chef de parti… Si le Président Diomaye Faye a démissionné de ses charges politiques au sein du parti Pastef, Ousmane Sonko continue à cumuler ses fonctions. Et il les juxtapose allégrement. Mais, il n’a pas encore réussi à «tuer» l’opposant, qui préfère toujours les scènes enfiévrées où il peut prononcer des mots qui vont garder éveillés ses électeurs. Reclus à la Primature pendant un mois pour opérer une transition politique, Ousmane Sonko donne rendez-vous au «Peuple patriote» au Grand Théâtre le 9 juin : «Je vais gouverner, c’est ça qui les écœure. Je vais marcher sur le tapis rouge quand je veux…», balance Sonko sur l’estrade. Il solde ses comptes avec les médias, certains magistrats, avec sa gouaille de tribun. La foule est aux anges.

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A Colobane, il effectue une deuxième sortie publique pour rassurer les ambulants, victimes de déguerpissement. Au «Market» où l’effervescence ne baisse pas, il prend un bain de boule, affiche son ignorance des mesures prises par l’Etat et les collectivités territoriales. Le Pm ressort de ce traquenard à la fois ragaillardi par la mobilisation et circonspect par l’impact de ces actions dans le futur.

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Au cœur de l’Etat, Ousmane Sonko est un Premier ministre avec toutes les attributions : puissant et débordant d’énergie et d’annonces. Le «serveur» de l’Exécutif est logé à la Primature où il drive les grands dossiers de l’Etat : enquête sur l’occupation du littoral, réexamen des contrats stratégiques, les audits…

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Il n’est pas un complément du Président Faye, il forme un tandem avec lui. Même dans le communiqué du Conseil des ministres, la longueur de sa communication égale son poids dans l’appareil étatique. Car Diomaye délègue à Sonko des «prérogatives présidentielles» pour pouvoir se reposer sur d’autres sujets comme la politique étrangère ? Evidemment, le Président sait que son élection est une opération mathématique obtenue grâce au coefficient politique de son Premier ministre. C’est le point de convergence des deux acteurs, qui restent dans une distribution de rôles dans un scénario que le Sénégal n’a jamais produit : car il y a toujours eu un Président fort, nommant un Premier ministre qui reste dans son ombre. Dans ce duo, Sonko, qui croule sous le poids des charges et a dû nommer 21 «référents» dans son cabinet pour s’alléger, attire toute la lumière…
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