«Macky Sall et son régime sont des incapables. Ils n’ont pas la volonté politique de réduire le coût de la vie. C’est tellement facile que quand nous serons au pouvoir, cela va faire partie des premières mesures que nous allons prendre.» Ousmane Sonko, fort de sa popularité, annonçait sa «solution» pour sortir le Sénégal du trou de la dépendance alimentaire que tous les régimes ont échoué à faire. Une déclaration qui n’a pas manqué de rencontrer la satisfaction des électeurs qui ont fini par lui donner plus de 50 sièges à l’Assemblée nationale.
Le «Projet» est présenté comme l’occasion à tout jamais pour assurer éternellement la souveraineté du pays. Hier, lors de l’annonce de la «réduction du coût de la vie», le «Patriote» en chef a brillé par son absence. Comment comprendre une telle absence pour une décision aussi importante ? La réponse se trouve peut-être dans le contenu de ces mesures. En effet, 15 frs. 15 bons francs ! C’est ce que le gouvernement de Ousmane Sonko a réduit du prix de la baguette de pain de 175 francs. Cette baisse va certainement créer plus de problèmes qu’elle ne devrait en régler. En effet, avec la hausse du prix du pain qui est passé de 150 à 175 francs Cfa, le consommateur était dans un dilemme. Le prix de la portion qui coûtait 50 Cfa a été augmenté à 75 francs et celui de 75 francs est passé à 100 Cfa. La dernière qui valait 100 francs a été supprimée. En appliquant cette nouvelle baisse, les consommateurs et les vendeurs ne sont pas dans la meilleure situation pour répercuter le prix sur les portions. Que vont-ils faire ? Combien vont coûter les différentes portions ?

En attendant d’y trouver une réponse, le Secrétaire général du gouvernement a souligné la volonté politique du nouveau régime en appliquant ces «mesurettes». Pour autant, Mouhamed Al Amine Lô a contredit son Premier ministre. «Nous ne voulons pas de mesures populistes ou à la va-vite. Nous avons eu des échanges avec les acteurs concernés, avec l’objectif de préserver l’outil de production et protéger les consommateurs. Il y a eu des gaps entre ce que le gouvernement voulait et ce que peuvent faire les commerçants et producteurs. Cela a nécessité des conciliations», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que «les marges sont quasi inexistantes. Le régime a hérité d’une situation des finances publiques particulièrement stressée. Il aurait pu être plus facile de dire qu’on ne fait rien. Le gouvernement est allé chercher les niches résiduelles pour lancer les toutes premières mesures de baisse», a-t-il affirmé, tout en rappelant les crises russo-ukrainienne et palestino-israélienne. D’après le Secrétaire général du gouvernement, le Sénégal est une «économie connectée dans un monde avec une économie libérale. Il y a forcément une diffusion des prix extérieurs sur les prix intérieurs». Quand Sonko soulignait l’incapacité de l’ancien régime, ne savait-il pas cela ?
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn