A Thiès, 84 cas de violences basées sur le genre, ont été enregistrés en trois mois, indique Awa Nguer, coordonnatrice du Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (Pasneeg), au cours d’un atelier de formation des para-juristes à Thiès.
«Le phénomène des violences basées sur le genre est très récurrent à Thiès.» C’est le constat de Mme Awa Nguer, coordonnatrice du Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (Pasneeg) du ministère de la Femme, de la famille et de l’enfance. Elle estime : «La Boutique de droit de Thiès a commencé à fonctionner en janvier mais rien que pour le premier trimestre, on n’avait 84 cas alors que la boutique n’était même pas connue.» Elle rappelle, le cas du viol de l’enfant de moins de deux ans qui avait défrayé la chronique dans la Cité du rail. Pour dire, selon elle, «les statistiques de la Cité du rail sont alarmantes». D’où la pertinence de l’organisation de l’atelier de formation de deux jours des relais communautaires, pour les outiller afin qu’ils puissent accompagner la prise en charge des préoccupations des populations en matière de droit pour la protection des droits des femmes et des enfants. En effet, il s’agit de leur permettre de disposer d’outils juridiques liés aux droits humains et aux mécanismes de protection. Egalement, qu’ils puissent accompagner les populations dans la prise en charge de leurs problèmes d’ordre juridique. Aussi et de s’impliquer dans la vulgarisation et la protection des droits des femmes et des enfants. Pour dire, selon Awa Nguer, que le projet Pasneeg lutte contre les discriminations faites aux femmes et les violences basées sur le genre. Et en partenariat avec l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) avec l’appui financier de la Coopération italienne, le projet, selon sa coordonnatrice, a mis en place «des centres d’offres de services juridiques gratuits pour la population particulièrement celle vulnérable communément appelée Boutique de droit. Et aujourd’hui le ministère en est à sa quatrième boutique de droit. Depuis 2012, on y travaille avec l’Ajs. Mais ça ne suffit pas seulement de mettre en place ces structures, il faut des activités d’accompagnement». Des activités qui tournent essentiellement, selon elle, sur la formation des acteurs. Pour cela, fera-t-elle savoir, «nous avons formé récemment à Thiès, les acteurs judiciaires : les magistrats, les avocats, les juges et les officiers de police judiciaire. Aussi les responsables de la communication, à savoir les acteurs des radios communautaires de toute la région. Et aujourd’hui c’est au tour des acteurs communautaires qui ont un rôle important à jouer parce qu’ils sont les acteurs les plus proches de la population. Egalement ils sont les premiers maillons de la chaine de prise en charge». Elle donne l’exemple d’un viol qui se produit dans un quartier : «Les gens s’adressent en général au chef de quartier, à l’imam ou au Badianou Gox. C’est pourquoi nous avons pensé qu’il faut leur doter d’outils pour leur permettre de faire une première assistance et d’orienter les populations si ces cas se présentent vers les structures spécialisées.» Elle termine par souligner que le Pasneeg vise à corriger les disparités de genre. «C’est-à-dire toutes les formes d’inégalités qu’il y a dans nos sociétés entre les hommes et les femmes. Et plus spécifiquement dans ce projet que nous avons avec les boutiques de droit, c’est la lutte contre les violences basées sur le genre : les viols, les violences physiques, les violences conjugales, entres autres violences que nous cherchons à gérer, à minimiser, à lutter et à éradiquer conformément aux engagements pris par l’Etat du Sénégal que ce soit au niveau international comme au niveau africain.» A sa suite, l’adjoint du gouverneur, chargé des Affaires administratives, Mbassa Sène, qui a présidé les travaux, indique que «la question de la violence basée sur le genre est une question préoccupante non seulement à Thiès mais partout au Sénégal». Et au niveau de la région de Thiès, il fera noter que «les autorités administratives, qui n’ont pas attendu ce projet, ont toujours développé des stratégies pour amoindrir ces violences. Et ce projet est venu renforcer cette stratégie. Nous continuons à éradiquer ces violences en faisant également des plaidoyers et des sensibilisations. Et si le contentieux nous dépasse, ce sont les juridictions compétentes qui sont ciblées et dans ce cas, le tribunal d’instance chargé de ces questions va apporter sa contribution». A son avis, c’est seulement avec la sensibilisation que le mal pourra être éradiqué. «Il faut apprendre aux populations les b.a.-ba du droit pour qu’elles puissent avoir des notions. Si cela est fait, elles pourront éviter pas mal de problèmes. Et c’est dans cette dynamique que nous avons jugé utile de nous impliquer avec l’ensemble des acteurs pour jouer notre rôle de stabilisateur et d’autorité pour pouvoir éviter ces violences.»
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